Année du Buffle de métal: la Chine à la croisée des chemins

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Le pays n’a jamais été aussi puissant depuis deux siècles. Mais de nombreux défis économiques, politiques et stratégiques l’attendent.

La Chine est la grande gagnante économique de la pandémie. Seule parmi les grands pays à avoir une croissance positive en 2020, le dernier rapport du FMI lui prédit une croissance de 8,1% en 2021. Les marchés ont salué ces belles performances en faisant grimper spectaculairement les indices continentaux en 2020: plus de 27% de hausse pour le CSI300 (dividendes réinvestis)!

Politiquement, elle fait figure de référence pour tous ceux – y compris en Occident – qui vantent l’efficacité du régime et sa capacité à donner une perspective de prospérité à sa population. Les hausses de salaires s’enchaînent dans les métropoles et ce sont désormais plus de 400 millions de chinois qui sont considérés comme appartenant à la classe moyenne (revenus mensuels supérieurs à 1500 dollars).

Stratégiquement, la Chine reprend progressivement sa place aux premiers rangs mondiaux. Après le déploiement de sa stratégie «One Belt One Road» du Pakistan à la Russie et potentiellement les Pays-Bas (voie terrestre) et de l’Indonésie à Djibouti et à la Grèce (voie maritime), la «diplomatie vaccinale» de Pékin lui permet de se poser en garante en dernier ressort de la stabilité de la Mer de Chine méridionale.

L’attitude du pays dans les négociations multilatérales
sera très suivie par les investisseurs.

Pourtant, à l’heure d’entrer dans l’année du Buffle de métal – sous le signe donc de la tradition, de la discipline et de la volonté – et de fêter le centième anniversaire du Parti Communiste Chinois, le pays est confronté à de nombreux défis.

L’économie reste dépendante des importations pour certains composants technologiques clés, à l’image des semi-conducteurs de dernière génération. C’est tout l’enjeu de «l’économie à double flux» que veulent promouvoir les autorités de Pékin. En outre, malgré la progression de la consommation intérieure, les inégalités sociales encore fortes limitent la croissance du secteur des services. La Chine du Nord, enfin, reste à la traine de celle du Sud: l’ancien empire des Song du Sud (1127-1279) produit les deux tiers de la richesse annuelle du pays.

Enfin, la situation stratégique reste tendue y compris dans le détroit de Taïwan et les relations s’annoncent difficiles avec les États-Unis de Biden. La Chine a besoin d’alliés y compris dans la perspective d’un financement extérieur de son économie. La conclusion du partenariat régional asiatique RCEP en novembre dernier est une première réponse. L’attitude du pays dans les négociations multilatérales, en particulier dans le cadre de la réforme tant attendue de l’OMC, sera très suivie par les investisseurs: la Chine est devenue une grande puissance financière, elle doit désormais assurer son rang parmi les gardiens de la stabilité mondiale.

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