COVID-19: les scénarios du pire ne se sont pas vérifiés

Yves Hulmann

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Pour August Benz, vice-directeur de l’ASB, le prochain défi pour la place financière suisse est celui de l’accès au marché européen.

Ni la pandémie de COVID-19, ni les taux négatifs n’ont réussi à entamer la confiance de l’Association suisse des banquiers (ASB) qui a présenté mardi son dernier baromètre bancaire. Parmi les principaux chiffres clés qui ressortent du Baromètre bancaire 2020, les 246 banques répertoriées en Suisse à fin 2019, soit deux de moins que l’an précédant, ont vu leur résultat consolidé s’améliorer de 1,1% sur un an pour s’établir 66,1 milliards de francs. Le bénéfice brut généré par l’activité bancaire a atteint 23,2 milliards, en hausse de 4,5%. En revanche, les résultats nets agrégés ont fondu à 0,8 milliard, contre 11,5 milliards un an plus tôt. Les bilans des banques suisses totalisaient à la fin de l'année près de 3’318 milliards de francs (+2,9%), dont 1’213,8 milliards d'encours de crédit (+3,3%).

Les volumes hypothécaires continuent de croître

Représentant près du tiers des actifs des banques, les créances hypothécaires ont continué de croître à 1’042,6 milliards de francs à fin 2019, soit une hausse de 3,2% sur un an. Elles ont encore crû à 1’053,8 milliards à fin juin dernier. Les taux hypothécaires moyens à l’intérieur du pays ont, eux, reculé à 1,37%, contre 1,45% un an plus tôt. Point à relever: la part des non banques dans les affaires hypothécaires helvétiques a atteint 5,6%. Si cette part reste modeste, il faut s’attendre à un rôle croissant des acteurs non bancaires sur le marché hypothécaire, anticipe Martin Hess, responsable de la politique économique à l’ASB. 

La Suisse reste le leader mondial de la gestion de fortune
transfrontalière avec une part de marché d’environ 25%.

Les actifs sous gestion ont, eux, bondi de 14% sur un an pour atteindre 7’893,4 milliards de francs, portés notamment par l’évolution favorable des marchés d’actions l’an dernier. Parmi les quelques 3’700 milliards de francs de fortune appartenant à des privés, environ 2’300 milliards de francs se rapportaient à des clients transfrontaliers. Dans le domaine de la gestion de fortune transfrontalière, la Suisse reste le leader mondial avec une part de marché d’environ 25%, souligne l’ASB.

Trois banques sur quatre prévoient des effectifs stables

Du côté des effectifs, la branche comptait 89’531 postes à temps plein sur le territoire national, soit 1’129 emplois de moins qu’un an plus tôt (-1,2% sur un an). Au premier semestre, les effectifs ont connu un léger rebond, probablement en raison de la hausse des dossiers en lien à traiter en lien avec la crise du COVID-19. A fin décembre 2019, le taux de sans-emplois dans le secteur bancaire atteignait 2,5%, soit un peu plus que dans le reste de l’économie. Avec un taux de chômage de 3,2% à fin juin, il se situait au même niveau que dans les autres branches de l’économie. Pour les prochains mois, les trois quarts des établissements interrogés anticipent une situation inchangée de l’emploi durant le second semestre, tandis que seulement un huitième des sondés prévoient d’augmenter leurs effectifs.

Prêts COVID: les montants utilisés sont en-deçà des plafonds autorisés.

A fin juillet 2020, le volume des crédits octroyés dans le cadre du programme de crédits accordés aux PME garantis par la Confédération a totalisé 16,8 milliards de francs, soit un montant inférieur au plafond de 20 milliards mis à disposition initialement en mars dernier, rehaussé à 40 milliards dans un second temps. Compte tenu de la détérioration de la situation attendue dans certains secteurs comme l’hôtellerie ou le tourisme, faudrait-il déjà envisager une prolongation du délai de remboursement limité à cinq ans? Prudent à ce sujet, Thomas Rühl, responsable de l’analyse sectorielle à l’ASB, estime qu’un délai de cinq ans devrait être suffisant pour rembourser ces prêts, même si des faillites seront inévitables également. «Nous nous sommes préparés au pire mais la situation n’est pas aussi sombre qu’envisagée ce printemps», a-t-il mis en perspective.

En faveur de l’accord-cadre avec l’UE

S’agissant des conditions-cadres, August Benz, vice-directeur de l’ASB, a insisté sur l’importance pour la place financière suisse d’avoir accès au marché de l’Union européenne (UE). Revenant sur le sujet, largement débattu depuis le dernier week-end de votation, des futures relations de la Suisse avec l’UE, le vice-directeur de l’ASB a réaffirmé le soutien de l’association à un accord institutionnel avec l’UE.

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