Joe Biden a été accueilli lundi par une longue et assourdissante ovation à la convention démocrate à Chicago, où il est venu passer le flambeau à Kamala Harris, en appelant à «préserver» la démocratie.
«Nous aimons Joe!» et «Merci Joe!» ont scandé les délégués. «Je vous aime», a-t-il répondu.
Dans l’assistance, la vice-présidente s’est essuyée les yeux, et des larmes ont coulé sur bien des visages pendant le discours du président.
«Nous menons une bataille pour l’âme même de l’Amérique», a-t-il clamé, reprenant l’une des expressions emblématiques de sa présidence.
«Nous sommes éternellement reconnaissants» envers un «incroyable» président, avait dit auparavant Kamala Harris, lors d’une brève apparition surprise, en solo, à la convention.
Le discours de Joe Biden avait été d’emblée placé sous le signe de l’émotion.
«Joe et moi sommes ensemble depuis près de 50 ans. Pourtant, il y a des moments où je retombe amoureuse de lui», avait dit la First Lady Jill Biden pour annoncer son mari, en entrant sur scène au son de «Praise You» de Fatboy Slim («to praise» signifie «louer», ou «chanter les louanges»).
«Papa, (...) nous ne te disons pas assez souvent que tu es l’amour de nos vies», avait déclaré leur fille Ashley, en parlant d’un «battant qui a été sous-estimé toute sa vie».
Pour le président de 81 ans, il y avait dans ce débordement d’affection quelque chose de certainement émouvant, mais aussi d’assez cruel.
Après tout, il y a un mois à peine, il pensait encore recevoir l’investiture de son parti.
Mardi, c’est Kamala Harris que les délégués vont couronner dans un vote symbolique, après l’avoir déjà formellement investie dans un scrutin par internet.
«Ravi qu’il abandonne»
Les démocrates s’attendaient à faire campagne sans passion pour le président octogénaire, embourbé dans les sondages.
Mais voilà qu’après son incroyable retrait le 21 juillet, ils se prennent à rêver à nouveau d’une victoire grâce à leur candidate de 59 ans.
«J’adore (Joe Biden) mais j’ai été absolument ravi qu’il abandonne parce qu’il nous tirait vers le bas», a asséné Harry Pascal, un militant démocrate.
Donald Trump, qui a prévu des déplacements dans plusieurs Etats décisifs cette semaine, a commencé lundi par la Pennsylvanie.
L’ancien président républicain a attaqué les projets «communistes» de Kamala Harris et avancé sans aucune preuve qu’elle aurait monté un «putsch» contre Joe Biden.
Hillary Clinton, candidate malheureuse face à Donald Trump en 2016, a toutefois rappelé à Chicago que rien n’était gagné.
«Ne vous laissez pas distraire. Ne soyez pas trop contents de vous», a dit l’ancienne secrétaire d’Etat, qui était donnée favorite face à Donald Trump, dans un discours vigoureux.
Comme à Joe Biden, la soirée a dû lui laisser un goût doux-amer. Hillary Clinton, qui voulait devenir la première présidente des Etats-Unis, a appelé à briser pour de bon «le plus haut, le plus dur» plafond de verre» en élisant pour Kamala Harris.
Mardi, l’ancien président Barack Obama et son épouse Michelle Obama seront les vedettes de la convention, dans une ville de Chicago qui est leur fief.
Nul doute que ce couple adulé des démocrates saura enflammer les délégués.
La vice-présidente américaine, elle, s’en ira faire campagne pour la journée dans le Wisconsin, l’un des «swing states» annoncés du scrutin de novembre, c’est-à-dire un Etat hautement stratégique.
L’avance prise sur Donald Trump par Kamala Harris dans la majorité des sondages reste dans la marge d’erreur statistique.
Donald Trump domine le parti républicain, malgré sa condamnation historique dans une affaire pénale et les poursuites dans plusieurs autres.
Il reste adulé par sa base, encore plus depuis la tentative d’assassinat dont il a été victime en juillet.