Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

2 minutes de lecture

Le 49e Forum économique mondial de Davos a été une fois de plus un énorme événement médiatique mais aussi un succès économique.

Forum économique mondial de Davos. Le rendez-vous annuel de l'élite (économique) mondiale dans les montagnes enneigés des Grisons en janvier est une tradition de longue date. Le World Economic Forum (WEF) est devenu un vecteur économique incontournable entretemps. L'organisation à but non lucratif a généré un chiffre d'affaires de plus de 326 millions de francs l'an dernier, grâce aux adhésions, frais de participation et partenariats. Les coopérations avec les entreprises et sociétés de conseil ont été le principal moteur.

Près de 3000 participants de l'économie, de la politique et de la science se sont rencontrés à Davos cette semaine pour la 49e fois. Parmi les thèmes abordés lors des 350 conférences, on peut nommer l'intelligence artificielle, la cybersécurité, la migration ou encore le changement climatique. Toutefois, les absents ont été les plus notés, dont Donald Trump, qui a d'autres soucis en ce moment que les grandes questions de notre temps. Il a supprimé le vol transatlantique à ses ministres, en raison du blocage politique à Washington. La Première ministre May, le président français Macron et le président chinois Xi Jinping ont, eux aussi, annulé leur visite. Les absences soulignent le contexte sous lequel s'est tenu le WEF cette année: un monde en ébullition, agité par une politique populiste, dont les institutions établies sont remises en question.

Selon son baromètre d'opinion, le WEF est moins optimiste cette fois-ci, à l'instar des enquêtes mensuelles sur le moral dans l'industrie. L'enquête présentée par PwC révèle qu'une personne sur trois prévoit un ralentissement économique au cours des douze prochains mois, et souligne donc un malaise inquiétant par rapport à l'an passé, où seuls 5% se disaient pessimistes envers l'avenir. Ce malaise a été également confirmé par les prévisions de croissance du Fonds monétaire international (FMI), présentées en début de semaine, selon lesquelles l'économie mondiale ne devrait croître que de 3,5% en 2019. Le FMI a révisé ses attentes à la baisse, surtout pour les pays industrialisés. Ainsi, les chiffres de croissance pour l'Allemagne (-0,6%) et l'Italie (-0,4%) ont nettement diminué par rapport aux prévisions d'octobre. Il ne faut pas broyer du noir pour autant. Christine Lagarde, directrice du FMI, est d'avis que le verre est à moitié plein et qu'il n'y pas encore de récession en vue.

Mario Draghi souligne les risques baissiers. Bien que le mandat du président de la BCE s'achève dans un peu moins d'un an, il est de moins en moins probable que la politique monétaire se normalise sous son égide. D'une part, l'inflation dans la ZE est à nouveau passée sous la barre des 2% en décembre; de l'autre, les indices des directeurs d'achat pour le mois précédent ont chuté à un niveau tout juste au-dessus du seuil d'expansion. D'après les attentes du marché et les nôtres, la BCE ne devrait procéder à une première hausse des taux qu'en 2020. Lors de la réunion d'hier, Draghi a insisté sur le fait que les risques guettant l'économie s'étaient intensifiés. Le comité avait abordé la question d'une injection de liquidité, sous forme de crédits à long terme, sans pour autant prendre de décision. Les banques italiennes, en particulier, ont un grand besoin de refinancement. En effet, elles devront faire face à un déficit de plusieurs milliards dès cet été, ce qui risque de coûter cher aux consommateurs italiens en termes de conditions de crédit. La BNS, quant à elle, reste en attente face à cette situation, et ne devrait augmenter ses taux qu'en 2020.

Le «shutdown» pèse sur le moral

Indices de confiance des consommateurs US

Source: Bloomberg

35 jours de blocage budgétaire US déjà: le moral des consommateurs vient de chuter nettement, comme lors du «shutdown» précédent en 2013.

GROS PLAN

En marge de Davos. Les inégalités augmentent dans le monde. Les 26 plus riches personnes au monde possèdent, selon le rapport annuel 2018 d'Oxfam, autant que la moitié la plus pauvre de la planète (soit 3,8 milliards de personnes).

L'économie chinoise continue de ralentir. Le chiffre de 6,4% a fait les gros titres cette semaine. Au T4, la croissance chinoise a ralenti à son plus faible niveau depuis 1990. Or, on oublie facilement qu'elle représente toujours plus que la croissance économique suisse dans son ensemble.

LE PROGRAMME

Mardi 29 janvier 2019. Bien que la «State of the Union» ait dû avoir lieu la semaine prochaine, Donald Trump l'a repoussée jusqu'à la fin du «shutdown», en raison de l'escalade public avec les Démocrates.

A lire aussi...