Sanctions américaines: l’UE prépare la riposte

AWP

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Les tensions entre l’Europe et les Etats-Unis ont brutalement ressurgi mercredi lorsque Washington a annoncé vouloir taxer 7,5 milliards de dollars de produits européens.

L’UE a promis jeudi de riposter aux sanctions américaines sur les produits européens, espérant néanmoins parvenir à un accord à l’amiable avec Washington afin d’éviter l’escalade d’une guerre commerciale néfaste aux deux côtés de l’Atlantique.

Les tensions entre l’Europe et les Etats-Unis ont brutalement ressurgi mercredi lorsque Washington a annoncé vouloir frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs, après avoir reçu le feu vert de l’OMC dans le cadre de la bataille juridique de 15 ans entre Boeing et Airbus.

La réponse de Bruxelles, qui négocie au nom des 28 Etats membres de l’Union, n’a pas tardé: «si les Etats-Unis imposent des sanctions, ils pousseront l’UE à faire de même», a mis en garde un porte-parole de la Commission européenne, Daniel Rosario, lors d’un point presse.

Même fermeté de la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye, selon laquelle Paris prévoit «des mesures de rétorsion» contre les Etats-Unis, en concertation avec l’Union européenne.

«Regrettant» la décision américaine, M. Rosario a affirmé que ces droits de douanes supplémentaires censés entrer en vigueur le 18 octobre «toucheront d’abord et avant tout les consommateurs et les entreprises américains».

Ces derniers devront en effet payer plus pour des produits dont ils sont friands ou ont besoin. C’est par exemple le cas pour les compagnies aériennes américaines qui achètent des Airbus.

Les taxes viseront majoritairement des produits fabriqués par la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, les quatre partenaires au sein du consortium européen Airbus.

Les avions civils pourront être exportés aux Etats-Unis au prix majoré de 10%, tandis que des vins, des fromages, des olives, des coquillages ou encore des haches et des tournevis seront, eux, frappés d’une majoration de 25%.

Tarifs douaniers sur les voitures

Le dialogue n’est toutefois pas rompu.

Côté américain, on assure toujours «espérer entamer des négociations» avec l’Union européenne. Et l’UE maintient également la porte ouverte: «nous tenons compte de la déclaration du représentant américain au Commerce selon laquelle les Etats-Unis ont prévu de négocier avec l’Union européenne dans le but de résoudre ce problème», a dit M. Rosario.

«La Commission européenne a invariablement indiqué aux Etats-Unis que l’UE est prête à travailler à une solution équitable et équilibrée pour nos industries aéronautiques respectives», a-t-il ajouté.

«Cela fait des mois que nous plaidons pour cet accord commercial. Nous tendons la main. Je souhaite que les Etats-Unis écoutent cette voix qui est à mon sens la voix de la sagesse», a déclaré le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, qualifiant ces sanctions «d’erreur économique profonde».

Le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, cité par le tabloïd Bild, a de son côté prévenu: «dans un monde globalisé, les conflits commerciaux ne servent à personne, ces derniers mois l’ont montré». Il a promis une réaction «déterminée mais réfléchie». L’Allemagne, puissance exportatrice, est fortement affectée par les tensions commerciales mondiales.

Dans une procédure miroir - dans le cadre de la bataille des deux avionneurs rivaux Boeing et Airbus - l’OMC devrait, début 2020, autoriser l’UE à imposer elle aussi des droits de douane en réaction à des subventions indues versées cette fois par Washington au constructeur aéronautique américain.

Il ne s’agit pas des premières taxes américaines sur des produits européens puisque depuis le 1er juin, l’acier et l’aluminium sont frappés de droits de douane afin de réduire le déficit commercial américain.

En représailles, l’UE a ciblé des produits américains comme les Harley-Davidson, le bourbon ou les jeans.

Après une relative trêve, le risque d’une escalade des sanctions n’est donc désormais pas à exclure. Donald Trump doit décider d’ici au 13 novembre s’il impose ou non des tarifs douaniers supplémentaires sur les voitures importées de l’UE, une menace particulièrement redoutée par Berlin.

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