Vale: un géant miné par les catastrophes

AWP

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La rupture du barrage minier au Brésil a fait au moins 60 morts et près de 300 disparus. Le titre plonge et le groupe suspend le paiement de dividendes et les primes aux cadres.

Plus grand producteur de minerai de fer au monde, le brésilien Vale voit son image de nouveau ternie par la catastrophe provoquée par la rupture d’un de ses barrages miniers à Brumadinho, qui a fait au moins 60 morts et près de 300 disparus.

En novembre 2015, un autre barrage, que la compagnie détenait en copropriété avec l’anglo-australien BHP, avait également cédé à Mariana, à 120 km de là, faisant 19 morts.

Un bilan moins lourd au niveau humain, mais un désastre environnemental gigantesque, avec la contamination du fleuve Rio Doce, un des plus importants du pays, sur plus de 650 km et deux Etats brésilien, jusqu’à l’océan.

Quand il a pris ses fonctions, en 2017, le PDG de Vale Fabio Schvartsman a déclaré que l’entreprise aurait pour mot d’ordre: «plus jamais Mariana».

«Vale a été inconséquent et incompétent. On pensait qu’ils (les dirigeants) auraient tiré des leçons de Mariana, mais trois ans après, c’est notre ville qui est meurtrie», s’est insurgé dimanche Avimar de Melo, maire de Brumadinho. Les revenus de sa commune dépendent quasi exclusivement de l’activité minière, qui emploie en outre une grande partie de la population de 39.000 habitants.

Fondée en 1942, Vale était au départ une entreprise publique nommée «Companhia Vale do Rio Doce», opérant dans l’Etat de Minas Gerais, où se trouvent Brumadinho et Mariana.

Presque aussi grand que la France, cet Etat du sud-est du Brésil est doté, comme son nom l’indique («mines générales»), d’un sol extrêmement riche en minerais, et a connu son essor, et une grande prospérité, avec l’extraction d’or au XVIIIe siècle.

Privatisée en 1997 par le gouvernement de centre-droit de Fernando Henrique Cardoso, Vale pèse aujourd’hui 78 milliards de dollars, ce qui en fait la troisième compagnie minière au monde, après BHP et Rio Tinto, deux groupes anglo-australiens.

En 2017, la compagnie avait affiché une production record de 366,5 millions de tonnes de minerai de fer, majoritairement exporté vers la Chine. Vale possède également des mines de nickel, de cuivre et autres métaux.

Avec 76’500 employés, la compagnie est présente dans 30 pays et ses activités se sont diversifiées au cours des années, avec des centrales hydro-électriques, ainsi que des chemins de fer et des ports pour acheminer sa production.

Sur son site internet, Vale affiche sa «passion pour les gens et pour la planète», avec pour valeur fondamentale: «la vie en premier lieu».

Lundi, le cours du géant minier a plongé de plus de 24% en mi-journée à la Bourse de Sao Paulo, où le groupe a perdu plus de 18 milliards de dollars de capitalisation, trois jours après la catastrophe. Le titre de Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, a chuté de 24,52%, tandis que l'indice Ibovespa reculait de 2,29%, son pire résultat de l'année.

La holding Bradespar, qui détient 5,8% de Vale, a aussi chuté de 25,16%. Les titres Vale inscrits à la Bourse de New York plongeaient d'environ 17% lundi, peu avant la clôture.

Le Conseil d’administration a annoncé la suspension du paiement de dividendes aux actionnaires et de primes aux cadres de Vale.

La justice a parallèlement bloqué 11 milliards de réais (trois milliards de dollars) sur les comptes du groupe minier brésilien à titre de réparations et les autorités locales lui ont infligé des amendes totalisant 300 millions de réais (70 millions d’euros).

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