PPI: le plus grand scandale financier depuis la crise de 2008

AWP

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La note monte à 50 milliards de livres pour les banques britanniques.

La facture de l’affaire des assurances-crédits PPI atteint désormais la somme faramineuse de 50 milliards de livres pour les banques britanniques, ce qui en fait le scandale financier le plus retentissant dans le pays hormis la crise de 2008.

Aucun grand nom de la banque au Royaume-Uni n’est épargné par ce dossier de ventes forcées d’assurances-crédits trompeuses qui empoisonne la vie du secteur depuis plusieurs années mais qui touche à sa fin.

Les clients potentiellement lésés avaient jusqu’au 29 août pour se faire connaître auprès de leur établissement, ce qui a déclenché une vague de plaintes de dernière minute, à la surprise des banques qui ne s’attendaient pas à un tel afflux dans une affaire pourtant ancienne.

La ruée a été telle que les lignes téléphoniques et sites internet de certaines banques ont été saturés. Dans la dernière ligne droite, Lloyds Banking Group a par exemple reçu entre 600’000 et 800’000 réclamations par semaine.

Résultat, cette affaire se révèle beaucoup plus coûteuse que prévu pour la plupart des banques qui ont annoncé coup sur coup ces derniers jours être contraintes de mettre davantage d’argent pour indemniser les clients.

Selon des chiffres compilés par le Financial Times publiés mardi, le coût total va dépasser les 50 milliards de livres.

«Enorme coup dur»

«C’est un énorme coup dur puisque ce sont 50 milliards de livres en moins sur les résultats», a déclaré à l’AFP Neil Wilson, analyste chez Markets.com. Ce scandale plombe les comptes des banques depuis des trimestres et devrait encore lourdement peser au troisième trimestre.

Lloyds Banking Group, la plus touchée compte tenu de sa forte exposition à la banque de détail, a annoncé gonfler ses provisions d’un montant compris entre 1,2 et 1,8 milliard de livres. Cela portera ses provisions à près de 22 milliards de livres.

Pour en financer une partie, la banque a même décidé de suspendre son programme de rachats d’actions.

De même, Barclays va mettre de côté entre 1,2 et 1,6 milliard de plus et RBS (Royal Bank of Scotland) entre 600 et 900 millions.

Parmi les autres grandes banques concernées par l’affaire figurent le géant HSBC, CYBG, propriétaire de Clydesdale Bank qui vient de racheter Virgin Money, ou encore Santander UK, filiale du groupe espagnol.

Ce scandale des Payment Protection Insurance au Royaume-Uni (PPI) remonte aux années 1990 quand plusieurs banques ont commencé à vendre des assurances-crédits trompeuses en même temps que des produits bancaires classiques, comme des prêts ou des cartes de paiement.

Ces assurances étaient destinées à soutenir les emprunteurs qui se retrouveraient dans l’incapacité de rembourser un prêt ou de faire face aux échéances, à cause par exemple de la perte d’un emploi, d’un accident ou d’une maladie.

Soutien à l’économie?

Mais après une phase de souscription massive, il est apparu que certaines de ces assurances avaient été vendues sans que les clients en soient informés et que ces couvertures ne fonctionnaient pas toujours comme prévu lorsque les souscripteurs en avaient besoin.

Depuis, les autorités financières ont interdit la vente simultanée de produits d’assurance et de crédit.

Le régulateur financier britannique, la FCA (Financial Conduct Authority), estime qu’environ 64 millions de contrats PPI ont été vendus au Royaume-Uni, la majorité entre 1990 et 2010.

Les clients peuvent espérer en moyenne quelques milliers de livres d’indemnisations et les montants versés sont tellement énormes au total qu’ils sont un soutien non négligeable à la consommation en ces temps incertains du Brexit.

«Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour les banques», mais «énormément d’argent atterrit dans la poche des consommateurs puis dans l’économie», explique sur la radio BBC 4 Jane Sydenham, de la société Rathbones, spécialisé en gestion de patrimoine.

Ce scandale est l’un des plus retentissants de ces vingt dernières années pour le secteur bancaire britannique dont l’image de marque avait déjà souffert des conséquences de la crise financière internationale de 2008.

Pour Neil Wilson, elles peuvent toutefois «désormais tirer un trait sur cette affaire».

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