Au-delà des risques

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

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Volatilité accrue sur les actions ces dernières semaines. La croissance reste soutenue par les banques centrales et les dépenses publiques.

Inflation, tapering, réglementation chinoise, variant delta, la liste est longue mais n'a pas réussi à faire dérailler la reprise et les marchés d'actions. Le compte-rendu de la Fed publié au milieu du mois d’août indique que la réduction progressive des achats de titres de dettes dans le cadre du PEPP pourrait avoir lieu d'ici la fin de l'année car la Fed «considère que le critère de progrès substantiels du Comité est satisfait en ce qui concerne l'objectif de stabilité des prix et qu'il est presque satisfait en ce qui concerne l'objectif d'emploi maximum». Cela ne posera pas un réel problème, car ce n'est pas une surprise pour les marchés. Les ajustements seront graduels et largement anticipés. Les hausses de taux ne sont pas attendues avant fin 2022 ou début 2023. 

L'économie américaine reste sur une trajectoire de reprise solide grâce à l'abondance de liquidités et au soutien budgétaire. L'ambition des démocrates en matière d'infrastructure a évolué dans la bonne direction, puisque le Sénat américain contrôlé par les démocrates a adopté à la fois le paquet d'infrastructures bipartisan de 1’000 milliards de dollars et le plan budgétaire de 3’500 milliards de dollars qui se concentre sur les infrastructures «douces». Alors que le plan d'infrastructure progresse, la nécessité d'un relèvement de la limite de la dette publique se profile à la fin du mois de septembre. En Europe, les pays ont reçu leurs premières tranches d'argent du fonds de relance européen de 800 milliards d'euros destiné à les aider à se remettre de la pandémie et à rendre leurs économies plus vertes et plus durables.

La réglementation chinoise continue de faire les gros titres et de peser sur les marchés.

Les cas de COVID ont bondi dans le monde entier en raison de la propagation du variant Delta. Les hospitalisations sont restées sous contrôle jusqu'à présent, mais nous les surveillerons de près car elles ont recommencé à augmenter, en particulier aux États-Unis où nous approchons des 100’000 hospitalisations par semaine, un niveau jamais atteint depuis janvier. Cela n’entraînera pas nécessairement des mesures restrictives supplémentaires, car la proportion de personnes entièrement vaccinées continue d'augmenter et les personnes vaccinées semblent être plus résistantes.

Par ailleurs, la réglementation chinoise continue de faire les gros titres et de peser sur les marchés, en particulier les actions asiatiques ou les secteurs sensibles à la Chine comme les valeurs de luxe. Si elle a commencé avec Alibaba et Jack Ma, elle s'étend désormais à l'antitrust, à la productivité, au contrôle des données, aux inégalités et à l'éducation. Il est encore trop tôt pour en évaluer l'ampleur et la portée, mais il est probable que la répression réglementaire de la Chine a encore de la marge. Toutefois, les valorisations se sont repliées, créant des opportunités d'entrer sur le marché à un bon niveau.

Dans ce contexte, les marchés d'actions ont connu une volatilité accrue ces dernières semaines. Les actions chinoises continuent de souffrir et les valeurs cycliques ont été mises sous pression, tandis que les valeurs de croissance ont fait leur retour. Mais l’optimisme est de rigueur. Une croissance économique continue à l'échelle mondiale est à anticiper avec un soutien important des banques centrales et des dépenses publiques. La saison des bénéfices du deuxième trimestre a donné des résultats historiques, avec une augmentation des revenus et une amélioration des marges, ce qui a conduit à une croissance étonnante des bénéfices. Bien que les valorisations restent à des niveaux élevés, la croissance des bénéfices continuera à soutenir le marché au cours des mois suivants.

Alors que la hausse des prix des matières premières, les goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement et l'effet de base continuent d'alimenter les impressions d'inflation élevée, les marchés semblent confiants que les banques centrales garderont l'inflation sous contrôle. Les rendements sont restés stables à leurs faibles niveaux. Mais nous sommes peut-être allés trop loin et leur tendance à la hausse pourrait reprendre vers la fin de l'année.

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