De la santé au développement durable

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Plusieurs pans du secteur de la santé sont particulièrement intéressants, notamment les technologies médicales, les thérapies géniques et l'oncologie.

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Les actions ont encore gagné du terrain, la reprise de l'activité économique n'ayant pas encore abouti à un rebond des nouveaux cas de Covid-19. Alors que le S&P 500 est repassé au-dessus des 3000 points, un certain nombre de questions se posent concernant les opportunités et les risques.

Où trouver des opportunités dans le secteur de la santé?

En ce moment, le secteur de la santé est attrayant dans son ensemble, et ce pour plusieurs raisons. Compte tenu de sa nature défensive, il devrait être moins pénalisé par la pandémie que d'autres secteurs. Il devrait également surfer sur des facteurs de long terme tels que le vieillissement démographique. Néanmoins, plusieurs pans du secteur de la santé sont particulièrement intéressants, notamment les technologies médicales, les thérapies géniques et l'oncologie.

La télémédecine a permis aux individus d'accéder à des soins
médicaux courants sans risquer de contracter le virus.

Premièrement, la crise a donné un coup de fouet aux technologies médicales. La télémédecine a permis aux individus d'accéder à des soins médicaux courants sans risquer de contracter le virus, ni accentuer la pression sur le système de santé. Depuis le début de l'épidémie, une plateforme de consultations médicales de premier plan a vu le nombre mensuel de ses utilisateurs actifs bondir de 1000%.

Deuxièmement, les thérapies géniques ne guériront probablement pas les maladies virales telles que le Covid-19. Toutefois, elles peuvent améliorer significativement la prestations de soins de santé, un aspect qui devrait revêtir une grande importance après la crise.

Enfin, s'agissant de l'oncologie, avec l'augmentation de l'espérance de vie, le nombre de nouveaux cas de cancer devrait augmenter plus vite que la population. Or le marché des traitements contre le cancer s'élève aujourd'hui à 150 milliards d’USD et pourrait atteindre près de 250 milliards de dollars d'ici à 2025.

Une deuxième vague épidémique imminente?

De nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés dans certaines provinces chinoises, ce qui a donné lieu au rétablissement des mesures de confinement. Mais, dans l'ensemble, il y a lieu d'être optimiste car la probabilité qu'une deuxième vague aboutisse à un reconfinement général s'amenuise.

Tout d’abord, la levée du confinement dans une bonne partie des pays d'Europe et la mobilité accrue n'ont jusqu'ici pas abouti à une augmentation significative du nombre de nouveaux cas quotidiens. Ce dernier semble s'être stabilisé en Europe et au Royaume-Uni. En outre, l'amélioration du traçage numérique et la multiplication des dépistages pourraient également faciliter l'endiguement du virus. Les données publiées dans les semaines à venir seront cruciales pour évaluer la probabilité et l'ampleur d'une deuxième vague.

Le risque de deuxième vague semble jusqu'ici relativement limité
et la capacité des gouvernements à y faire face s'est améliorée.

Par ailleurs, on observe des progrès dans la mise au point de traitements et de vaccins. Par exemple, il est apparu que le Remdesivir permet de réduire d'environ 31% la durée du séjour des patients atteints du Covid-19 dans les services de soins intensifs. On peut également s'attendre à ce que les grands pays augmentent, si nécessaire, les capacités des services de soins intensifs, ce qui évitera de rétablir un confinement général pour éviter une saturation des établissements de santé. En résumé, le risque de deuxième vague semble jusqu'ici relativement limité et la capacité des gouvernements à y faire face s'est améliorée.

Le S&P 500 a franchi le seuil des 3000 points: faut-il vendre?

Les actions américaines affichent désormais un rebond de plus de 36% depuis leur plancher du 23 mars. Comme toujours, il est recommandé de rester investi car une liquidation des positions peut s'avérer extrêmement coûteuse. Néanmoins, les investisseurs qui souhaitent parer aux risques baissiers doivent absolument maintenir un portefeuille bien diversifié.

Cela implique de conserver un niveau suffisant d'obligations de grande qualité. Toutefois, ces dernières deviennent de plus en plus chères. Il existe cependant d'autres façons de diversifier son portefeuille, comme le recours à des stratégies de gestion active en achetant, par exemple, des parts de hedge funds, de l'or et des TIPS (titres du Trésor américain indexés sur l'inflation), ou encore en mettant en place une allocation d'actifs dynamique.

Est-il trop tard pour entrer sur le marché?

Des investisseurs attendent peut-être d'y voir plus clair pour passer à l'action étant donné l'incertitude créée par la crise. Néanmoins, attendre que tous les voyants soient au vert peut revenir très cher. Certains investisseurs restés à l'écart des marchés redoutent de faire leur entrée au mauvais moment. Pour ces derniers, effectuer des achats échelonnés afin de constituer des positions à long terme est une approche intéressante sur les marchés d'actions. Elle peut leur permettre de déployer du capital tout en lissant l'impact des fluctuations à court terme.

Les gouvernements de plusieurs pays ont appelé à une «relance verte»,
ce qui suggère un durcissement de la réglementation environnementale.

Les investisseurs qui ont la possibilité de recourir aux options peuvent également conjuguer cette approche avec la vente d'options put pour obtenir un rendement plus élevé. Cette stratégie permet aussi de se positionner au cas où des achats à très bon compte se présenteraient.

Le développement durable pénalisé par la crise du Covid-19?

Le développement durable a essuyé quelques revers, notamment avec le recours accru aux produits jetables pour des raisons d'hygiène. Néanmoins, du point de vue d'un investisseur, les portefeuilles durables ont bien résisté à la correction des marchés induite par la pandémie du Covid-19. Les capitaux ont afflué vers les investissements durables. En outre, les gouvernements de plusieurs pays ont appelé à une «relance verte», ce qui suggère un durcissement de la réglementation environnementale dans les années à venir.

Dans le futur, les investisseurs continueront certainement de mettre l'accent sur les enjeux ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). La dimension sociale revêtira une grande importance et les opportunités dans le domaine de l'environnement resteront sous les feux des projecteurs. Par conséquent, il y a certainement de nombreuses opportunités à saisir dans le développement durable et les investisseurs feraient bien de s'y exposer.

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