Les analystes toujours plus pessimistes face à un ralentissement

AWP

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Selon les résultats de l’enquête menée en juin auprès de 33 analystes et dévoilée mercredi, plus 78% des spécialistes interrogés tablent sur un ralentissement de l’économique helvétique.

Les analystes se montrent toujours plus pessimistes quant à l’évolution de la conjoncture helvétique et internationale. Jamais depuis l’abandon par la Banque nationale suisse (BNS) du taux plancher liant franc et euro en janvier 2015 les experts sondés par Credit Suisse et la société CFA n’avaient été aussi nombreux à anticiper un ralentissement conjoncturel ces six prochains mois.

Selon les résultats de l’enquête menée en juin auprès de 33 analystes et dévoilée mercredi, plus 78% des spécialistes interrogés tablent sur un ralentissement de l’économique helvétique. Le mois précédent, la part des experts prévoyant une telle évolution conjoncturelle avait atteint 58%. L’indice compilé par le numéro deux bancaire helvétique et CFA s’est ainsi établi à 72,7 points, soit une chute de 20,1 points par rapport au chiffre déjà «exceptionnellement mauvais» affiché en mai.

Et les anticipations ne sont pas meilleures pour la conjoncture en zone euro et aux Etats-Unis, trois experts sur quatre s’attendant à un ralentissement au cours des six prochains mois. Si l’enquête juge l’ampleur de la vague de pessimisme remarquable, l’évolution n’est guère surprenante, la vigoureuse inflation, les resserrements des politiques monétaires des banques centrales et les incertitudes géopolitiques ayant miné les attentes, après la forte reprise économique affichée durant les dix-huit derniers mois.

Les analystes s’interrogent désormais quant à l’évolution de l’inflation. Source importante de l’actuel renchérissement, les prix du pétrole sont comme depuis le début de l’année toujours attendus en baisse, le nombre de spécialistes prévoyant une telle détente ces six prochains mois augmentant de mois en mois, malgré les sanctions visant la Russie.

Pas la joie pour les marchés d’actions

Il n’en demeure pas moins que les anticipations inflationnistes à court terme restent volatiles et pour l’heure aucun pic clair n’a encore été identifié.

L’actuelle morosité pèse aussi sur les prévisions des analystes concernant les marchés d’actions. Fait rare, les spécialistes anticipant une baisse d’ici la fin de l’année sont désormais plus nombreux que ceux à attendre une progression pour les indices du marché suisse SMI ainsi que les indicateurs EuroStoxx 50 et le S&P 500.

Du côté des marchés de changes, les experts ont également ajusté leurs attentes, 60% d’entre eux prévoyant un renforcement ces six prochains mois du franc par rapport à l’euro, après le resserrement surprise de la politique monétaire de la BNS et la hausse de son taux d’intérêt. Et de nouvelles hausses, tant de la BNS, de la Banque centrale européenne et de la Réserve fédérale américaine (Fed), sont attendues avant la fin de l’année.

Près d’un tiers des analystes prévoit ainsi que le taux d’intérêt de l’institut d’émission helvétique se situe à la fin de l’an prochain entre 0 et 0,5%. Une proportion identique anticipe elle un niveau entre 0,5 et 1%. Les auteurs de l’enquête observent cependant une dispersion, et donc des incertitudes, relativement élevées.

A plus long terme, soit à un horizon de cinq ans, les attentes à long terme en matière de taux d’intérêt augmentent également. Dans cinq ans, près de la moitié des experts s’attendent à des rendements des obligations de la Confédération à dix ans dans une fourchette de 0 à 2%, 45% prévoyant des rendements entre 2 et 4%. Ils sont même 10% à anticiper des rendements supérieurs à ce niveau.

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