Des données sur l’inflation publiées mercredi aux Etats-Unis devraient conforter la banque centrale américaine (Fed) dans l’idée que faire une pause avant de baisser à nouveau ses taux d’intérêt est bienvenue.
Les chiffres de l’inflation sont surveillés comme le lait sur le feu à quelques jours de l’investiture de Donald Trump.
Le président élu a promis aux Américains - qui ont connu jusqu’à 9,5% d’inflation sur un an à l’été 2022 - de leur rendre du pouvoir d’achat.
Dans le même temps, ses propositions économiques (réductions d’impôts, hausses des droits de douane, expulsion massives de clandestins) ont un potentiel inflationniste, selon les experts, ce que Trump et ses équipes démentent.
De décembre 2023 à décembre 2024, les prix à la consommation ont augmenté de 2,9%, contre 2,7% sur un an en novembre, selon l’indice CPI publié par le département du Travail, et sur lequel sont indexées les retraites.
La Fed privilégie une autre mesure, l’indice PCE, qui a aussi récemment progressé (à +2,4% sur un an en novembre). Les données pour décembre ne seront publiées que le 31 janvier.
La Fed, qui pour objectif de ramener la progression de cet indice à 2%, tiendra sa prochaine réunion de politique monétaire les 28 et 29 janvier.
«Soulagement»
La publication de l’indice CPI a globalement été bien accueillie mercredi par les marchés.
Certes, il témoigne d’une accélération de l’inflation pour le troisième mois d’affilée, tirée par l’augmentation des prix du logement, des billets d’avions, des véhicules d’occasion ou encore des assurances automobiles.
Mais son niveau (+2,9% sur un an) est conforme au consensus des analystes interrogés par MarketWatch.
Surtout, les analystes retiennent l’amélioration de l’inflation dite sous-jacente - qui exclut les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie. Celle-ci a ralenti, à 3,2% sur un an, contre 3,3% anticipé.
«Ce recul du côté de l’inflation sous-jacente est un soulagement, même si cela reste largement au-dessus de la cible de 2% de la Fed», a remarqué Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets dans une note.
«Malgré tout l’émoi que cela suscite, l’inflation n’est plus un motif d’inquiétude» pour l’instant, appuie Gregory Daco, chef économiste chez EY.
M. Stanzl ajoute que cette publication finit de convaincre les marchés que la Fed ne multipliera pas les baisses de taux en 2025, «surtout parce que l’état du marché de l’emploi ne soulève pas d’inquiétude».
«Avec un rythme de l’inflation toujours élevé, un marché du travail vigoureux et des perspectives de réformes des droits de douane et de la politique migratoire susceptibles de faire remonter l’inflation, la Fed va rester prudente et patiente avant de baisser davantage les taux», estime auprès de l’AFP Kathy Bostjancic, chef économiste chez Nationwide.
La Fed avait systématiquement abaissé ses taux lors de ses trois dernières réunions, pour un total d’un point de pourcentage.
Mais avec une inflation qui rebondit, ou cesse de se calmer, les acteurs de la finance s’attendent à ce cycle de baisse soit mis sur pause, pour éviter la surchauffe de l’économie.