Tesla face aux doutes – le titre chute

AWP

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Investisseurs inquiets, accident mortel… En deux jours, près de 9 milliards de dollars de capitalisation boursière sont partis en fumée.

Le constructeur américain de voitures électriques Tesla traverse une passe difficile marquée par les doutes des investisseurs sur son avenir et un accident mortel dans un contexte de méfiance vis-à-vis de la conduite assistée et autonome.

Le titre cédait plus de 9% en Bourse hier, après avoir déjà perdu 8,22% la veille. En deux jours, près de 9 milliards de dollars de capitalisation boursière sont partis en fumée.

Reflet de cette défiance, les taux d’intérêt exigés par les marchés pour prêter de l’argent au groupe sont montés à 7,74% mercredi contre 6,56% vendredi.

«Wall Street commence à réaliser que Tesla est mal gérée et va faire face à de sérieux obstacles financiers dans les deux prochaines années», estiment les analystes de TheStreet.com.

Fondée en 2003 par le charismatique entrepreneur d’origine sud-africaine Elon Musk, Tesla s’est imposé dans le paysage automobile avec des technologies électriques et semi-autonomes mais son horizon est assombri par de nombreuses interrogations.

accident mortel 

Le NTSB, le régulateur des transports américain, a ouvert mardi une enquête à la suite d’un accident mortel impliquant un véhicule Tesla dans la ville de Mountain View en Californie.

L’enquête s’intéresse particulièrement au système d’Autopilot, logiciel qui permet un certain nombre de manoeuvres sans l’intervention du conducteur.

En 2016, un automobiliste américain avait déjà trouvé la mort alors qu’il conduisait une berline Model S de Tesla équipée d’Autopilot.

Le groupe automobile affirme ne pas connaître la cause du nouvel accident, ayant entrainé la mort du conducteur, mais collabore avec les enquêteurs. Il n’a pas encore pu récupérer le «journal de bord» informatique, qui pourrait aider à en déterminer les circonstances.

Cette nouvelle est d’autant plus malvenue que cet accident survient après qu’un véhicule autonome d’Uber en phase de test a été impliqué dans un autre accident mortel, qui a coûté la vie à une piétonne dans l’ Arizona (sud-ouest).

«Les difficultés de l’autonomie et l’accélération de Waymo (Google) pour commercialiser (les véhicules autonomes) posent la question de savoir si Tesla sera vraiment le leader pour l’application de l’intelligence artificielle dans les transports», avancent les analystes de la banque Morgan Stanley.

Tesla doit en outre désormais composer avec la concurrence de Porsche et Jaguar, deux fleurons de l’automobile mondiale, qui ont décidé de plonger dans le grand bain de la mobilité électrique.

Porsche promet de commercialiser dès 2019 sa Mission E, une berline électrique rivale de la Model S de Tesla, dans le cadre d’un plan d’investissement de 7,4 milliards de dollars destiné à électrifier d’ici 2022 un tiers des modèles de la marque allemande.

Le constructeur Jaguar, qui appartient à l’indien Tata, va pour sa part s’allier à Waymo pour développer une version entièrement autonome de l’I-PACE, son nouveau modèle haut-de-gamme de voiture électrique.

A court de liquidités? 

Outre cette rude concurrence, Tesla connaît également des problèmes de production du Model 3, son nouveau véhicule d’entrée de gamme censé lui ouvrir la voie de la production de masse.

Le groupe californien s’est fixé des objectifs de production qu’il a dû revoir nettement à la baisse en raison de «goulots d’étranglement». Il ne prévoit plus de produire que 2’500 exemplaires par semaine d’ici la fin du mois en cours et monter à 5’000 par semaine à partir de fin juin. Les objectifs initiaux étaient de 5’000 véhicules par semaine fin 2017 et 10’000 à la fin 2018.

«Le plongeon de l’action reflète en partie les interrogations sur la montée en puissance de production du Model 3, qui affecte directement les besoins de liquidités à court terme de l’entreprise et sa capacité à solliciter les marchés pour y lever de l’argent», estime Morgan Stanley.

Ce que confirme l’agence de notation Moody’s qui a décidé d’abaisser la note de solidité financière à «Caa1» contre «B3» auparavant tout en l’assortissant d’une perspective «négative», ce qui suggère que l’agence de notation envisage de la dégrader encore à moyen terme.

«La notation de Tesla reflète les faiblesses dans le rythme de production du Model 3 et l’entreprise fait également face à des pressions en matière de liquidités dues à des flux de trésorerie négatifs» et à l’approche de deux échéances de remboursement de sa dette, dont une ligne de crédit de 230 millions de dollars en novembre et une autre de 920 millions en mars 2019, explique l’agence.

Le pessimisme de Moody’s repose également sur le fait que l’entreprise va devoir encore emprunter plus de 2 milliards de dollars auprès des marchés pour refinancer des obligations arrivant à échéance et éviter de se retrouver à court de liquidités alors que Tesla n’a jamais gagné d’argent depuis sa création.