Les provisions pour risque de crédit vont exploser à court terme

AWP

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Dans un sondage d’EY, 75% des banques redoutent une hausse sensible des correctifs de valeur, en particulier dans les activités de crédit avec les PME, contre 12% l’an dernier.

L’affaiblissement des petites et moyennes entreprises (PME) causé par la crise pandémique devrait laisser des traces sur la performance des banques suisses. Après une année 2020 marquée par la constitution de réserves, les provisions pour risque de crédit vont encore augmenter «fortement» à court terme, selon un sondage mené par EY.

Parmi les établissements interrogés, 75% redoutent une hausse sensible des correctifs de valeur, en particulier dans les activités de crédit avec les PME, indique jeudi le géant du conseil. L’année dernière, la proportion était de 12%.

«A long terme, les banques ne cèdent toutefois pas à la panique face aux menaces de défaillances de crédit», relativise Timo D’Ambrosio, directeur de l’audit pour les services financiers chez EY Suisse.

Pour 36% des sondés, les défaillances de crédit vont augmenter dans un horizon de six à douze mois, alors que 7% des participants craignaient une telle évolution lors de la précédente édition du baromètre bancaire d’EY. Le secteur se montre moins optimiste sur la marche des affaires à court terme, 59% attendant un développement positif contre 67% précédemment.

«Les banques régionales seront les plus affectées, car elles sont traditionnellement plus engagées sur les crédits aux entreprises», a considéré Patrick Schwaller, associé chez EY Suisse, lors d’une conférence de presse.

Sur la base des réponses, les spécialistes d’EY écartent cependant un effondrement du marché des crédits, qu’ils soient aux entreprises ou immobiliers, débouchant sur une crise bancaire systémique. «Il faudrait pour cela une chute (conjoncturelle) qu’aucun économiste ne prévoit à l’heure actuelle», a rassuré M. D’Ambrosio.

Pour Patrick Schwaller, le phénomène de consolidation qui touche le secteur bancaire depuis 20 ans va se poursuivre, coronavirus ou pas.

Taux négatifs répercutés, une tendance

Le géant du conseil affirme que les banques suisses vont absorber le choc sans ciller. Les efforts en termes de capitalisation et de réduction des risques fournis depuis la crise financière de 2008 ont payé, selon EY. Pour le secteur, la pandémie de coronavirus a constitué un test de résistance «passé avec succès».

Plus de la moitié (53%) des établissements sondés émettent un avis positif sur la marche des affaires au cours des derniers mois, précise le communiqué.

Les banques doivent toujours composer avec la faiblesse des taux d’intérêts, une situation défavorable pour ces entreprises et qui va vraisemblablement durer encore longtemps. Pour 82% des sondés, ce contexte prévaudra encore dans dix ans. EY pointe du doigt le «problème structurel» de rendement dans les opérations d’intérêts, principale activité pour bon nombre d’institutions en Suisse.

Autrefois considérée comme un tabou par la profession, la répercussion à grande échelle des taux négatifs sur les clients privés devient peu à peu une réalité. Seuls 11% des participants au sondage l’excluent totalement, contre une proportion de 21% l’année dernière. Il y a cinq ans, une large majorité (70%) écartait cette solution d’un revers de main.

Les résultats du sondage sont toutefois à relativiser, car les décisions se prendraient «au cas par cas», selon Patrick Schwaller. «Les petits épargnants ne seront pas les premiers visés», a-t-il renchéri.

Très touchées par cette situation, les banques de détail réagissent différemment. Du côté des banques cantonales, une faible minorité (6%) exclut de répercuter les taux négatifs aux clients, contre 14% pour les établissements régionaux.

La volatilité provoquée par la pandémie de COVID-19 sur les marchés financiers va profiter aux activités de gestion des banques sondées, qui entrevoient globalement de bonnes performances pour les opérations de commissions et de prestations de service. En termes de réglementation, rares sont les banques qui pensent qu’un allègement va intervenir.

Avec le coronavirus, le recours au télétravail - donc aux canaux numériques de communication - ont confirmé l’intérêt d’une majorité des sondés pour les nouvelles technologies. Les clients emploient de plus en plus des portails virtuels et autres applications pour effectuer leurs opérations, ce qui fournit des opportunités de croissance à la branche.

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