Crise du Covid, un sprint transformé en marathon

Olivier de Berranger, La Financière de l'Echiquier

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Les stigmates de ce défi resteront marqués plusieurs années, tant sur le front sanitaire qu’économique.

Plus de 6 mois après l’apparition des premiers cas de Covid-19 en Chine, la course contre le virus qui avait débuté comme une épreuve de sprint s’est peu à peu muée en épreuve de fond. Les stigmates de ce défi resteront marqués plusieurs années, tant sur le front sanitaire qu’économique.

Sur le plan sanitaire d’abord, si les pays européens semblent avoir réussi à maîtriser les premières difficultés en écrêtant la première vague, puis en la faisant refluer grâce au confinement, le constat est différent dans le reste du monde. Après avoir atteint, en avril, un plateau de quelque 80'000 cas, le nombre de cas quotidiens confirmés ne cesse de croître dans le monde depuis début mai. Il s’établit aujourd’hui autour de 140'000 nouveaux cas par jour. Si ces nouvelles contaminations se déclarent essentiellement dans les pays émergents - Brésil, Inde, Chili, Indonésie - un pays développé fait figure d’exception: les Etats-Unis. Stables depuis 2 mois, les contaminations oscillent à présent autour de 25'000 cas quotidiens. Une conclusion s’impose: bien qu’elles soient économiquement onéreuses, les recommandations de l’OMS - «trouver, tester, isoler, soigner» - publiées dès mars, s'avèrent efficaces. Les pays qui les ont prises à la légère (Etats-Unis, Brésil) ou tardivement (Royaume-Uni, Suède) en payent aujourd’hui le prix fort sur le plan sanitaire.

Après avoir été sévèrement entamée au début de la crise, la confiance
se renforce pour les consommateurs que pour les entreprises.

Si les marchés financiers ont utilisé l’évolution de la pandémie comme boussole jusqu’à fin mars, cela n’est plus le cas. A défaut d’avoir réussi à endiguer la course folle de la pandémie à l’échelle mondiale, les gouvernements et les banques centrales ont fait usage d’un efficace cocktail de dopants que n’aurait pas refuser un cycliste à la fin des années 1990: injection de liquidités monétaires, soutien massif au chômage partiel, allègements d’impôts ou encore prêts garantis. Les effets en sont déjà tangibles. Depuis quelques semaines, les économistes sont pris à revers par des statistiques meilleures que leurs anticipations. En France, l’INSEE a par exemple revu à la baisse l’ampleur de la récession au quatrième trimestre: -17% annualisés contre -20% pour sa précédente estimation. Les consommateurs européens et américains ont également positivement surpris en réalisant, dès le mois de mai, des achats plus importants qu’attendus. Comme pour les épreuves sportives, la confiance est au moins aussi importante que les capacités physiques. Après avoir été sévèrement entamée au début de la crise, la confiance se renforce à présent aussi bien pour les consommateurs que pour les entreprises. Un paramètre clé pour l'accélération de la reprise que les marchés financiers ont bien saisi.

Certes, la suite du parcours sera encore sinueuse et heurtée, mais le cocktail de dopants injectés à l’économie mondiale continue de produire des effets tant sur le plan physiologique que psychique. Les marchés ne peuvent qu’en saluer les effets à court terme. A plus long terme, ce sera probablement contre les effets secondaires du traitement qu'il faudra lutter, l'augmentation structurelle du chômage et la montée des inégalités. Nul doute que les Docteurs Powell, Lagarde, Macron, Merkel et consorts testeront de nouveaux traitements face à ce défi inédit.

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