Et s’il y avait encore du potentiel sur les actions suisses?

Anick Baud, Bruellan

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Par le passé, ni des valorisations extrêmes, ni d’importantes performances n’ont été suffisantes pour provoquer une baisse du marché suisse.

Au moment où une année boursière se termine et qu’une autre débute, il est non seulement de coutume de faire un bilan de ce qui vient de se passer, mais également de se risquer à faire quelques pronostics pour les mois à venir. A l’aube de cette nouvelle décennie, on ne déroge pas à la règle et nombreux sont ceux qui envisagent déjà une période de vaches maigres, au motif principal qu’après une année aussi exceptionnelle en termes de performance, il ne reste plus de potentiel haussier pour les actions.    

Il est vrai qu’avec une performance de presque 31% en 2019, l’indice principal des actions suisses (SPI) n’avait plus connu une telle hausse depuis 2005, inscrivant ainsi la quatrième plus importante progression de ses 32 ans d’histoire. Est-ce qu’une progression d’une telle ampleur est suffisante pour provoquer un retournement de tendance et inciter les investisseurs à plus de prudence?

Avant toutes choses, il est important de se souvenir qu’au quatrième trimestre 2018, déjà, le marché suisse, craignant un retour probable de la récession, avait fortement corrigé, perdant en quelques semaines près de 10%. Alors certes, un plus haut historique a bien été atteint à fin décembre 2019 sur l’ensemble des indices suisses (SPI, SMI, SPI Extra), mais si l’on prend comme référence le plus haut de l’année 2018 (10 janvier), alors la hausse du SPI n’est plus de 31% mais seulement de 16%, ce qui permet de relativiser quelque peu la situation.

D’autre part, si l’on regarde en arrière, jamais des valorisations extrêmes, ni d’importantes performances passées n’ont en soi été suffisantes pour provoquer une baisse de la bourse suisse. En 1997 déjà, bien que le SPI ait connu une progression de 55%, cela ne l’a pas empêché de poursuivre sur sa lancée et d’inscrire +15% l’année suivante. Même constat en 2006, où le SPI a affiché une hausse de 21%, malgré une progression de 36% l’année précédente.

Ce qui provoque une baisse durable de marché c’est une anticipation
de récession ou de fort ralentissement du rythme économique.

En ce qui concerne le niveau de valorisation (P/E) et bien que personne ne se risque à dire aujourd’hui que les actions suisses sont bon marché, les niveaux extrêmes de la fin 2017 n’ont pas été atteints. La hausse du marché a en effet pu s’appuyer en partie sur une augmentation des bénéfices des sociétés qui le compose, ce qui est en soit extrêmement rassurant. Pour 2019, les attentes bénéficiaires ont certes été légèrement revues en baisse entre le début et la fin de l’année, mais la croissance est toujours attendue à plus de 8% pour les entreprises suisses, contrairement à l’Europe et aux USA où les attentes ont été massivement revues à la baisse et ne sont attendues plus qu’à +0.6% et +0.7% respectivement. En 2020, les entreprises suisses devraient donc continuer d’afficher des résultats solides puisque les analystes prévoient une appréciation de plus de 9% de leurs bénéfices.

On ne le rappellera jamais assez, ce qui provoque une baisse durable de marché c’est une anticipation de récession ou de fort ralentissement du rythme économique. Or, à ce stade, rien ne nous permet de penser qu’une telle situation est sur le point de se matérialiser. En effet, malgré la récession manufacturière qu’a traversée l’Allemagne, notre principal partenaire commercial, l’économie suisse et ses entreprises ont plutôt bien résisté.

Cela étant dit, reste-t-il du potentiel pour le marché des actions suisses?

Nous pensons que oui. Outre les éléments décrits ci-dessus, une autre constatation nous incite à répondre par l’affirmative. La forte hausse du SPI en 2019 a été le fait d’un nombre restreint de sociétés et plus particulièrement de Nestlé, Roche et Novartis qui sont responsables de plus de la moitié de la progression du SPI. A l’inverse, plus des deux tiers des 210 sociétés qui composent l’indice ont sous-performé et plus particulièrement les petites et moyennes capitalisations. Il reste donc un grand nombre de sociétés, bien gérées et dont le « business model » est solide, qui n’ont pas retrouvé leurs plus hauts de 2018. Peut-être faudra-t-il regarder du côté de celles-ci en 2020!