Zone euro: chute «sans précédent» de l’activité du secteur privé en mars

AWP

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L’indice mensuel s’affiche à 31,4 points, contre 51,6 points en février, la plus forte baisse de l’activité globale depuis la première publication des données composites en juillet 1998.

L’activité du secteur privé dans la zone euro a chuté en mars à un rythme «sans précédent», conséquence de la pandémie du nouveau coronavirus, ce qui fait dire aux analystes que «la récession ne fait que commencer».

Selon une première estimation de l’indice PMI composite publiée mardi, il s’affiche à 31,4 points, contre 51,6 points en février, «la plus forte baisse de l’activité globale (...) depuis la première publication des données composites en juillet 1998», explique le cabinet Markit dans un communiqué.

Lorsque le PMI, qui reflète la confiance des directeurs d’achats des entreprises, est supérieur à 50 points, cela sigifie que l’activité progresse. Elle diminue s’il est inférieur à ce seuil.

«Le précédent record baissier de l’indice PMI composite (36,2) avait été enregistré au cours de la crise financière mondiale, en février 2009», rappelle le cabinet.

Le fort recul de l’indice s’explique par «les mesures exceptionnelles adoptées par les différents pays afin de freiner la propagation du coronavirus», qui ont «fortement perturbé l’activité des entreprises».

L’indice de l’activité de services dans la zone euro a chuté à 28,4, contre 52,6 en février, là-encore un record historique.

Quant à l’indice manufacturier, il se replie à 39,5, contre 48,7 en février, son niveau le plus bas depuis «131 mois».

Sans surprise, les deux principales économies de la zone euro ont souffert: l’indice est passé de 52,0 en février à 30,2 en mars en France, tandis qu’il a reculé de 50,7 à 37,2 en Allemagne.

L’enquête signale par ailleurs «des degrés de pessimisme sans précédent dans les deux secteurs étudiés» en ce qui concerne «les perspectives d’activité à douze mois».

Effondrement de l’activité

L’effondrement de l’activité globale surpasse «de loin» celui observé «au plus fort de la crise financière mondiale», remarque Chris Williamson, économiste chez Markit.

Cela préfigure selon lui «une baisse du PIB d’environ 2% au premier trimestre, et cette forte contraction de l’économie risque de s’accentuer dans les mois à venir, lors de la mise en oeuvre probable de mesures de plus en plus drastiques, destinées à lutter contre la crise sanitaire».

M. Williamson souligne par ailleurs que «l’assombrissement des perspectives d’activité s’est répercuté sur le marché de l’emploi, les entreprises de la zone euro ayant en effet signalé la plus forte réduction de leurs effectifs depuis juillet 2009».

«Ces chiffres donnent une idée de la très forte récession que nous subissons, mais on ne sait pas encore à quel point elle est profonde», a commenté Bert Colijn, économiste chez ING.

«La question est de savoir dans quelle mesure les décideurs politiques peuvent atténuer le choc», souligne-t-il, même si «beaucoup de choses ont été faites assez rapidement, y compris des actions historiques de la Commission européenne et de la BCE».

Les ministres des Finances de l’UE se retrouvent à 18H30 (17H30 GMT) en visioconférence pour tenter de définir de nouvelles mesures coordonnées de soutien à l’économie.

«Ils pourraient ne rien convenir de concret aujourd’hui, mais tout progrès serait utile», estime Jack Allen-Reynolds, analyste chez Capital Economics.

«Même s’ils parviennent à un accord, cela sera sans effet sur la demande globale car une grande partie de l’économie est bloquée. Mais cela pourrait aider l’économie à se redresser une fois que ces restrictions seront finalement assouplies».

«La récession ne fait que commencer», conclut-il.

L’indice PMI (pour Purchasing Manager’s Index) prend en compte les prises de commandes, la production, l’emploi, les livraisons et les stocks du secteur manufacturier.

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