Unie face au Covid-19, la BoE pourrait se diviser dans la reprise

AWP

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La BoE avait adopté au début de la crise sanitaire un taux directeur historiquement bas (0,1%) et un programme de rachats d’actifs géant (actuellement 895 milliards de livres).

En plein redémarrage de l’économie britannique, l’unité de la Banque d’Angleterre (BoE) pourrait se fissurer jeudi, entre les adeptes d’un durcissement de la politique monétaire pour contrer l’inflation, et les partisans du du soutien d’une activité affaiblie par le Covid 19.

L’institution monétaire dévoilera les conclusions de sa réunion de politique monétaire à 11h00 GMT (13h00 HEC) avant une conférence de presse du gouverneur Andrew Bailey.

Depuis le début de la pandémie de Covid 19 et alors que l’économie britannique a particulièrement été affectée, peu de voix divergentes se sont fait entendre au sein du comité de politique monétaire (MPC).

La BoE avait adopté au début de la crise sanitaire un taux directeur historiquement bas (0,1%) et un programme de rachats d’actifs géant (actuellement 895 milliards de livres).

Mais la reprise s’est accompagnée d’une hausse de l’inflation (2,5% en juin, au dessus de l’objectif de 2% de la BoE).

«Poussée par la hausse des prix de l’énergie et des biens essentiels, l’inflation dépasse de loin les projections de la BoE», soulignent les analystes de Deutsche Bank.

Le marché surveillera avec attention la révision des prévisions d’inflation, qui étaient à 3% sur l’année lors de la réunion de juin.

Sujet sur la table

Alors que la hausse des prix est régulièrement commentée par la presse financière britannique, certains des neuf membres du MPC s’inquiètent d’une politique monétaire qu’ils commencent à trouver trop souple.

Michael Saunders a ainsi réclamé mi-juillet que le resserrement de la politique monétaire soit mis sur la table lors de la prochaine réunion, «lui qui est considéré depuis plusieurs mois comme un des plus fervents partisans d’une politique monétaire souple», soulignent les analystes de Barclays.

Autre dissident, Dave Ramsden, un des gouverneurs adjoints de la BoE, a estimé que les conditions d’un tel resserrement pourraient être atteintes «plus tôt que prévu».

Pour ces deux membres du MPC, l’inflation représente une menace qui ne peut plus être ignorée. Ils rejoignent ainsi l’ancien chef économiste de l’institution, Andy Haldane, qui s’était alarmé de la hausse des prix lors de son départ de la BoE fin juin.

Fin de l’aide à l’emploi

Mais les analystes ne s’attendent pas à ce que ces inquiétudes fassent évoluer dès à présent la politique monétaire britannique, alors que l’économie du Royaume-Uni est encore loin de son niveau pré-pandémie.

Avec une croissance du PIB à 0,8% en mai, la reprise marque le pas par rapport à mars (+2,4%) et avril (2%), et l’économie reste à un niveau situé 3,1% plus bas qu’en février 2020, selon les données de l’Office national des statistiques.

«Le message de la BoE après la réunion de juin était clair: les risques qui pèsent sur la croissance diminuent, mais malgré cela, le besoin de gérer ces dangers reste présent», soulignent les analystes de Deutsche Bank.

«Il faut noter que le plan gouvernemental britannique de soutien à l’emploi doit s’achever en septembre, il sera intéressant de voir si la BoE s’attend à un marché du travail affaibli dans les prochains mois», remarque Matt Weller, analyste chez Forex.com.

Tant que l’effet de ce changement de politique gouvernemental n’aura pas eu lieu, les risques d’inflation «dépendront énormément de données qui ne sont pas disponibles», estiment les analystes de Barclays, qui jugent donc que la politique monétaire ne devrait pas être affectée dans l’immédiat.

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