Crise du coronavirus: la responsabilité de la gestion d’actifs

Markus Fuchs, SFAMA

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C’est précisément en période de crise qu’il est essentiel que le secteur des fonds et de la gestion d’actifs démontre de manière crédible qu’il prend en compte les tendances ESG.

Le blocage généralisé de l’économie place la Suisse devant d’importants défis, avec la menace de la plus forte récession depuis des décennies. La grande majorité de la population et également la plupart des associations de branches ont accepté les décisions du gouvernement et ont demandé au Parlement de se rassembler également derrière ces mesures d’urgence. Naturellement, il est désormais temps de sortir de ce cercle vicieux. Cela ne peut réussir que si la politique, l’économie, la science et la société travaillent main dans la main. 

En tant qu’association du secteur suisse de la gestion d’actifs, nous n’avons qu’une «légitimité» limitée pour exiger un plan de mesures de politique économique pour la phase de «normalité restreinte» qui commence et sera probablement amenée à durer. 

Mais pour nous aussi, l’objectif premier doit être d’empêcher un nouveau confinement partiel. Il s’agit ici de maintenir les coûts économiques à un niveau aussi faible que possible sans surcharger le secteur de la santé ni mettre en danger la population. Les entreprises de toutes les branches doivent être soutenues pour redevenir pleinement «actives» de façon progressive et contrôlée, mais aussi rapidement que possible.

Quelles sont maintenant les conséquences pour la gestion d’actifs, en particulier pour le segment durable et l’intégration des critères de durabilité dans le processus de placement? La vraie réponse est que la crise du coronavirus n’a pas de répercussions directes sur ces processus. Toutefois, il convient de noter que, dans les prochains mois, la question politique qui reviendra de plus en plus portera sur la répartition de moyens publics limités entre les domaines de la gestion de la crise du coronavirus, d’une part, et la protection de l’environnement ou le changement climatique, d’autre part. Un combat politique pourrait avoir lieu concernant les moyens publics consacrés aux thèmes ESG. Il faut s’attendre à un report, au moins provisoire, du «E» vers le «S». 

Les cyniques pourraient répliquer que, pour le secteur de la gestion d’actifs, cela ne fait finalement aucune différence si les montants disponibles à des fins d’investissement vont dans l’un ou l’autre des critères. En revanche, en déduire en termes de marketing pour le secteur qu’il suffit de ne plus seulement insister sur notre action positive sur le climat, mais aussi sur notre importante contribution pour remettre l’économie réelle en état, et lancer les fonds correspondants, serait une vision à court terme plutôt que durable. 

C’est précisément en période de crise qu’il est essentiel que le secteur des fonds et de la gestion d’actifs démontre de manière crédible qu’il prend en compte les tendances écologiques, sociales et sociopolitiques, car c’est seulement ainsi qu’il pourra apporter une contribution économique significative et surtout «durable». Celle-ci doit en outre être communiquée de façon transparente et ne doit pas se concentrer exclusivement sur les tendances à court terme.

La transparence et la comparabilité dans le domaine de la durabilité, aussi bien pour les critères environnementaux, sociaux que de gouvernance, sont de plus en plus importantes. La définition de la «durabilité» dans la gestion de fortune, la mise en œuvre des stratégies ESG et l’«impact» visé avec les placements durables doivent être clairs pour les investisseurs. La transparence nécessite évidemment aussi de disposer de données de bonne qualité. 

Les asset managers proposent des solutions de placement aux investisseurs institutionnels, assurent les revenus nécessaires aux caisses de pension et financent l’économie réelle. L’horizon de placement est à long terme, c’est pourquoi les investissements durables sont essentiels. 

Les marchés financiers et donc la gestion d’actifs portent une grande responsabilité dans le domaine de la prévoyance et dans la lutte contre le changement climatique. Répondre à ces attentes représente un défi, mais aussi une opportunité pour la branche, que ce soit avant ou après la crise du coronavirus.

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