Démystifier le co-investissement

David Maréchal, Pictet Asset Management

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Au cours des deux dernières décennies, les fonds de co-investissement ont levé plus de 175 milliards de dollars et nous nous attendons à ce qu'ils continuent à se développer.

Le marché du capital-investissement, ou private equity, divise les opinions. Pour ses partisans, il offre des perspectives de rendements plus élevés et des avantages en termes de diversification. Ses détracteurs, quant à eux, soulignent le revers de ces avantages: ils évoquent les frais, la transparence et le temps nécessaire pour que l'argent soit déployé et que les bénéfices se matérialisent.

Il existe toutefois un segment du capital-investissement où ces aspects ne pèsent pas aussi lourd: les co-investissements. Grâce à cette structure, les fonds de capital-investissement, appelés general partners, offrent aux investisseurs, les limited partners, la possibilité d'investir directement à leurs côtés dans des transactions spécifiques.

Au cours des deux dernières décennies, les fonds de co-investissement ont levé plus de 175 milliards de dollars et nous nous attendons à ce que les co-investissements continuent à se développer.

Pour les general partners, l'un des avantages du co-investissement est la possibilité d'investir dans des entreprises qu'ils considèrent attrayantes, mais dont la taille serait trop importante relative à celle de leur fonds. En effet, les general partners sont souvent soumis à des limites de concentration, qui réduisent leurs marges de manœuvre quant au montant de capital qu'ils peuvent eux-mêmes allouer dans une seule et même entreprise.

De toute évidence, il s'agit d'une approche ascendante et opportuniste, mais la richesse des débouchés offre des perspectives de diversification des portefeuilles à travers les régions et les secteurs. 

Pour les limited partners, l'un des principaux avantages du co-investissement est l'accès direct à des sociétés non cotées de grande qualité. Plutôt que d'investir dans des centaines d'entreprises sous-jacentes par l'intermédiaire d'un fonds de fonds, une stratégie de co-investissement est beaucoup plus ciblée, comptant généralement entre 25 et 30 entreprises, tout en conservant une diversification adéquate entre les general partners, les régions géographiques et les secteurs d'activité.

Un autre avantage réside dans la rapidité avec laquelle les co-investissements sont déployés, généralement sur deux ou trois ans, par rapport aux fonds de fonds de capital-investissement traditionnels, qui peuvent mettre jusqu’à six ou sept ans pour déployer la totalité du capital. Un déploiement plus rapide peut contribuer à réduire l’effet de la «courbe en J»,  un terme couramment utilisé dans le capital-investissement pour décrire la tendance des investissements à enregistrer des performances négatives les premières années avant de générer des gains. Un enseignement tiré de nos trente années d’expérience dans le co-investissement chez Pictet. 

En fin de compte, le rendement net est stimulé par le fait que les general partners proposent souvent des co-investissements exempts des frais de gestion et des commissions de performance. Un atout important dans une classe d'actifs réputée pour ses frais élevés.

De toute évidence, il s'agit d'une approche ascendante et opportuniste, mais la richesse des débouchés offre des perspectives de diversification des portefeuilles à travers les régions et les secteurs. Sur le plan géographique, les opportunités les plus intéressantes se trouvent en Amérique du Nord, en Europe et, dans une moindre mesure mais avec une importance grandissante, en Asie, notamment en Chine. Au niveau sectoriel, nous voyons un fort potentiel dans les services, la santé, la technologie et la consommation, notamment dans les domaines de la consommation durable et de l'économie circulaire. Les investisseurs en private equity sont également bien placés pour tirer parti de la transition verte, en investissant dans des entreprises qui contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et des polluants, ainsi que dans celles qui développent des technologies innovantes.

Les entreprises ayant peu d'actifs sont à privilégier, car elles sont plus souples et plus agiles que celles qui nécessitent des de dépenses élevées en capital. Il est également important de sélectionner des entreprises leaders sur leur marché, bénéficiant d'un pouvoir de fixation des prix, en particulier dans le contexte inflationniste actuel.

Il est également important de diversifier à travers les différentes stratégies de capital-investissement, en combinant des investissements moins risqués telles que le buyout – ciblant des entreprises plus matures aux flux de trésorerie positifs, souvent leaders dans leur domaine - avec du capital risque (venture capital) ou du capital de croissance (growth), qui ciblent davantage des jeunes entreprises plus récentes, dont les produits n'ont pas encore fait leurs preuves.

Dans l'ensemble, nous pensons que les co-investissements représentent un complément attrayant et opportuniste à un portefeuille diversifié, aux cotés d’autres investissement dans le capital-investissement.

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