Le fonds souverain de la Norvège risque de sortir de Glencore

AWP

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Les députés ont adopté une proposition du gouvernement de droite de durcir les critères de gestion du fonds et de se désengager davantage des énergies fossiles.

Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde avec plus de 1’000 milliards de dollars d’actifs, va devenir sensiblement plus vert en se désengageant davantage, mais pas totalement, des énergies fossiles, a décidé mercredi le Parlement norvégien.

Le fonds va probablement devoir se désinvestir de géants miniers fortement présents dans le charbon comme le suisse Glencore, l’australien BHP Billiton et l’américain Anglo American, et d’énergéticiens ayant largement recours à cette énergie fossile comme l’allemand RWE et l’italien Enel.

C’est la conséquence d’un vote des députés qui ont adopté, sans surprise, une proposition présentée début avril par le gouvernement de droite en vue de durcir les critères de gestion du fonds.

Celui-ci était jusqu’alors censé se tenir à l’écart des compagnies minières ou producteurs d’énergie dont plus de 30% de l’activité est liée au charbon, mais de gros acteurs du secteur passaient à travers les mailles du filet parce qu’ils disposent d’autres activités importantes.

Désormais, le fonds devra cesser d’investir dans les entreprises produisant plus de 20 millions de tonnes de charbon par an ou plus de 10’000 MW d’électricité à partir de cette énergie fossile.

Selon plusieurs groupes de défense de l’environnement, cette décision devrait l’obliger à vendre ses parts, d’une valeur de près de 5,2 milliards d’euros fin 2018, dans huit entreprises.

«C’est bien de voir que la Norvège se désinvestit de certains des plus gros ennemis de l’Accord de Paris sur le climat», a commenté la cheffe de l’ONG Urgewald, Heffa Schuecking, en regrettant toutefois que cette mesure ne s’applique pas aux entreprises projetant la construction de nouvelles centrales à charbon.

Les députés ont aussi entériné la proposition du gouvernement visant à bannir certaines compagnies pétrolières, celles exclusivement tournées vers l’exploration et la production d’hydrocarbures.

Cette mesure devrait toucher des groupes comme l’américain Chesapeake, le chinois CNOOC ou le français Maurel et Prom, mais épargner les majors parce que celles-ci ont généralement d’autres activités, notamment dans les énergies renouvelables.

Elle répond à des considérations strictement financières: plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’ouest, la Norvège cherche à limiter l’exposition de ses finances publiques à un secteur de plus en plus remis en cause, y compris chez les investisseurs, par la lutte contre le changement climatique.

Le texte adopté mercredi prévoit aussi que le fonds dispose de plus de latitude pour investir dans des projets d’énergies renouvelables, tels que des parcs éoliens ou des fermes solaires, avant même que ceux-ci ne soient cotés en Bourse.

«La grande question économique liée à l’énergie dans la décennie à venir sera la prise d’assaut des bastions de combustibles fossiles par des sources d’énergie renouvelable moins chères à construire et à exploiter, nettement plus propres et aussi beaucoup plus faciles et rapides à déployer», a noté Mark Lewis, responsable de la recherche sur le changement climatique chez BNP Paribas.

Les décisions liées au fonds souverain norvégien, qui contrôle l’équivalent de 1,4% de la capitalisation boursière mondiale, sont d’autant plus importantes qu’elles sont souvent suivies par d’autres investisseurs.

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