Novartis veut créer jusqu’à 450 emplois en Argovie

AWP

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Le groupe va construire un site de production de thérapies cellulaire et géniques, après une homologation européenne. Investisseurs peu emballés.

Novartis prévoit d’étoffer ses capacités de production en Suisse dans les thérapies cellulaires et géniques, parmi lesquelles figure en bonne place le traitement Kymriah contre le lymphome. Ce premier représentant de la famille des médicaments à base de cellules T reprogrammées génétiquement (CAR-T) vient d’obtenir une double homologation de la Commission européenne pour une distribution sur le Vieux continent.

L’Agence sanitaire américaine (FDA) avait déjà accordé son feu vert au Kymriah en août de l’année dernière. En Suisse, Swissmedic étudie toujours le dossier déposé par Novartis.

La multinationale pharmaceutique prévoit d’injecter quelque 90 millions de francs dans son site argovien de Stein et d’y créer dans l’immédiat 260 nouvelles places de travail. A terme, la future ligne de production «swiss made» pourra occuper jusqu’à 450 collaborateurs. Les premiers lots de Kymriah devraient quitter l’usine début 2020 à destination des patients européens.

Développé en collaboration avec l’Université de Pennsylvanie, le Kymriah est pour l’heure manufacturé à échelle commerciale par les installations de Morris Plains, dans le New Jersey. Novartis dispose également de facilités de production au sein de l’Institut Fraunhofer de Leipzig, destinées principalement à alimenter les études cliniques, rappelle un communiqué publié lundi.

En juillet, le colosse rhénan avait conclu un accord de sous-traitance de CAR-T avec le laboratoire biotechnologique français Cellforcure, propriété du groupe LFB. La production sur le site de l’Essonne doit débuter dans le courant de l’année prochaine, au terme d’un transfert de technologies. Un projet similaire est en cours d’élaboration au Japon.

Avec l’aval de la Commission européenne, le Kymriah est désormais homologué des deux côtés de l’Atlantique dans deux indications distinctes. La première concerne la leucémie lymphoblastique aiguë à cellules B chez l’enfant et les jeunes adultes jusqu’à 25 ans après récidive de la maladie. La seconde vise le lymphome diffus à grandes cellules B réfractaire ou récidiviste chez les patients adultes ayant déjà subi plusieurs thérapies systémiques.

«L’homologation du Kymriah constitue une étape décisive pour les patients en Europe qui nécessitent de nouvelles solutions de traitement», déclare Liz Barrett, directrice général de Novartis Oncology, citée dans le communiqué.

Ce produit médicinal vivant présente, outre un profil de risque non négligeable, un désavantage majeur: son prix. Aux Etats-Unis, le coût d’une thérapie peut atteindre 475’000 dollars (467’000 francs). Novartis affirme vouloir travailler avec les autorités sanitaires de chaque pays dans le but d’établir «une tarification juste, basée sur la valeur du produit et supportable pour les systèmes de santé nationaux», explique le géant rhénan.

La concurrence pointe son nez

Le Kymriah devient le premier CAR-T à passer la rampe en Europe, souligne Vontobel dans un commentaire. Ce traitement - le premier du genre à avoir obtenu une homologation aux Etats-Unis aussi - y fait désormais face à la concurrence du Yescarta produit par Kite Pharma, filiale de l’américain Gilead.

Les deux produits présentant des similitudes cliniques certaines, leur adoption par les prestataires de soins dépendra essentiellement de facteurs commerciaux tels que les contrats hospitaliers ou la couverture par les caisses maladie, souligne la banque privée.

Evoquant une décision largement attendue, l’établissement zurichois devise toujours le potentiel annuel de revenus du Kymriah à 850 millions de dollars (quasiment autant en francs).

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) rappelle que l’administration de ce traitement demeure subordonnées à toutes les alternatives existantes, des chimiothérapies aux transplantations de cellules souches à l’exception des soins palliatifs. L’établissement cantonal estime correct le tarif de ce traitement - soit près d’un demi-millions de dollars pour une injection unique - au vu de l’absence d’alternative pour les jeunes patients concernés.

A la Bourse suisse, les investisseurs ne se sont pas montrés emballés par les annonces du colosse rhénan. Après une belle incursion en territoire négatif, la nominative Novartis a clôturé en hausse de 0,1% à 82,26, alors que le SMI a engrangé 0,51%.

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