Le président américain doit rencontrer ce soir le chef républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy, après des pourparlers plus que tendus entre leurs équipes ce week-end.
J-10. Alors que menace un défaut de paiement américain, Joe Biden tente à nouveau lundi de trouver un compromis avec Kevin McCarthy, son principal opposant dans un bras de fer autant politique que budgétaire.
Les deux hommes, qui se sont déjà vus deux fois en deux semaines avec d’autres dirigeants parlementaires, ont cette fois rendez-vous en tête-à-tête, à 17h30 locale (21h30 GMT).
Leurs équipes ont elles déjà repris des pourparlers qui avaient franchement tourné à l’aigre pendant le week-end.
Il a fallu une conversation téléphonique dimanche du président américain et du patron républicain de la Chambre des représentants pour dénouer quelque peu la situation.
Kevin McCarthy a jugé l’échange «productif», selon des médias américains, et Joe Biden a lancé qu’il s’était «bien passé», en rentrant dimanche soir à la Maison Blanche après un sommet du G7 au Japon.
Le démocrate de 80 ans avait au départ prévu de prolonger sa tournée diplomatique en Océanie, pour affirmer la présence américaine face aux ambitions chinoises, mais l’imbroglio politico-budgétaire à Washington l’a forcé à renoncer à ce segment du voyage.
Pour lever le risque d’une banqueroute, il faut que le Congrès - le Sénat tenu par les démocrates et la Chambre à majorité républicaine - vote pour relever le plafond maximal d’endettement public autorisé. Cette procédure parlementaire, longtemps routinière, a déjà donné lieu sous la présidence Obama à des batailles extrêmement politisées.
Cette fois les républicains exigent, pour donner leur feu vert, une forte réduction des dépenses publiques. Joe Biden, qui fait campagne pour sa réélection en 2024 sur une promesse de justice sociale, s’y oppose.
Le camp conservateur accuse la Maison Blanche d’être trop dépensière. Le parti présidentiel fustige pour sa part un projet républicain qui financerait des cadeaux fiscaux aux riches en étranglant les classes populaires.
Républicains et démocrates sont en revanche à l’unisson sur une chose: c’est le camp opposé qui tient le pays en «otage» avec le risque d’une banqueroute.
«Washington ne peut pas continuer à dépenser de l’argent que nous n’avons pas», a lancé dans un tweet Kevin McCarthy.
Le président américain a lui averti qu’il refuserait tout accord qui mettrait «en danger les soins de santé de 21 millions d’Américains» ou «l’aide alimentaire» pour les plus précaires.
Si aucun accord n’est trouvé, un défaut de paiement inédit, aux conséquences potentiellement catastrophiques pour l’économie américaine, et mondiale, pourrait se produire après le 1er juin.
Le «plafond de la dette», supérieur à 31’000 milliards de dollars - un record dans le monde - a été atteint il y a plusieurs mois, mais le gouvernement fédéral a jusqu’ici géré la situation par des arbitrages comptables.
En cas de défaut de paiement, les Etats-Unis ne seraient plus capables de rembourser les porteurs de bons du Trésor, ce placement roi de la finance mondiale. Le gouvernement ne pourrait plus non plus payer certains salaires de fonctionnaires, ni retraites d’anciens combattants, entre autres.
Alors, qui flanchera le premier? Le président américain, qui sait bien qu’une déroute économique, quelle qu’en soit la genèse politique, compromettrait ses chances de réélection? Ou Kevin McCarthy, dont le poste dépend d’une poignée d’élus radicaux, qui l’appellent - comme l’ancien président Donald Trump - à ne pas «plier»?
L’aile gauche du parti démocrate pousse quant à elle Joe Biden à passer en force en invoquant le 14e amendement de la Constitution américaine, qui interdit de «remettre en question» la solvabilité de la première puissance mondiale.
Dans ce cas le gouvernement émettrait de nouveaux emprunts, comme si le plafond de la dette n’existait pas.
Joe Biden étudie cette possibilité, lourde de dangers juridiques, surtout lorsque l’on fait face comme lui à une Cour suprême fermement ancrée à droite.