DeepSeek ébranle la big tech américaine
Pour être à l’avant-garde du marché de l’IA, il faut investir beaucoup d’argent. Mais aujourd’hui, la start-up chinoise DeepSeek a prouvé le contraire avec son nouvel assistant IA, qui rivalise avec la concurrence américaine car il est moins cher à développer et apparemment à même d’utiliser des puces informatiques dotées d’une puissance de calcul moindre. L’IA alternative issue de l’Empire du Milieu devance ainsi les géants technologiques occidentaux, dont les valorisations astronomiques n’inspirent pas confiance aux investisseurs, se méfiant du rallye boursier qui dure depuis des mois. Cela a fortement pesé sur de nombreuses valeurs tech en début de semaine. Les valeurs du fabricant de puces Nvidia ont fléchi de plus de 17%, annihilant une plus-value boursière de près d’USD 600 milliards mais au fil de la semaine, les cours se sont un peu remis du choc.
Tout n’est pas rose dans le secteur technologique américain, comme le démontrent les premiers résultats parmi les «Sept Magnifiques». Microsoft et Meta ont certes enregistré une forte hausse de leur chiffre d’affaires et bénéfice mais le géant du logiciel n’a pas atteint les attentes en termes de croissance dans le segment du cloud, et la maison mère de Facebook a déçu avec ses perspectives pour le trimestre en cours. Tesla n’était pas non plus convaincant, malgré un bénéfice plus élevé. Petite lueur d’espoir: le constructeur de voitures électriques veut lancer un modèle d’entrée de gamme moins cher avant la fin du premier semestre 2025.
La Bourse suisse à un niveau record
Dans ce contexte turbulent, le SPI a profité de sa part relativement faible de valeurs technologiques alors que les poids lourds défensifs de l’indice ont roulé les mécaniques. Par la suite, le marché boursier helvète a atteint un plafond historique à 16’769 points. Logitech y a également contribué. Le fabricant d’accessoires informatiques a enregistré une hausse surprenante de son chiffre d’affaires et bénéfice pendant le trimestre de Noël et a de nouveau révisé à la hausse ses objectifs pour l’exercice 2024–2025. Entretemps, Roche a réalisé un atterrissage en beauté. Malgré l’affaiblissement de la division Diagnostic, le chiffre d’affaires du géant pharmaceutique a augmenté conformément aux attentes. Son dividende passe de 9,60 à 9,70 francs par action. Quant à ABB, ses actionnaires devraient percevoir une distribution plus élevée de trois centimes. Le groupe industriel a non seulement gagné plus, le dernier trimestre 2024, mais il est également devenu plus rentable. Lonza, le fabricant de produits pharmaceutiques, était moins chanceux. Après la disparition du contrat Moderna, les recettes ont baissé et la marge a également diminué. Pour les entreprises industrielles Gurit, Rieter et Interroll, le repli conjoncturel a pesé sur leurs comptes annuels: le chiffre d’affaires des trois est en baisse. La dernière a, en plus, perdu en rentabilité. Swatch a déçu. Le bénéfice d’exploitation de l’horloger s’est effondré en 2024, passant de 1,19 milliard à 304 millions de francs. Le repli des ventes en Chine a fait pencher la balance. Le dividende devrait donc être réduit de 6,50 à 4,50 francs par action.
La BCE baisse ses taux directeurs, la Fed attend
La Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux directeurs de 25 points de base cette semaine afin d’aider l’économie chancelante, qui en a bien besoin. S’agissant de la plus grande économie de l’espace monétaire, l’Allemagne, son gouvernement a revu à la baisse les prévisions de croissance pour 2025, qui sont passées de 1,1% à 0,3%. A l’avenir, la BCE entend orienter sa politique monétaire en prenant des données comme base. Nous tablons sur de nouvelles baisses de taux d’ici à la fin de l’année, d’env. 125 points de base au total. Il en va tout autrement aux Etats-Unis. Le président de la Fed, Jerome Powell, a clairement indiqué qu’en raison de la persistance de l’inflation et de la solidité de l’économie, sa banque centrale n’était pas pressée d’assouplir encore sa politique monétaire. La Fed a donc annoncé une pause dans les taux d’intérêt. Pour 2025, nous tablons sur une réduction du taux directeur américain d’à peine un demi-point de pourcentage.
Graphique de la semaine
En promettant d’accélérer la transition énergétique aux Etats-Unis, l’ancien président américain Joe Biden a certes déclenché un engouement à la Bourse pour les énergies renouvelables, mais de courte durée. Après son pic en janvier 2021, l’indice S&P Global Clean Energy qui intègre les actions des 30 plus grandes entreprises cotées du secteur, n’a cessé de perdre du terrain et depuis la réélection de Donald Trump, la tendance à la baisse s’est encore accélérée. Pour les investisseurs, l’investissement finit par être un jeu à somme nulle. En revanche, le marché mondial des actions a progressé de 80% depuis 2020. Cet exemple démontre, une fois de plus, qu’il est rarement rentable à la Bourse de miser sur les tendances.
GROS PLAN
The sky is the limit
Grâce à la vigueur du secteur chimique et pharmaceutique, les exportations suisses ont atteint en 2024 un niveau record de 282,9 milliards de francs. La chute des exportations horlogères donne une petite pointe d’amertume.
LE PROGRAMME
Inflation dans la zone euro
Les dernières données en la matière seront publiées le 3 février. Les investisseurs espèrent y trouver des indications sur la politique monétaire de la BCE.