Depuis plusieurs mois, Novo Nordisk, dont la valeur boursière a dépassé le PIB danois en 2023, et l’Américain Eli Lilly connaissent une croissance fulgurante. A l’origine de cette ascension, les analogues du GLP-11, destinés au traitement du diabète de type 2, qui révolutionnent également le marché de l’anti-obésité. Jusqu’alors limitée aux pays riches, l’obésité est devenue un enjeu mondial, concernant une personne sur huit, et le marché mondial de la perte de poids pourrait générer près de 90 milliards de dollars par an d’ici 20302. Certains investisseurs à impact se mobilisent aux côtés de ces entreprises particulièrement innovantes, et pour l’accès au droit à la santé.
Innovation & Pénuries
Les résultats fulgurants de cette innovation que constituent les analogues du GLP-1 engendrent leur forte popularité, notamment auprès d’une patientèle non-cible, et pour un usage esthétique. Utilisés dans le cadre de l’obésité, lorsque le patient présente au minimum une comorbidité associée au surpoids, ces traitements rendent possible, en quelques mois, une perte de poids d’environ 15% tout en réduisant les risques cardiovasculaires. Pour l’heure, seuls le Saxenda et le Wegovy de Novo Nordisk ainsi que le Mounjaro de Eli Lilly sont approuvés comme traitement de l’obésité par l’institution américaine Food and Drug Administration. Et, bien que validé uniquement pour le traitement du diabète de type 2, l’Ozempic développé par Novo Nordisk est également prescrit dans certains cas dans le cadre de l’obésité.
L’explosion de la demande engendre des pénuries majeures, qui complexifient l’accès de la patientèle cible, notamment atteinte de diabète, à un traitement pourtant vital. La rareté entraînant la cherté, un mois de traitement de Wegovy3, soit quatre injections, pouvait atteindre, début 2024, plus de 1’300 dollars aux Etats-Unis, contre 350 dollars en moyenne en Europe. Une hausse des prix qui favorise la disponibilité auprès de populations aisées, souvent non-cibles.
Un engagement précurseur
Face à cet emballement, risquant de conduire à une crise majeure et à d’importantes répercussions, certains investisseurs à impact s’engagent. Précurseurs, LFDE et LBP AM mènent ainsi conjointement un engagement avec les deux leaders du marché, pour faire évoluer les pratiques au profit des droits humains, notamment ceux de l’accès à la santé et à l’information.
Dans la perspective de pallier la pénurie, et ainsi contribuer plus généralement positivement au droit à la santé, les investissements privés augmentent. Cela permet d’accroître la production et de soutenir la demande. Eli Lilly a par exemple annoncé, en avril dernier, la construction en Allemagne d'un site de production dédié au Mounjaro dans lequel seront investis 2,3 milliards d’euros. Cet investissement renforce la présence en Europe du groupe américain, qui avait déjà investi 160 millions de dollars supplémentaires début 2024 sur son site alsacien. Novo Nordisk connaît un développement similaire. La firme pharmaceutique danoise poursuit son expansion en acquérant de nouveaux sites de production en Belgique, en Italie ou encore aux Etats-Unis.
L’actualité des analogues du GLP-1 questionne plus généralement l’accessibilité des soins de santé. Les fréquentes pénuries rendent difficiles l’accès des patients prioritaires aux traitements les plus efficaces. Enjeux centraux, l’accessibilité géographique et financière, ainsi que la disponibilité des traitements sont des sujets clés de notre stratégie à impact dédiée à l’accès à la santé. Car nous en sommes convaincus, l’innovation soutenue par les investisseurs à impact sera clé dans le domaine de la santé, un secteur en constante mutation.
1 Glucagon-like peptide-1
2 Goldman Sachs et JP Morgan
3 Boursorama, 2024