Roche conclut un accord de reprise avec Spark Therapeutics

AWP

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La multinationale rhénane offrira 114,50 dollars par titre aux actionnaires de sa cible de reprise, représentant une prime de 122% sur le cours de clôture vendredi dernier.

Roche met 4,3 milliards de dollars (presque autant en francs) sur la table pour l’acquisition du précurseur américain des thérapies géniques Spark Therapeutics, disposant notamment d’un traitement expérimental prometteur contre l’hémophilie A. La multinationale rhénane avait réalisé fin 2017 une percée remarquée sur cette franchise avec l’homologation aux Etats-Unis de l’Hemlibra.

L’opération doit par ailleurs permettre à Roche de prendre pied à son tour sur le segment des thérapies géniques, imitant en ce sens son voisin Novartis qui avait offert mi-mai 2018 près de 9 milliards de dollars pour le rachat d’un autre groupe américain, Avexis.

Roche offrira aux actionnaires de sa cible de reprise, cotée au Nasdaq, 114,50 dollars par titre en numéraire, représentant une prime de 122% sur le cours de clôture vendredi dernier.

Les conseils d’administration des deux protagonistes ont validé l’opération à l’unanimité, a souligné le mastodonte pharmaceutique dans un communiqué lundi.

Spark Therapeutics peut se targuer d’avoir reçu le premier feu vert de l’Agence sanitaire américaine (FDA) pour une thérapie génique en 2017: le Luxturna (voretigene neparvovec-rzyl) contre une forme de dystrophie rétinienne.

Ce traitement fait depuis début 2018 l’objet d’un accord de développement et de commercialisation avec Novartis, conférant à l’autre colosse pharmaceutique rhénan les droits de distribution en dehors des Etats-Unis. La Commission européenne a validé sa prescriptibilité en novembre dernier.

Approche additionnelle contre l’hémophilie

L’incubateur clinique de la société pennsylvanienne comprend des traitements expérimentaux contre l’hémophilie A et B, ainsi que la choroïdérémie. Spark Therapeutics mène encore des recherches contre la maladie de Pompe et la maladie de Batten, qui pourraient entrer en phase clinique dès cette année.

«Le programme de Spark Therapeutics contre l’hémophilie A en particulier pourrait délivrer une nouvelle option thérapeutique pour les patients vivant avec cette maladie», a souligné dans le communiqué le directeur général de Roche, Severin Schwan.

Spark Therapeutics doit continuer à fonctionner de manière indépendante depuis son siège de Philadelphie une fois intégrée au sein du groupe Roche.

La nouvelle de cette reprise vient confirmer de récents échos de presse, relatant un intérêt de Roche pour Spark Therapeutics. Le Wall Street Journal avait évoqué samedi un prix d’acquisition de jusqu’à 5 milliards de dollars (autant en francs), indiquant que le géant rhénan n’était potentiellement pas l’unique prétendant à cette reprise.

Pas trop cher, mais un peu aventureux

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) évoque un prix parfaitement justifié pour prendre pied dans le domaine des thérapies géniques. L’opération permet par ailleurs au paquebot pharmaceutique d’éviter l’écueil d’une concurrence naissante sur le marché de l’hémophilie.

Le prix proposé pour Spark retient également l’attention de Morgan Stanley, qui rappelle que Novartis avait déboursé deux fois plus cher pour le rachat d’Avexis. L’opération avait certes permis à l’autre colosse pharmaceutique rhénan de mettre la main sur une thérapie génique expérimentale - l’AVXS-101 - à un stade plus avancé que le SPK-8011. Le portefeuille de produits en développement de Spark pourrait néanmoins s’avérer plus riche et diversifié.

Vontobel souligne que Spark dispose avec le SPK-8011 d’un potentiel intéressant de développement de la nouvelle franchise dans l’hémophilie. L’établissement privé zurichois rappelle néanmoins que Biomarin, ainsi qu’une alliance composée de Sangamo et de Pfizer sont également en lice avec des traitements expérimentaux contre cette maladie de la coagulation.

Spark dispose certes de l’unique plateforme de thérapie génique à avoir fait ses preuves à ce jour, mais il reste à voir si cet avantage suffira pour s’imposer avec le SPK-8011 face à ces concurrents.

A la Bourse, le bon de jouissance Roche a fini en repli de 0,3% à 276,40 francs, dans un SMI en hausse de 0,53%.

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