Vives réactions après les menaces de Trump

AWP

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Le président américain veut taxer les importations d’acier et d’aluminium. «Cette décision ne peut qu’aggraver les choses», a notamment prévenu Jean-Claude Juncker.

La menace jeudi du président américain Donald Trump d’imposer dès la semaine prochaine de fortes taxes sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis a suscité des réactions indignées dans le monde, laissant poindre le risque d’une guerre commerciale.

Le locataire de la Maison Blanche doit annoncer l’imposition de droits de douane de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium.

«PROTECTION EXCESSIVE» SELON LA CHINE

«La Chine demande aux Etats-Unis de refréner leur recours à des mesures protectionnistes et de respecter les règles du commerce multilatéral», a insisté vendredi Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

«Si d’autres pays lui emboîtaient le pas, cela aurait sans aucun doute un impact grave sur l’ordre du commerce international», a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse régulière.

Par ailleurs, les Etats-Unis assurent d’ores et déjà «une protection excessive» à leurs producteurs locaux d’acier et d’aluminium, après avoir adopté «plus d’une centaine de contre-mesures» ciblant les importations américaines dans ces secteurs, a tancé Mme Hua.

Elle n’a cependant pas évoqué de possibles représailles ou contre-mesures de la part de Pékin.

«MESURES INJUSTES» SELON L’UE

«Nous regrettons fortement» cette décision américaine, a réagi Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.

«Au lieu d’apporter une solution, cette décision ne peut qu’aggraver les choses», a-t-il prévenu dans un communiqué. «Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que notre industrie est frappée par des mesures injustes», a-t-il encore ajouté.

«L’UE entamera le plus tôt possible des consultations sur le règlement des différends avec les Etats-Unis à Genève», siège de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a ajouté, dans le même communiqué, la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström.

INACCEPTABLE POUR LE CANADA

«Tout tarif ou quota qui serait imposé à notre industrie canadienne de l’acier et de l’aluminium serait inacceptable», a déclaré jeudi le ministre canadien du Commerce international, François-Philippe Champagne.

Ce pays voisin des Etats-Unis est son premier fournisseur d’acier et d’aluminium.

Le gouvernement canadien est surpris d’une décision qui risque finalement de jouer contre les industriels américains.

«Les Etats-Unis affichent un surplus de 2 milliards de dollars dans le commerce de l’acier avec le Canada», a souligné pour sa part la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

INQUIÉTANT POUR L’ALLEMAGNE

«L’UE doit réagir de manière ferme aux taxes douanières punitives des Etats-Unis qui menacent des milliers d’emplois en Europe», a estimé le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel dans un communiqué, exprimant «la grande inquiétude» de l’Allemagne.

Justifier ces mesures de protection «par les intérêts sécuritaires des Etats-Unis» est, selon lui, «tout simplement inconcevable», en particulier «à l’égard de partenaires de l’Union européenne et de l’Otan».

«La confrontation commerciale qui menace entre les Etats-Unis et l’Europe n’est ni dans l’intérêt de l’Europe, ni dans celui des Etats-Unis», a insisté Sigmar Gabriel, appelant Donald Trump à «reconsidérer son annonce».

L’association allemande de la sidérurgie Stahl a de son côté dénoncé «des mesures qui violent les règles de l’Organisation mondiale du commerce», exigeant l’intervention de l’Union Européenne.

«Si l’Europe n’agit pas, notre sidérurgie va payer l’addition pour le protectionnisme américain», a encore prévenu, par communiqué Hans Jürgen Kerkhoff, le président de Stahl.

SYNDICAT US PRO-CANADIEN

De son côté, le syndicat nord-américain des sidérurgistes United Steelworkers (USW), principalement actif aux Etats-Unis et au Canada, exige que les producteurs d’acier et d’aluminium canadiens soient exclus des mesures annoncées par Donald Trump.

«Clairement, le Canada n’est pas l’un de ces +mauvais acteurs+ impliqués dans le commerce injuste et le dumping de l’aluminium et de l’acier vers les Etats-Unis», précise le syndicat.

«Nous avons été clairs sur le fait que nous sommes particulièrement inquiets de toute mesure qui pourrait avoir des conséquences sur l’acier du Royaume-Uni et ses industries d’aluminium», a indiqué par communiqué l’ambassade britannique à Washington, tout en assurant être en discussion avec les Américains.

 

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