Tempête financière en Russie: les autorités veulent rassurer

AWP

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La présidente de la banque centrale Elvira Nabioullina juge inutile de déployer les instruments à disposition de l’institution. «Les marchés financiers vont tenir», assure le ministre de l’Economie.

Les autorités russes, confrontées à une hémorragie financière après l’introduction de nouvelles sanctions par les Etats-Unis, ont cherché mardi à rassurer, affirmant que la «stabilité financière» n’était pas menacée et se disant prêtes à agir si besoin.

Les nouvelles mesures américaines, qui visent de puissants oligarques et les entreprises qu’ils contrôlent, ont été accueillies par un lundi noir à la Bourse de Moscou, faisant fondre de plusieurs milliards de dollars le patrimoine des premières fortunes russes, y compris celles épargnées par Washington.

En chute de 8% à 11% lundi, les indices boursiers évoluaient mardi en ordre dispersé mais la monnaie russe s’enfonçait à ses plus bas niveaux depuis 2016, le dollar franchissant le seuil de 63 roubles et l’euro les 78 roubles.

Depuis le début de la semaine, le rouble a perdu au total environ 8% de sa valeur face au dollar.

«La banque centrale dispose d’un large éventail d’instruments à sa disposition pour agir dans les situations où apparaissent des risques pour la stabilité financière. A notre avis, il n’y a pas de tels risques actuellement», a assuré la présidente de la banque centrale Elvira Nabioullina, lors d’une conférence économique à Moscou.

«Bien sûr, nous allons suivre la situation, en cas de nécessité nous effectuerons de possibles correctifs», a-t-elle poursuivi.

«La macroéconomie et les marchés financiers vont tenir», a assuré, à ses côtés, le ministre de l’Economie Maxime Orechkine, qualifiant le plongeon des marchés de volatilité «normale».

L’économie russe est sortie fin 2016 de deux ans de récession due aux sanctions introduites en raison de la crise ukrainienne et à l’effondrement des prix des hydrocarbures, dont le pays est très dépendant.

Cette reprise est cependant restée limitée, freinée par des éléments structurels comme la situation démographique.

Annoncées vendredi avec l’objectif de punir Moscou, notamment pour ses «attaques» contre «les démocraties occidentales», les nouvelles sanctions américaines ciblent 38 personnes et entreprises qui ne peuvent plus faire d’affaires avec des Américains, notamment sept Russes désignés comme des «oligarques» proches du Kremlin.

Parmi ces multimilliardaires figure Oleg Deripaska, dont le groupe Rusal, l’un des premiers producteurs mondiaux d’aluminium, a perdu la moitié de sa valeur lundi à la Bourse de Hong Kong.

Le Kremlin a aussi cherché à relativiser l’ampleur de la panique. «Cela arrive», a balayé son porte-parole Dmitri Peskov. «Après ça, d’une manière ou d’une autre, il y aura une correction», a-t-il ajouté, assurant que le Kremlin surveillait de près la situation.

«Business as usual»

Dès lundi, le premier ministre Dmitri Medvedev avait promis un soutien aux entreprises visées.

«Notre objectif principal et de minimiser l’incertitude, de maintenir le fonctionnement stable des entreprises et de sauvegarder les emplois», a déclaré mardi le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch

«Nous comprendrons plus tard si nous avons besoin de mesures supplémentaires», a-t-il ajouté.

Le ministre Maxime Orechkine a relevé que la situation actuelle constituait un «bon test» pour «l’édifice économique» bâti par les autorités pour adapter la Russie ces dernières années, dans un contexte de sanctions occidentales et de faibles prix des hydrocarbures.

Ainsi, l’évolution libre du cours du rouble «absorbe les chocs», a-t-il expliqué.

Les autorités se sont notamment efforcées de minimiser cette nouvelle vague de sanctions par rapport au passé économique turbulent de la Russie.

«Tout le monde se souvient du choc de 2014, et avant ça de la crise de 2008-2009. Par rapport à ça, la situation actuelle ne semble pas si dramatique», a expliqué à l’AFP Oleg Kouzmine, analyste à la société financière Renaissance Capital.

«La Russie a une des structures économiques les mieux développées pour absorber les chocs externes», a-t-il ajouté, précisant que selon lui «ces nouvelles sanctions n’auront pas d’impact significatif sur les perspectives de croissance» de la Russie.

Oleg Tinkov, fondateur et président du conseil d’administration de la banque Tinkoff, s’est voulu désinvolte: «Hier j’ai perdu 250 millions de dollars. Mais il y a eu des périodes ou je perdais un milliard de dollars par jour (...) c’est ‘business as usual’ pour la Russie!».
 

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