Combler l’écart hommes-femmes

Alan Mudie, Société Générale Private Banking

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Il existe un lien manifeste entre diversité et retour sur fonds propres.

L’égalité hommes-femmes devrait être considérée comme une obligation morale. Il n’est guère judicieux d’avoir une attitude discriminante envers la moitié de la population mondiale, en particulier à un moment où de nombreux pays font face à un déclin démographique. Mais cette égalité constitue également un avantage stratégique dont les entreprises peuvent bénéficier durablement. Investir dans ces entreprises devrait permettre aux investisseurs de profiter de ces avantages.

Les économistes considèrent souvent que le potentiel de croissance d’un pays est avant tout déterminé par l’évolution de sa main-d’œuvre et la productivité de ses travailleurs. Ainsi, si une large part de la population n’a pas le même accès au marché du travail, la performance économique peut en pâtir. Or d’après les données de la Banque mondiale et du Forum économique mondial, le taux d’activité des femmes dans le monde s’élève à 50-56%, contre 77-82% pour les hommes.

Réduire l’écart en matière d’accès au travail
et de salaires présente un double avantage.

Par ailleurs, les femmes qui ont un emploi sont généralement moins bien payées que leurs collègues masculins (d’environ 15% en moyenne d’après l’Organisation de coopération et de développement économiques). Réduire l’écart (en matière d’accès au travail et de salaires) présente un double avantage. En effet, une étude de septembre 2015 du McKinsey Global Institute a laissé entendre que parvenir à l’égalité hommes-femmes pourrait accroître le Produit intérieur brut mondial de 12 à 28 milliards de dollars d’ici à 2025, soit une hausse de 13-31%. Il n’est dès lors pas surprenant que l’égalité hommes-femmes arrive en cinquième position sur la liste des objectifs de développement durable dressée par les Nations unies, et qu’elle soit donc considérée comme une «condition préalable» pour atteindre les 16 autres objectifs.

D’autre part, plusieurs études indiquent que l’égalité hommes-femmes présente autant d’avantages qualitatifs que quantitatifs. La raison pourrait en être que les femmes ont fait des progrès considérables dans le domaine de l’éducation ces dernières années. D’après les données 2018 communiquées par le Bureau du recensement américain par exemple, 42,7% des femmes âgées de 25 à 34 ans ont terminé quatre années ou plus d’études supérieures, contre 35,4% pour les hommes (en 1980, les proportions étaient de 20,9% et 27,5%, respectivement). En outre, une étude de septembre 2004 publiée par la New York University Press a révélé que la diversité dans les comités exécutifs facilitait la résolution des problèmes et la prise de décision.

Le RoE médian des entreprises US qui comptent plus de 30% de femmes
dans leurs CA s’élève à 15%, contre 11,6% pour les autres.

Mais ces avantages influent-ils sur la performance financière? D’après une étude de mars 2019 de Bank of America Merrill Lynch, il existe un lien manifeste entre diversité et retour sur fonds propres (RoE). Le RoE médian des entreprises américaines qui comptent plus de 30% de femmes dans leurs conseils d’administration s’élève à 15%, contre 11,6% pour les autres. Ce même rapport a également établi que les entreprises avec une large proportion de femmes cadres (de nouveau, plus de 30%) affichent des bénéfices par action (BPA) moins instables que leurs homologues sur des périodes de trois ans. Et une étude distincte d’UBS sur les entreprises de l’indice Russell 1000 publiée en février 2016 a rapporté que les entreprises pratiquant la mixité bénéficiaient également d’une amélioration des marges brutes, de la rentabilité des actifs et du rendement du capital investi.

Années d'études complétées par les personnes de 25 ans et plus, selon l'âge et le sexe
Collège - 4 ans ou plus (25 à 34 ans)
Source:  U.S. Census Bureau, 1947, and 1952 to 2002 March Current Population Survey, 2003 to 2018 Annual Social and Economic Supplement to the Current Population Survey (population non institutionnalisée, excluant les membres des forces armées vivant dans les casernes) ; 1960 Census of Population, 1950 Census of Population, and 1940 Census of Population (population résidente).

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