Croissance à plusieurs vitesses et dynamiques divergentes

Communiqué, Amundi

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«Les banques centrales devront soigneusement évaluer leur position et leur communication. Leurs décisions pourraient ne pas être synchronisées», explique Monica Defend, directrice d'Amundi Investment Institute.
  • La croissance mondiale devrait atteindre 3,1 % en 2024 et 3,0 % en 2025.  Les niveaux d’'inflation devraient se normaliser en 2025, ce qui devrait permettre aux principales banques centrales de procéder à des baisses de taux mais à des rythmes différents.  Une reprise de l’inflation à la suite des élections américaines constitue toutefois un risque auquel les investisseurs doivent rester attentifs.
  • Le risque géopolitique augmentera dans les années à venir, en particulier s’agissant des relations sino-américaines.  L'Europe devra réexaminer son approche vis-à-vis de la Chine pour davantage répondre à ses propres priorités stratégiques dans les domaines de la défense, de la transition énergétique et pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement.
  • Les investisseurs ont des opportunités historiques à saisir dans les marchés obligataires et devraient élargir leur univers d’investissement au sein des actions et des actifs émergents.  Les matières premières et les actifs réels et alternatifs peuvent permettre de répondre à une logique de diversification tout en améliorant le profil risque-rendement des portefeuilles.

Amundi prévoit une croissance à plusieurs vitesses au second semestre 2024, marquée par une tendance lente et inégale à la désinflation et avec des dynamiques divergentes.  Le risque géopolitique est élevé, orienté à la hausse, et l’intensification de facteurs affectant les échanges commerciaux soutient les prix des matières premières.

Vincent Mortier, Group CIO d'Amundi, a déclaré: «Le contexte économique soutient les bénéfices des entreprises et les classes d’actifs risqués, mais les prix intègrent déjà l'essentiel du potentiel de hausse et les catalyseurs de gains supplémentaires sont peu évidents.  La transition vers la prochaine phase du cycle est soumise à de nombreuses incertitudes et, face à cela, nous privilégions les actions de haute qualité, une duration positive et les matières premières pour se protéger contre le risque d'inflation.»

Monica Defend, directrice d'Amundi Investment Institute, a ajouté: «Dans un contexte d’inflation persistante bien qu’en recul et de croissance à plusieurs vitesses, les banques centrales devront soigneusement évaluer leur position et leur communication.  Leurs décisions pourraient ne pas être synchronisées, mais les divergences devraient rester limitées».

SCÉNARIO CENTRAL: FIN DE CYCLE AVEC UNE CROISSANCE MODÉRÉE ET UNE NORMALISATION DE L’INFLATION

Bien que les perspectives économiques mondiales apparaissent de plus en plus fragmentées, nous estimons que les politiques monétaires restrictives et l’atténuation des politiques d'expansion budgétaire freinent l'inflation et la croissance, sans déclencher de récession dans les principales zones économiques.

Nous prévoyons une légère décélération de la croissance mondiale à 3,1% en 2024 et 3,0% en 2025, contre 3,2% en 2023. L'économie américaine devrait ralentir (2,3% en 2024 et 1,7% en 2025) tandis que la zone euro est sur la voie de la reprise (0,8% et 1,2%). Les marchés développés resteront globalement stables (1,5% en 2024 et en 2025) et les marchés émergents résilients dans l’ensemble (4,2% et 4,0%). L'Inde conservera une croissance forte (6,6% et 6,2%) et la Chine devrait parvenir à contrôler son ralentissement (4,8% et 3,7%). Les élections en France et au Royaume-Uni n’ont pas modifié nos prévisions de croissance pour ces pays pour le moment. Nous prévoyons une reprise économique progressive dans les deux cas (0,9% pour 2024 et 1,3% pour 2025 pour la France / 0,8% pour 2024 et 1,3% pour 2025 pour le Royaume-Uni).
L'inflation persiste davantage que prévu mais son recul devrait se poursuivre en 2025 en direction des objectifs des banques centrales. Cela permettra aux principales banques centrales de procéder, à des rythmes différents, à un nouveau cycle de baisse de taux afin d'éviter un ralentissement excessif des économies. Les fondamentaux économiques soutiennent la poursuite de l'assouplissement monétaire dans la plupart des pays émergents, à condition que la Fed ne relève pas ses taux. Dans notre scénario central, celle-ci devrait amorce la réduction de ses taux d'ici septembre 2024. Un scénario moins probable mais plus défavorable serait celui d’une poussée de l’inflation à la suite des élections américaines.

Le risque géopolitique devrait augmenter au cours des années à venir, avec une intensification de phénomènes tels que le protectionnisme, les sanctions, les droits de douane, les contrôles à l'exportation et donc des guerres commerciales. L'issue des élections américaines sera déterminante car la politique étrangère des États-Unis différerait sensiblement sous une présidence Biden ou Trump. En tout état de cause, il est probable que la confrontation États-Unis/Chine s'intensifie et l'Europe devra revoir son approche vis-à-vis de la Chine pour répondre davantage à ses propres priorités dans les domaines de la défense, de la transition énergétique ainsi que pour sécuriser ses chaînes d’approvisionnement.

QUELLES IMPLICATIONS EN MATIÈRE D'INVESTISSEMENT ? UNE ALLOCATION QUI DOIT ETRE DYNAMIQUE ALORS QUE LA FIN DU CYCLE EST AMORCÉE

La transition vers une nouvelle phase économique nécessite une allocation d'actifs résistant à différents scénarios, et qui permet à la fois de saisir les opportunités qu’offrent la dynamique favorable des bénéfices et l’attractivité des rendements obligataires, mais aussi de parer à l'incertitude élevée concernant la croissance, l'inflation et les risques géopolitiques.

Pour les investisseurs, cela implique de favoriser raisonnablement les marchés actions, de se positionner avec une duration longue et d’aller chercher des sources de diversification supplémentaires. Ils doivent également évaluer les risques géopolitiques et idiosyncratiques et repérer des entreprises qui contribueront à la transition énergétique dans les marchés développés comme émergents.

Dans l'ensemble, nous privilégions les actions de haute qualité, maintenons une duration positive et considérons les matières premières comme une bonne protection contre l’inflation.  Nous sommes neutres sur la Chine et regardons les opportunités dans les pays émergents, avec des potentiels de croissance structurelle notamment en Inde, en Indonésie ou en Corée du Sud. Dans les économies avancées, nous privilégions les segments qui peuvent bénéficier de la reprise économique tout en étant accessibles à des prix raisonnables et nous restons attentifs pour éviter le risque lié à une surconcentration. Les grands indices pondérés en fonction de la capitalisation devraient évoluer dans une fourchette étroite (-5% à +5%) durant le second semestre, avant d’entamer une séquence plus volatile.

  • Actions: éviter le risque de concentration en privilégiant la qualité et en étant attentif aux niveaux de valorisation. Les opportunités sont nombreuses dans les actions américaines de qualité et «value», ainsi que dans les actions internationales. Les petites capitalisations européennes doivent être considérées car elles peuvent profiter de la reprise du cycle économique et présenter des niveaux de valorisations attrayants. En ce qui concerne les secteurs, notre position est équilibrée entre les valeurs défensives et les valeurs cycliques situées au bas de fourchette. Nous sommes plus positifs sur les valeurs financières et industrielles, les services de communication et la santé.
  • Les actions émergentes peuvent présenter des opportunités intéressantes et des valorisations relativement plus attrayantes que les actions américaines. Nous privilégions l'Amérique latine et l'Asie, avec un accent sur l'Inde en raison de la solidité de sa croissance et de sa trajectoire de transformation.
  • Obligations: saisir les opportunités historiques et se préparer à une pentification structurelle. La volatilité demeurant élevée dans cette phase de désinflation, nous privilégions les obligations d'État et le crédit de qualité. Les obligations des pays émergents bénéficieront de l'assouplissement de la Fed et les obligations en monnaies locales deviendront attrayantes à mesure que le dollar américain s'affaiblira.
  • Diversification: les matières premières et les actifs réels et alternatifs, y compris les fonds spéculatifs, amélioreront le profil risque-rendement des portefeuilles. Les matières premières, notamment les métaux, sont de plus en plus exposées aux évènements géopolitiques et à des thématiques structurelles telle que la transition énergétique. La dynamique de l’offre et de la demande pèsera sur le pétrole, que nous prévoyons à 80 dollars le baril au cours des 12 prochains mois. La diversification par rapport au dollar devrait continuer de soutenir le cours de l'or, que nous attendons à 2500 dollars l’once. 
  • Devises: malgré le manque d’alternatives à court terme, nous prévoyons un affaiblissement du dollar à mesure que la croissance américaine ralentit et que la Fed assouplit sa politique monétaire. L’euro et la livre sterling devraient à l’inverse gagner en vigueur. Dans les marchés émergents, nous privilégions les devises à très haut rendement, telles que les monnaies brésilienne, mexicaine, péruvienne, indonésienne et indienne.

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