Baisses de taux: quel impact sur les marchés mondiaux des actions?

Philippe G. Müller, UBS

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Il semble acquis que la Fed baissera ses taux d'intérêt dans les semaines à venir. Cela suffira-t-il à alimenter un vif rebond des actions?

© Keystone

La semaine dernière, l'audition du président de la Fed, Jerome Powell, par le Congrès américain et le procès-verbal de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed (Federal Open Market Committee ou FOMC) ont conforté l'idée que la Fed baissera ses taux lors de sa prochaine réunion le 31 juillet.

L'inflation et les perspectives d'inflation sont inférieures aux 2% visés par la Fed et cette dernière a fait part de son inquiétude quant à l'impact de l'incertitude sur la croissance des affaires et sur les investissements des entreprises. Le procès-verbal a également révélé que certains membres du FOMC redoutent que l'inversion de la courbe des taux soit une nouvelle fois un signe annonciateur d'une récession.

Situation favorable pour les actions

Résultat: la Fed semble disposée à baisser ses taux à titre préventif, quand bien même l'économie américaine enregistre une croissance proche de sa tendance et semble connaître le plein-emploi. Par conséquent, la situation pourrait être relativement inhabituelle, du moins temporairement, du point de vue d'un investisseur, caractérisée par l'accélération de la croissance et par la baisse des taux d'intérêt, une combinaison potentiellement très favorable aux actions et aux autres actifs à risque.

Depuis le début de l'année, la progression du S&P 500
est essentiellement le fruit de la hausse des multiples de valorisation.

Les facteurs techniques sont également porteurs. Le marché des actions est sur une belle dynamique: l'indice S&P 500 et les actions mondiales flirtent avec leurs sommets historiques. Compte tenu de la diminution du taux d'actualisation, les actions demeurent plus intéressantes que les obligations. En effet, la prime de risque sur les actions mondiales s'élève à 5,8%, contre 3,5% en moyenne sur le long terme, ce qui est de nature à alimenter un afflux de capitaux vers les actions.

Le scénario de référence de la Recherche d’UBS envisage une hausse modeste pour les actions mais, compte tenu des valorisations et des fondamentaux des entreprises, un emballement des marchés des actions semble exclu:

  • La croissance des bénéfices des entreprises demeure poussive. Au deuxième trimestre, une progression du bénéfice par action (BPA) global de l'indice S&P 500 comprise entre 1 et 2% est attendue. Cette année, les bénéfices des entreprises stagnent en raison de plusieurs facteurs: les comparaisons en glissement annuel sont difficiles, car l'an dernier les bénéfices avaient été dopés par les baisses d'impôts. La croissance de l'économie américaine ralentit car l'impact de la relance budgétaire s'atténue et l'activité économique fléchit dans le reste du monde. Les droits de douane sont en hausse et les résultats de certaines grandes entreprises américaines sont moins bons. Il faudra sans doute attendre 2020 pour que la croissance des bénéfices rebondisse.
  • Le potentiel de hausse des multiples est désormais modeste. Depuis le début de l'année, la progression du S&P 500 est essentiellement le fruit de la hausse des multiples de valorisation. Le ratio cours/bénéfices prévisionnel, qui était de seulement 14,5 au 31 décembre passé, s'élève désormais à 16,9, légèrement supérieur à sa moyenne sur cinq ans de 16,5. En général, la baisse des taux favorise une hausse des multiples mais, historiquement, cette relation ne se vérifie pas lorsque les taux d'intérêt sont déjà bas.
  • Les marchés devraient rester anxieux quant à la pérennité de la conjoncture idéale. Compte tenu de la situation de plein-emploi aux Etats-Unis et des doutes quant à la stabilité du système financier européen dans un environnement de taux négatif, les anticipations de baisse des taux sont toujours susceptibles d'être revues, notamment en cas de bonnes surprises sur le front de la croissance ou de l'emploi aux Etats-Unis ou si l'inflation s'avère plus forte que prévu.
Il convient de maintenir l'exposition aux actions même si leur performance
au second semestre s'annonce plus faible qu'au premier.
Surpondération des actions et stratégies de portage

Par conséquent, il convient de maintenir l'exposition aux actions même si leur performance au second semestre s'annonce plus faible qu'au premier. Sur un horizon tactique de six à douze mois, la Recherche d’UBS surpondère toujours les actions, en privilégiant toutefois certaines zones géographiques. Pour accroître encore l’exposition aux actions, il faudrait que les signes d'un nouvel assouplissement monétaire se traduisent par une révision à la hausse des prévisions de croissance du PIB et des bénéfices.

La perspective d'une baisse durable des taux d'intérêt serait davantage favorable aux stratégies de portage qu'aux actions dans leur ensemble. Par conséquent, la Recherche d’UBS complète sa surpondération des actions par des stratégies de portage.

Dans sa stratégie de change, elle surpondère un panier équipondéré de devises émergentes à haut rendement (roupies indonésienne et indienne, rand sud-africain) au détriment d'un panier de devises au rendement plus faible (dollars australien, néo-zélandais et taïwanais). En outre, elle maintient une approche thématique sur un certain nombre de stratégies sur dividendes axées sur les entreprises caractérisées par une croissance forte et constante de leurs dividendes.

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