Londres n’en finit plus de couper dans son budget

AWP/AFP

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La ministre des Finances Rachel Reeves devrait annoncer mercredi de nouvelles coupes touchant cette fois la fonction publique d’Etat, après des économies impopulaires sur les retraités, les malades et les personnes handicapés.

Déterminé à assainir les finances publiques malgré un contexte économique morose, le gouvernement britannique de centre-gauche s’apprête à annoncer de nouvelles coupes budgétaires touchant cette fois la fonction publique d’Etat, après des économies impopulaires sur les retraités, les malades et les personnes handicapés.

La pression est intense sur la ministre travailliste des Finances, Rachel Reeves, qui présentera ces mesures mercredi lors de la traditionnelle «déclaration de printemps», qui sert de mise à jour économique et budgétaire.

Sa principale annonce est connue: une réduction de 15% des coûts de fonctionnement de l’administration centrale d’ici 2029/2030 et donc moins de fonctionnaires dans les ministères et les établissements publics.

La mesure permettrait à terme d’économiser plus de 2 milliards de livres par an (2,4 milliards d’euros), selon la presse britannique.

«Je préfère que les gens travaillent en première ligne dans nos écoles et nos hôpitaux, dans notre police, plutôt que dans des emplois administratifs», a détaillé dimanche Mme Reeves sur Sky News.

La ministre cible 10.000 postes en moins sur environ 500.000, mais des syndicats estiment que 50.000 emplois seront supprimés.

Cette annonce fait suite à la suppression à l’automne d’une aide au chauffage pour les retraités, puis la semaine passée à une coupe de 5 milliards de livres dans les allocations pour personnes handicapées et les malades de longue durée, qu’une partie des députés travaillistes avaient eu du mal à avaler.

«Faire rougir» Musk

Ces coupes sont d’autant plus difficiles à digérer que Mme Reeves avait annoncé fin octobre 40 milliards de livres de hausse des cotisations patronales suscitant d’ailleurs l’ire des entreprises, qui promettent des conséquences dramatiques sur l’emploi et les salaires.

Pour apaiser l’opinion, le gouvernement met en avant l’augmentation des moyens à destination du NHS, le système de santé défaillant, ou encore une ambitieuse réforme du droit du travail pour améliorer les droits des salariés.

Mais sa marge de manoeuvre est limitée, avec une économie est en stagnation, touchée comme le reste du monde par la brutalité commerciale et l’imprévisibilité diplomatique de Donald Trump.

Le premier ministre Keir Starmer a d’ailleurs annoncé une sensible augmentation du budget de la défense qu’il faut bien compenser ailleurs.

«Les réductions de prestations sociales et de dépenses gouvernementales des travaillistes pourraient faire rougir le Doge», la commission d’Elon Musk chargée de réduire drastiquement les dépenses de l’Etat fédéral américain, ironise Kathleen Brooks, analyste chez XTB. «Mais cela aidera-t-il l’économie britannique à croître?»

Sabrina Carpenter

Voilà des mois que Rachel Reeves est en première ligne sur le délicat dossier budgétaire, égrenant les mauvaises nouvelles - qualifiées de «choix difficiles» - tout en encaissant les indicateurs économiques défavorables.

Les dernières données font état d’un PIB en recul de 0,1% et d’une inflation à 3% en janvier. Mme Reeves a été confrontée le même mois à une baisse significative de la livre et à des taux record d’emprunts de la dette.

Selon Kathleen Brooks, la chancelière de l’Echiquier - son titre officiel - pourrait d’ailleurs «juger sa déclaration de printemps réussie si le marché obligataire reste calme».

Les réformes travaillistes «ne ramènent pas la stabilité dans l’économie, mais la détériorent profondément», a attaqué dimanche le député conservateur Mel Stride. «La confiance des entreprises s’est effondrée (et) la croissance a été stoppée net.»

Un autre dossier polémique complique encore la situation de Mme Reeves en ces temps d’économies: la possible suppression d’une taxe sur les géants de la tech, qui rapporte 800 millions de livres par an, en monnaie d’échange afin d’échapper aux taxes douanières de Donald Trump. La ministre n’a ni confirmé, ni démenti.

Elle est aussi embourbée dans une controverse personnelle, pour avoir accepté des billets gratuits pour un concert de la chanteuse américaine Sabrina Carpenter, une pratique jugée inappropriée pour une ministre en Angleterre.

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