Taux: la Norvège poursuit à contre-courant

AWP

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Pour la troisième fois en neuf mois, la Banque de Norvège a augmenté son taux de 0,25 point, à 1,25%.

A rebours de la plupart des autres Banques centrales, la Banque de Norvège relève son taux directeur à marche forcée pour éviter l’emballement d’une économie norvégienne encore largement épargnée par le ralentissement mondial.

Pour la troisième fois en neuf mois, l’institut a augmenté jeudi son taux de 0,25 point, à 1,25%, tout en annonçant la poursuite du resserrement monétaire dans les mois à venir à un rythme «un peu plus rapide» que prévu jusqu’à présent.

Largement attendue, la nouvelle hausse s’explique par la vigueur de l’économie norvégienne, dopée par le rebond des investissements pétroliers, la faiblesse de la devise nationale et une politique budgétaire légèrement expansive.

Plus gros producteur de pétrole et de gaz naturel d’Europe de l’Ouest, la Norvège devrait voir son économie croître de 2,6% cette année, hors hydrocarbures et transport maritime, selon les dernières estimations de la Banque centrale.

Malgré un ralentissement, l’inflation dans le pays nordique reste supérieure à l’objectif officiel de politique monétaire (2,0%).

«Tel que nous évaluons les perspectives et les risques, le taux directeur sera très probablement de nouveau relevé au cours de l’année», a précisé le gouverneur de la Banque, Øystein Olsen, en soulignant toutefois suivre de près l’évolution de l’économie mondiale.

Après l’annonce, la couronne norvégienne s’est sensiblement renforcée par rapport aux principales devises.

Ce volontarisme contraste avec l’attitude des Banques centrales des autres pays industrialisés, qui pour la plupart observent le statu quo, voire réduisent leurs taux comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

De leur côté, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont ouvert la porte cette semaine à une baisse de leurs taux pour contrecarrer le ralentissement provoqué par les tensions commerciales sino-américaines.

D’autres hausses à venir?

Si l’économie norvégienne, très tournée vers l’export, n’est pas immunisée contre les turbulences mondiales, notamment via les fluctuations du cours du baril, la Banque de Norvège estime à ce stade que les conditions sont réunies pour relever encore ses taux.

Les documents publiés jeudi laissent entrevoir plus de 50% de chances d’une nouvelle hausse dès septembre, puis une autre encore avant l’été 2020.

Plusieurs économistes ont cependant exprimé leur scepticisme, insistant sur les incertitudes pesant sur l’économie mondiale.

«La Banque de Norvège ne se laisse pas effrayer par les risques internationaux et la chute des taux sur les marchés», a noté Kjersti Haugland, chez DNB Markets. «Nous pensons qu’ils réussiront à procéder à une nouvelle hausse en décembre, mais au-delà Olsen et compagnie ne pourront plus faire cavalier seul».

Pour Kari Due-Andresen, économiste en chef chez Handelsbanken, la hausse annoncée jeudi est même sans doute «la dernière».

«Nous pensons que le refroidissement global et les risques persistants empêcheront la Banque de Norvège d’augmenter davantage le taux directeur», a-t-elle indiqué dans une note.

D’autant que l’horizon s’assombrit aussi à l’intérieur des frontières avec un tassement attendu, puis une baisse des investissements pétroliers, et un resserrement probable de la discipline budgétaire du gouvernement.

Même en l’absence d’une dégradation de la conjoncture internationale, la croissance devrait s’essouffler, à 1,9% l’an prochain et 1,2% en 2021. Ce qui sonnerait la fin du particularisme norvégien.

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