Comment jouer les émergents? Première partie: l’Asie

Salima Barragan

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Actions, dette souveraine ou obligation d’entreprise? Tour d’horizon des principaux blocs en trois épisodes avec Edmond de Rothschild AM.

 

Le panorama est favorable. Les perspectives de croissance du PIB et des bénéfices des sociétés sont de 4,8% et 16% respectivement contre 1,7% et 9% pour les marchés développés selon les estimations. Pour ce premier épisode, nous commençons notre voyage en Asie qui recèle de véritables «success stories». Nous nous rendrons ensuite en Amérique du Sud, et enfin, dans un troisième temps, en Europe de l’Est, en Turquie et en Afrique.

Surpondérer les actions chinoises

Les derniers développements en Chine sont réjouissants; pour combattre une dette chinoise devenue insoutenable (aujourd’hui de l’ordre de 250% du PIB), le gouvernement a initié un processus de désendettement via la réduction des surcapacités. Il cible principalement les entreprises des secteurs de l’acier, du charbon et du ciment qui pourront ainsi rembourser leurs emprunts et assainir leur bilan. De plus, le gouvernement a orienté l’économie vers les activités à haute valeur ajoutée. Ce sont ces changements, positifs sur le long terme, qui ont donné une certaine impression de ralentissement de l’économie mais la croissance du PIB est estimée à 6,5%. Pour 2018 la croissance estimée du bénéfice par action est de 15%. «Les valorisations sont attractives et les entreprises chinoises ont publié des chiffres solides, au-dessus des attentes. De plus, elles augmentent leur budget en recherche et développement», commente Ludovic Vauthier, Responsable de la Gestion Actions émergentes. La connexion récente de la bourse offshore de Hong-Kong avec celles de Shanghai et Shenzhen va donner un second souffle à ces marchés qui étaient jusqu’alors dissociés. La pondération totale de la Chine dans les indices MSCI sera renforcée. «Il y a peu, 80% des entreprises représentées étaient des SOE (State-owned entreprise), aujourd’hui elles ne sont plus que 30%, ce qui laisse un vaste choix de sociétés attrayantes dans lesquelles investir», commente Ludovic Vauthier. Le gérant apprécie les domaines de l’oncologie, des molécules innovantes ainsi que l’intelligence artificielle où il voit un fort potentiel de valeur à l’instar de la société Hackvision qui propose des caméras de surveillance et des systèmes de reconnaissance faciale. Le secteur de l’e-paiement chinois est aussi le plus avancé au monde. «Nous venons de renforcer notre position dans Tencent suite à sa baisse récente qui s’avère un excellent point d’entrée», rajoute-il. Face à une demande robuste, il joue le renforcement de la consommation chinoise via la pharma chinoise car le terrain de jeu, purement domestique, élimine tous risques liés aux guerres commerciales.  

A contrario, le paysage de la dette souveraine est plus sombre car l’évolution économique chinoise ne sera pas exempte de soubresauts. «La transition sera laborieuse à cause de la purge des excès de crédit, ce qui va créer des instabilités sur le segment de la dette», commente Jean-Jacques Durand, Responsable Dettes et devises émergentes,  qui se couvre via des CDS (Credit Default Swap). Du côté de la dette d’entreprise, la situation n’est pas plus réjouissante. «Ce marché est très dense mais plus difficile à suivre à cause d’un manque de transparence et les rendements offerts actuellement ne sont pas attractifs», déplore Stéphane Mayor, Responsable Obligations corporate émergentes.

Prudence sur l’Inde

En début de cycle, l’Inde dépend fortement du financement et nécessite des capitaux généreux. C’est aussi l’un des quelques pays émergents qui souffre durement du rebond du pétrole. Toute hausse du baril de 1 dollar accroit son déficit des comptes courants de 700 millions de dollars. Prudence donc sur ce marché très cyclique.

 

Rendez-vous demain pour découvrir la deuxième partie: l’Amérique du Sud.

 

Ludovic Vauthier

Gérant de portefeuilles actions sur l'Inde

Il a rejoint Edmond de Rothschild Asset Management en décembre 2004 en tant que gérant de portefeuilles actions sur l’Inde et participe activement à la gestion du fonds EdR Fund Global Emerging  depuis 2009. En 2017, il reprend également la gestion d’Edmond de Rothschild Fund China et est nommé Responsable de la Gestion Actions Emergentes en décembre 2017. Ludovic Vauthier détient un DESS Banque Finance et un Master en Droit de l’Université Paris-V.

Jean-Jacques Durand

Gérant de portefeuille senior sur la dette émergente et les devises

Il a rejoint le Groupe Edmond de Rothschild en septembre 2011 en tant que gérant de portefeuille senior spécialisé sur la dette émergente et les devises. Avant de rejoindre le Groupe Edmond de Rothschild en 2011, Jean-Jacques Durand créée sa propre société d’investissement Macro Commodities, Gecko Capital Partners Ltd, dans laquelle il travaille en tant que fondateur et gérant-analyste principal de 2008 à 2011. Jean-Jacques Durand est diplômé de l’ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris).

Stéphane Mayor

Responsable Obligations corporate émergentes

Il est Responsable Obligations corporate émergentes. Il a rejoint le Groupe Edmond de Rothschild en septembre 2007 en qualité de gérant de portefeuille sur la dette émergente. Stéphane Mayor est diplômé de l’université de Genève en Sciences Politiques et dispose d’un post-graduate degree en analyse financière et gestion de portefeuille (CEFA). Il est par ailleurs membre de la Swiss Financial Analyst Association (SFAA).