Macron reconfine la France, «submergée» par le COVID-19

AWP

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Le chef de l’Etat a averti les Français que la deuxième vague «sera sans doute plus dure et meurtrière que la première». Il réinstaure le système de l’attestation pour les sorties.

Confinement, acte 2. Emmanuel Macron a annoncé mercredi que les Français allaient devoir «au maximum rester chez eux», à partir de vendredi jusqu’au 1er décembre, pour tenter de faire face à «l’accélération soudaine» de l’épidémie de COVID-19 qui «submerge» toute l’Europe.

Le chef de l’Etat a averti les Français sur un ton grave que la deuxième vague «sera sans doute plus dure et meurtrière que la première» qui avait fait plus de 30’000 morts au printemps.

Pour éviter une flambée des décès, «j’ai décidé qu’il fallait retrouver, à partir de vendredi, le confinement» sur «tout le territoire national», a-t-il annoncé.

Jusqu’au 1er décembre «a minima», «vous pourrez sortir de chez vous uniquement pour travailler, vous rendre à un rendez-vous médical, porter assistance à un proche, faire vos courses essentielles ou prendre l’air à proximité de votre domicile», a-t-il détaillé en annonçant le retour de l’attestation. Avec toutefois trois changements majeurs par rapport au confinement du printemps: les écoles, collèges et lycées resteront ouverts, le travail pourra continuer, les Ehpad et les maisons de retraite pourront être visités». A l’université, les cours en ligne seront privilégiés.

La population avait déjà été confinée pendant 55 jours, du 17 mars au 11 mai, avec de sévères restrictions des déplacements et la fermeture des établissements scolaires, des commerces non essentiels et des frontières.

Le dispositif sera réévalué «tous les 15 jours» mais, voulant faire preuve d’un peu d’optimisme, Emmanuel Macron a brandi «l’espoir de célébrer en famille Noël et les fêtes de fin d’année».

Pour la Toussaint, célébrée ce week-end, les cimetières «demeureront ouverts» et «je veux que nous puissions continuer à enterrer dignement nos proches», a ajouté le président dans cette allocution de 22 minutes.

«sous le choc»

Mais, a-t-il insisté, le mot d’ordre est: «Restez au maximum chez vous, respectez les règles». Car «la réussite dépend du civisme de chacune et chacun d’entre nous».

Ces derniers mois, Emmanuel Macron avait répété que la stratégie du gouvernement était de «tout faire pour éviter» un nouveau confinement national qui est, selon lui, «la mesure la plus fruste pour lutter contre un virus».

Dans un bar du Xe arrondissement de Paris, ces annonces ont été reçues avec consternation. «J’ai envie de pleurer. Je suis sous le choc (...) Ils auraient dû le dire avant, ne pas faire ces demis mesures», déclarait Morgane Lutgen, 30 ans.

«L’avenir s’était déjà noirci et se renoircit. Mais on n’a pas le choix. Espérons seulement que cette fois-ci ça marche vraiment», a souhaité Grégoire Marcotte, barman de 28 ans.

Restés ouverts ces dernières semaines malgré le couvre-feu, les bars et les restaurants devront rebaisser le rideau, ainsi que les commerces non essentiels, comme cela avait été le cas au printemps. Les lieux de culture et salles de spectacle n’ont pas été évoqués mais ils faisaient partie des lieux fermés au printemps.

L’ensemble des mesures sera détaillé jeudi à 18h30 par le Premier ministre Jean Castex qui les défendra auparavant à l’Assemblée nationale et au Sénat, où les débats seront suivis de votes.

«L’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer», a insisté Emmanuel Macron. «L’activité continuera avec plus d’intensité (par rapport au premier confinement), ce qui veut dire que les guichets des services publics resteront ouverts, les usines, les exploitations agricoles, les bâtiments et travaux publics continueront de fonctionner».

«Un plan spécial sera fait pour les indépendants, les commerçants, les très petites et moyennes entreprises», et les salariés et les employeurs «qui ne peuvent pas travailler continueront (...) à bénéficier du chômage partiel et nous compléterons par des mesures de trésorerie pour les charges, les loyers des prochaines semaines», a-t-il indiqué.

télétravail généralisé

Pour le reste de la population, le travail «pourra continuer» pendant le confinement: «Vous pourrez sortir pour travailler», a-t-il assuré, mais «partout où c’est possible, le télétravail sera à nouveau généralisé».

Preuve de l’inquiétude des investisseurs, la Bourse de Paris a reculé mercredi de 3,37%, à l’instar des autres places mondiales.

Emmanuel Macron, dont la gestion de l’épidémie est sous le feu des critiques de l’opposition, a insisté sur le fait que le rebond de l’épidémie «débordait» toute l’Europe. Quelques heures avant lui, Angela Merkel a d’ailleurs annoncé des mesures drastiques - mais moins qu’en France - en Allemagne, dont la fermeture pour un mois des restaurants et structures de loisirs.

«Quoi que nous fassions, près de 9’000 patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi-totalité des capacités françaises», a-t-il prévenu, faisant écho aux fortes inquiétudes exprimées par les experts ces dernières semaines. Les capacités de réanimation seront portées à 10’000 lits, soit un doublement du nombre initial.

Le nombre de patients s’y élevait mercredi à 3’036, soit plus de la moitié des 5’800 lits de réa disponibles dans toute la France.

Parmi les premiers politiques à réagir, Bruno Retailleau (LR) a dit «penser à tous les Français sur lesquels s’abat la brutalité d’un nouveau confinement. Une mesure rendue nécessaire par l’échec cinglant du gouvernement dans la lutte contre le virus». Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), «le déconfinement est un échec. L’épidémie est hors de contrôle. Le président aussi».

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