Dette des marchés émergents: une position (en devise) forte

Omotunde Lawal, Barings

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La performance de l’ensemble des classes d’actifs de la dette des marchés émergents a été mitigée au troisième trimestre.

La baisse des devises émergentes a été alimentée par l’escalade des tensions commerciales sino-américaines, le ralentissement de la croissance du commerce international et la chute des prix du pétrole, qui ont perdu 8,7% sur le trimestre malgré l’attaque du plus grand site de stockage de pétrole de l’Arabie saoudite par des drones. Les performances ont été variables, les monnaies turque et thaïlandaise ayant gagné du terrain tandis que toutes les autres devises locales de référence en perdaient, l’Argentine et le Brésil affichant les plus fortes baisses. L’Argentine en particulier s’est retrouvée à l’avant-plan alors qu’elle entamait un processus de restructuration de sa dette. Le pays s’est trouvé en défaut de paiement technique après la réaction des marchés aux résultats des primaires générales pour l’élection présidentielle, le président Macri subissant un lourd revers face au vainqueur surprise Alberto Fernández et à l’ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner. Fortement influencé par ces événements, le peso argentin a perdu 26% sur le trimestre.

Les marchés émergents suivent l’exemple de la Fed

Les statistiques économiques du FMI pour le second trimestre font ressortir un taux de croissance de 2% à l’échelon mondial, son plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2016. L’inflation mondiale s’affiche à 2% et celle des marchés émergents à 3,8%. Le taux de croissance du commerce mondial a baissé à -4,9%, son plus bas taux depuis le premier trimestre 2016 sous l’effet du ralentissement cyclique de la Chine et du conflit commercial prolongé avec les États-Unis. Suivant l’exemple de la Fed, plusieurs pays ont abaissé leurs taux pendant le trimestre, avec notamment une baisse de 0,5% du taux des réserves obligatoires en Chine, une baisse de 0,25% en Corée du Sud, en Russie, en Thaïlande et au Mexique, et une baisse de 0,35% en Inde.

Les valorisations restent attrayantes et les marchés émergents
continuent d’afficher une croissance mesurée.

D’une manière générale, les valorisations restent attrayantes et les marchés émergents continuent d’afficher une croissance mesurée. Nous sommes néanmoins conscients de la persistance de certains risques, dont notamment les négociations commerciales en cours entre la Chine et les États-Unis, les tensions grandissantes dans le Golfe persique et les fluctuations importantes des marchés de devises, de taux d’intérêt et d’obligations.

  • Opportunités: les actifs en devise forte ainsi que les segments de la dette souveraine et des obligations d’entreprises demeurent les plus attrayants dans le contexte actuel, car ils bénéficient de la baisse attendue des taux et d’une croissance économique toujours solide. Les taux locaux restent également intéressants, car les gouvernements continuent de suivre des programmes de consolidation budgétaire tout en s’efforçant de stimuler leurs économies. Au niveau régional, l’Amérique latine continue d’offrir certaines des opportunités d’investissement les plus attrayantes en termes de profil risque/rendement, et il existe également de la valeur chez certains émetteurs d’Europe de l’Est à rendement élevé en devise forte. Dans l’ensemble, il serait judicieux les pays qui ont la possibilité de s’adapter à un avenir incertain, compte tenu des fluctuations observées dans les matières premières, les taux d’intérêt de référence et la croissance des marchés développés. Sur l’ensemble des marchés émergents, les opportunités les plus intéressantes s’observent en dehors des indices traditionnels. En matière de dette souveraine, par exemple, il existe des opportunités dans des pays comme l’Albanie et la Macédoine.
  • Risques: pour le reste de l’année, les principaux risques continuent à porter sur la politique du commerce des États-Unis et ses répercussions potentielles sur le commerce international, ainsi que sur la montée des tensions au Moyen-Orient. Malgré l’attitude conciliante des banques centrales et les réunions commerciales à venir  entre la Chine et les États-Unis, nous ne voyons pas à l’heure actuelle de catalyseur suffisamment puissant pour provoquer une appréciation générale des devises. Compte tenu de l’effet de la baisse des taux sur les taux de change, et sachant que les pays émergents ont l’habitude de se servir de leur monnaie pour absorber les chocs, notamment en rendant leurs exportations plus compétitives sur les marchés internationaux afin de stimuler leur activité économique, les investisseurs devront faire preuve de discernement dans leurs choix de devises. Par ailleurs, les risques politiques sont actuellement sous-évalués en ce qui concerne les pays du Conseil de coopération du Golfe.

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