Le gouverneur de la BdF alerte sur les risques d’une dédollarisation

AWP

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«Il serait pire que tout de basculer d’un système dominé par le dollar à un système qui serait en réalité une absence de système marquée par la confrontation», a alerté François Villeroy de Galhau à Marrakech.

Le gouverneur de la Banque de France a alerté mercredi sur les risques que ferait courir à l’économie mondiale une dédollarisation des échanges internationaux qui surviendrait de manière non maîtrisée et renforcerait notamment le risque de fragmentation.

«Il serait pire que tout de basculer d’un système dominé par le dollar à un système qui serait en réalité une absence de système marquée par la confrontation», a alerté François Villeroy de Galhau, lors d’un discours en marge des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), qui se tiennent à Marrakech, au Maroc, jusqu’à dimanche.

Si elle était réalisée de manière désordonnée, une telle transition pourrait «générer instabilité et inefficacité, en particulier dans la perspective de la gestion de crises: un filet mondial de sécurité financière fragmenté n’est pas efficace», a-t-il ajouté.

Reconnaissant néanmoins la nécessité de tenir compte des nouveaux équilibres économiques mondiaux, M. Villeroy de Galhau souhaite voir les efforts se concentrer sur la création d’un «système multipolaire réellement équilibré et résilient».

Cette même nécessité de tenir compte de l’évolution des équilibres économiques doit entraîner «une révision des quotas de distribution du FMI» que le gouverneur de la Banque de France juge «inévitable».

Basés sur la part représentée par chaque pays dans l’économie mondiale, les quotas donnent accès à des financements de la part du FMI mais également à des droits de vote à son conseil d’administration, où se décident les grandes orientation de l’institution.

Actuellement, la distribution des quotas favorise les économies avancées, en particulier les pays européens, au détriment des grands pays émergents, Chine et Inde en tête, qui réclament depuis plusieurs années une réforme du système.

Mais les pays occidentaux, s’ils se disent ouverts sur le principe, se montrent en réalité rétifs à l’idée, craignant de voir le rôle de la Chine au sein du FMI se renforcer.

«Les pays émergents qui bénéficieront» d’une telle réforme, «notamment la Chine, doivent également accepter les règles du jeu commune», a insisté M. Villeroy de Galhau.

En particulier, ils doivent «accepter leur juste part dans la restructuration de la dette» des pays en situation de crise et «financer les biens communs mondiaux, en particulier en lien avec le réchauffement climatique».

La Chine est régulièrement accusée d’avoir traîné des pieds lors des négociations de restructuration de la dette de plusieurs pays, en particulier celles du Sri Lanka, de la Zambie et du Ghana, entraînant du retard dans la possibilité pour ces pays de signer un plan d’aide avec le FMI.

Une telle réforme pourrait également donner «l’opportunité de créer de nouveaux découpages pour l’Europe», au conseil d’administration, a proposé M. Villeroy de Galhau.

Aujourd’hui, une dizaine de sièges représentent des pays européens, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni en ayant chacun un.

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