Croissance, liquidité et sentiment: piliers des obligations émergentes

Warren Hyland, Muzinich & Co

2 minutes de lecture

L’intérêt pour les obligations des marchés émergents est de retour.

Nous sommes à l’aube de ce qui pourrait être une nouvelle thématique COVID-19; avec la grippe saisonnière qui se profile à l’horizon, une rotation s’est effectuée entre les hémisphères sud et nord.

Les marchés émergents ont subi des sorties de capitaux après le début de la crise du COVID-19 ainsi qu’une reprise plus tardive, mais les capitaux ont commencé à faire leur retour depuis mi-septembre. Les trois variables clés se sont améliorées – la croissance, la liquidité et le sentiment.

Une part importante de la croissance en provenance de Chine

La Chine est un moteur essentiel de l’économie et sa croissance pointe vers des niveaux supérieurs à l’avant COVID. Si cette tendance se poursuit, la Chine représentera à notre avis une part importante de la croissance mondiale en 2021. Les répercussions seront positives aussi bien pour le reste de la région asiatique que pour les matières premières. La croissance devrait bénéficier en priorité aux pays émergents, étant donné qu’ils sont généralement davantage orientés vers la production manufacturière, que les marchés développés, dominés par des secteurs de service en difficulté.

Ce que les Etats-Unis achètent, les marchés émergents le produisent.

Nous avons également constaté un soutien énorme de la part des banques centrales et des gouvernements. Les marchés émergents tirent généralement bien leur épingle du jeu dans un environnement d’importantes réserves de liquidités.

Après la victoire de Joe Biden aux élections américaines, nous avons l’espoir que les tensions commerciales avec ces régions diminuent par rapport à celles qui ont prévalu au cours de ces dernières années et que l’augmentation des dépenses budgétaires améliorera le sentiment des affaires. Ce que les Etats-Unis achètent, les marchés émergents le produisent. 

Les obligations d’entreprises plutôt que les dettes souveraines

L’augmentation du niveau d’endettement est une conséquence naturelle de la crise du COVID-19, les dettes se substituant aux fonds de roulement et aux pertes de revenus. Les emprunts et les dépenses budgétaires de ces pays sont généralement largement inférieurs à ceux des économies occidentales. Nous demeurons toutefois prudents avec les pays dont la monnaie est liée à une devise de référence et qui disposent de faibles réserves de change. Nous préférons la dette d’entreprise aux emprunts d’Etat, car nous nous attendons à ce que l’endettement des entreprises diminue l’année prochaine avec la normalisation des revenus.

Actuellement, le taux de défauts dans les marchés
émergents est moins élevé qu’aux Etats-Unis.

En ce qui concerne la soutenabilité de la dette, la croissance nominale pour 2021 sera vraisemblablement plus élevée que le coût de financement, nous ne sommes donc pas inquiets de leur niveau global. Il sera nécessaire d’observer plus particulièrement les actions des agences de notation et la communication des gouvernements en ce qui concerne leur volonté à payer. Au niveau des notations, tout semble demeurer stable pour l’instant. Mais si la croissance venait à décevoir au premier semestre (ce qui n’est pas notre scénario de base), des abaissements pourraient suivre. Quelques Etats souverains ont annoncé leur intention de ne pas payer leurs dettes, ceux-ci sont bien identifiés. 

Actuellement, le taux de défauts dans les marchés émergents est moins élevé qu’aux Etats-Unis. Les émetteurs ayant fait défaut sont ceux que l’on attendait, les événements du premier semestre ayant accéléré leur déclin.  Il n’y a pas beaucoup de surprise en ce qui concerne les défauts, excepté ceux au sein du transport aérien. Les difficultés se normalisent dans les marchés émergents, à un niveau à peine supérieur à la moyenne historique. Si nous prenons comme hypothèse que le taux de défaut sera identique en 2021, nous voyons une compression potentielle des spreads en cours de l’année, ce qui tend à valider les investissements dans la classe d’actif.

La sélection des secteurs et des entreprises est clé

Sur le long terme, il faut s’attendre à ce qu’une «vague hivernale» de COVID-19 affecte l’hémisphère nord, ralentissant par là même occasion la croissance et affecte en premier lieu le secteur des services. Une part essentielle de notre positionnement se base sur l’hypothèse que le soutien des banques centrales survivra au COVID-19, de sorte qu’il serait extrêmement dommageable que les mesures fiscales soient resserrées avant un relâchement de la propagation du COVID-19. Dès lors, une sélection granulaire des émetteurs au sein d’économies-clés est primordiale au cours des prochains mois.

A lire aussi...