Au cours des derniers mois, une série d'indicateurs économiques peu encourageants ont été publiés dans un contexte de baisse continue du secteur immobilier, ce qui a progressivement assombri les perspectives de la Chine. Les banques mondiales se sont également montrées de plus en plus sceptiques à l'égard des perspectives économiques de la Chine, comme en témoigne la multitude de révisions à la baisse des objectifs de croissance, et les investisseurs ont continué à vendre leurs titres. Pour remettre les choses en perspective, les actions domestiques chinoises (CSI 300) et l'indice de Hong Kong (HSCEI - Hang Seng China Enterprise) ont perdu respectivement une valeur vertigineuse de -48% et -60% par rapport à leur sommet de 2021, en raison d'une réglementation supplémentaire, du Covid-19 et des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine.
La semaine dernière, le gouvernement chinois a décidé d'intervenir et de tenter de soutenir l'économie par le biais d'une pléthore de mesures de soutien. Qualifié de «bazooka de la relance» par les investisseurs, ce vaste programme comprend une multitude de mesures, dont des politiques monétaires et un soutien aux marchés immobilier et boursier. Par ailleurs, les responsables politiques chinois ont également annoncé un soutien fiscal supplémentaire, qui sera probablement annoncé au cours de la semaine.
Concernant les mesures monétaires, la Banque populaire de Chine a introduit une série de réductions des taux d'intérêt (c'est-à-dire, 7D reverse repo – une sorte de prêt à court terme utilisé par les banques centrales, taux de facilité de prêt à moyen terme, taux préférentiel de prêt) tout en réduisant le ratio des réserves obligatoires pour les banques de 50bps et en prévoyant une réduction supplémentaire de 25-50bps pour le reste de l'année. Bien que l'ampleur des réductions du principal taux directeur et du RRR (ratio risque rendement) soit plus importante que d'habitude, par rapport à la période récente, leur impact immédiat sur l'économie n'est pas clair. Par exemple, la réduction du RRR pourrait ne pas stimuler de manière significative l'activité de crédit, puisque l'environnement de crédit actuel est moins lié à un manque d'offre de crédit mais plutôt à une demande inadéquate de la part des emprunteurs, étayée par un sentiment morose.
La structure et le montant des mesures fiscales seront d'une importance capitale pour les investisseurs, qui pourront ainsi déterminer s'il s'agit réellement d'un point d'inflexion possible pour la Chine.
Deuxièmement, le gouverneur Pan a introduit diverses politiques visant à stabiliser le marché de l'immobilier. Au-delà des réductions anticipées des taux hypothécaires existants, le ratio de remise de fonds pour l'achat d'un deuxième logement a également été réduit, parallèlement à l'intensification du programme de re-prêt aux banques. Tout au long de l'année 2024, l'État a tenté de donner un coup de pouce à la chute des prix de l'immobilier par le biais de mesures antérieures, mais sans grand succès car les politiques ont été trop modestes et trop lentes. Les données les plus récentes sur les prix de l'immobilier indiquent une confiance toujours faible chez les consommateurs, il faudra sans doute aller beaucoup plus loin pour que les prix se redressent et que le nombre de logements excédentaires diminue de manière significative.
Troisièmement, le gouverneur Pan a également fait part de plusieurs nouvelles mesures innovantes et intéressantes pour soutenir les marchés financiers: 1) la mise en place d'un mécanisme de swap de 500 milliards de RMB pour faciliter le financement (courtiers, assurances, fonds, etc.) des achats d'actions, qui peut être multiplié par 3 ou 4; 2) un mécanisme de re-financement de 300 milliards de RMB pour les entreprises et les principaux actionnaires afin de racheter des actions et d'augmenter les participations; et enfin 3) l'introduction d'un éventuel fonds de stabilisation. Parmi les mesures «bazooka» de relance, ces mesures boursières ont presque immédiatement atteint l'effet escompté puisque les actions chinoises ont terminé les semaines suivantes en hausse de plus de 30% - le plus grand rallye hebdomadaire depuis 2008, et faisant du marché des actions chinoises l'un des marchés les plus performants depuis le début de l'année. Certes, les sceptiques ont également fait allusion, à juste titre, à la pérennité de la reprise et sont allés jusqu'à évoquer l'idée d'une possible bulle boursière à l'avenir. Néanmoins, il est presque certain qu'une reprise durable des actions chinoises sera inextricablement liée au soutien du marché immobilier et à la relance de l'économie.
Enfin, diverses mesures fiscales ont également été largement discutées par les médias à la suite des signaux forts envoyés par les dirigeants chinois en faveur d'un soutien fiscal plus important et seront très probablement dévoilées au cours de la semaine. Parmi les mesures les plus intéressantes figurent l'injection de capitaux dans les banques pour un montant de 1 milliard RMB (142 milliards USD) et un paquet fiscal d'au moins 2 milliards RMB pour s'attaquer à la fois à la dette des gouvernements locaux et à la consommation. Étant donné l'absence de détails officiels, il reste à voir les effets de ces mesures sur le déblocage de l'épargne des consommateurs.
À court terme, les investisseurs attendent avec impatience les détails les plus précis de toute mesure officielle de relance budgétaire, d'autant plus que le ministère des finances n'a pas encore fait d'annonce à ce sujet. La structure et le montant des mesures fiscales seront d'une importance capitale pour les investisseurs, qui pourront ainsi déterminer s'il s'agit réellement d'un point d'inflexion possible pour la Chine. De plus, les prochaines réunions du comité permanent du Congrès national du peuple et du Bureau politique du Parti communiste chinois devraient également être examinées à la loupe, afin d'y déceler toute indication supplémentaire sur les approbations politiques ou le ton directionnel de la politique.
En résumé, le «bazooka de la relance» est un premier pas dans la bonne direction. Toutefois, à long terme, l'amélioration des tendances structurelles telles que la stabilisation du marché immobilier, l'augmentation des salaires et la croissance de l'emploi et, surtout, le suivi de la politique, resteront les éléments les plus importants.