Le baromètre conjoncturel CREA prévoit une évoluion au premier trimestre 2021

Communiqué, Institut CREA

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Les baromètres conjoncturels CREA sont trimestriels et se basent, pour la présente édition, sur des données observées au troisième trimestre 2020.

L'indice conjoncturel CREA pour la Suisse a perdu 2,9 points entre le premier trimestre 2020 et le troisième et, avec 96,6, affiche un déficit de production de -3,4% par rapport à l'équilibre. Il se redresse légèrement au quatrième trimestre, son écart de production atteignant alors -3,1%, ce qui reste toutefois l'écart le plus important depuis le quatrième trimestre de 2009. L'indice se redresse ensuite plus nettement au premier trimestre de 2021, en gagnant 2,2 points, se rapprochant de la valeur d'équilibre, mais se maintenant encore dans la zone de contraction ou de faible croissance, son déficit de production restant négatif, avec -0,9%.

Selon les récentes estimations du SECO, la croissance helvétique a baissé de 7,8% au deuxième trimestre, au plus fort de la crise sanitaire. Au troisième trimestre, le recul s'est limité à 1,6%, ce qui est néanmoins la baisse trimestrielle la plus forte depuis le troisième trimestre de 2009. Les principaux indicateurs industriels du KOF pour la Suisse ont commencé à se redresser, mais trop timidement et ils se maintiennent dans le rouge. Il en est ainsi de l'indice de la marche des affaires et en particulier de celui des entrées de commandes. Après une forte chute de 18% au deuxième trimestre, les exportations suisses ont encore reculé de 8% au troisième trimestre et, selon les chiffres les plus récents, les onze premiers mois de 2020 se terminent par une baisse de 7,7% de la valeur des exportations. Du côté des PME exportatrices, les attentes se situent à des niveaux historiquement bas selon le sondage le plus récent réalisé par Switzerland Global Enterprise. Elles sont fortement impactées par l'incertitude et l'instabilité générales.

L'indice conjoncturel CREA pour la Romandie perd 2,2 points au quatrième trimestre 2020 par rapport au troisième trimestre. Il s'enfonce un peu plus dans la zone de contraction, son écart de production par rapport à l'équilibre atteignant à ce moment-là -3,1% et se situant à peu près au même niveau que l'indice suisse. Au premier trimestre 2021, l'indice gagne 2,1 points, mais n'arrive pas à sortir de la zone de contraction, son écart de production par rapport à l'équilibre restant négatif, avec -1%, soit un écart toujours équivalent à l'écart au niveau suisse. A noter que l'indice romand tombe moins bas et se redresse plus rapidement que lors de la crise financière de 2009.

La conjoncture en Suisse

L'indice conjoncturel CREA pour la Suisse s'est retrouvé dans la zone de contraction au premier trimestre 2020 déjà, alors que ceux de la plupart des cantons romands (à l'exception de celui pour Fribourg) se trouvaient encore dans la zone de croissance. L'indice suisse perd ensuite 2,9 points jusqu'au troisième trimestre et, avec 96,6, est nettement inférieur aux valeurs romandes. En revanche, il se redresse légèrement au quatrième trimestre, alors que les indices romands continuent à baisser. L'écart de production par rapport à l'équilibre atteint à ce moment-là 3,1%. L'indice se redresse plus nettement au premier trimestre de 2021, en gagnant 2,2 points, mais il se maintient dans la zone de contraction, son écart de production restant encore négatif, avec -0,9%. Il dépasse l'indice romand, mais de seulement 0,1 point.

Même si les principaux indicateurs industriels du KOF pour la Suisse restent dans le rouge, ils ont commencé à se redresser, mais trop timidement. L'indice de la marche des affaires, après avoir perdu 25 points en moyenne au deuxième trimestre, a repris 10 points au troisième trimestre et, selon les sondages récents, s'est approché de valeurs positives en octobre-novembre. Il en de même de l'indice des entrées de commandes, qui reste fortement est négatif au troisième trimestre, mais se redresse en octobre-novembre. Les carnets de commandes se sont remplis un peu plus et en conséquence les perspectives d'achat de biens intermédiaires se sont améliorées aussi et l'indice est devenu positif au troisième trimestre. Cependant la situation reste fragile, une tendance nette à la hausse n'étant pas encore détectable.

Après une forte chute au deuxième trimestre, -18%, les exportations suisses ont encore reculé de 8% au troisième trimestre. Selon les dernières estimations, les onze premiers mois de 2020 se terminent par une baisse de 7,7% de la valeur des exportations. Parmi les poids lourds des exportations suisses, les produits des industries chimiques et pharmaceutiques, qui représentent plus de la moitié des exportations, ont pu tirer leur épingle du jeu au deuxième trimestre, leurs exportations augmentant encore de 1,8%. Mais, elles n'ont plus résisté au troisième trimestre et elles ont reculé de 4,4%, ce recul s'étant prolongé en octobre avec -11,2%. Les produits de l'horlogerie, bijouterie et instruments de précisions ont chuté d'environ un quart au cours des trois premiers trimestres de 2020 et ceux de l'industrie MEM ont diminué de presque 14% au cours de la même période. Selon Swissmem, les entreprises sondées récemment sont d'avis que le creux a été franchi au deuxième trimestre et que les affaires vont reprendre, mais seulement faiblement, car les entrées de commandes ont encore diminué au troisième trimestre. Désormais, 38% des entreprises sondées (22% lors du sondage précédent) prévoient une hausse des commandes au cours des douze prochaines mois. Du côté des PME exportatrices, les attentes restent à des niveaux historiquement bas selon un sondage réalisé par Switzerland Global Enterprise pour la deuxième moitié de l'année 2020. Le sondage tient compte à la fois des attentes pour le semestre et des ventes réalisées jusque-là. La valeur du baromètre des exportations du CS reste également à de bas niveaux, comparables à ceux observés lors de la crise financière de 2009. Il s'est toutefois légèrement redressé. L'indice Swiss PMI des directeurs d'achat, s'est stabilisé dès les mois d'été et pointe désormais vers un rétablissement de l'économie suisse, mais tout reste très incertain avec les effets de la deuxième vague de covid-19.

Quant au marché du travail, la situation est tendue. Le sous-indice de l'emploi du Swiss PMI susmentionné indique toujours une diminution des effectifs pour novembre et cela pour le neuvième mois consécutif. L’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi de l’OFS a reculé de 2,3% au troisième trimestre, avec -4,5% pour la seule industrie manufacturière et -2,2% pour le secteur tertiaire dans son ensemble.

La conjoncture en Suisse romande

L'indice conjoncturel CREA pour la Suisse romande perd 2,2 points au quatrième trimestre 2020 par rapport au troisième trimestre, le dernier trimestre observé. Il s'enfonce un peu plus dans la zone de contraction, son écart de production par rapport à l'équilibre atteignant -3,1%. Au quatrième trimestre, l'indice romand se situe à peu près au même niveau que l'indice suisse. Au premier trimestre 2021, il gagne 2,1 points, mais n'arrive pas à sortir de la zone de contraction, son écart de production par rapport à l'équilibre restant négatif, avec -1%, un écart équivalent à l'écart au niveau suisse (-0,9%). Au quatrième trimestre, l'indice romand est tiré vers la bas en particulier par l'indice vaudois, qui perd 3,7 points, les autres indices reculant moins. L'indice vaudois est le seul à se retrouver nettement sous la valeur suisse au quatrième trimestre 2020. Au premier trimestre 2021, l'indice romand se redresse de 2,1 points, soit à peu près du même montant que l'indice suisse. C'est du même indice vaudois que vient cette fois-ci l'impulsion vers la haut, car l'indice vaudois gagne 2,7 points au premier trimestre, soit nettement plus que les autres indices. L'indice genevois, qui gagne 2,1 points,, pousse également l'indice romand vers le haut. Les indices fribourgeois, neuchâtelois, valaisan et jurassien se redressent aussi, mais dans une moindre mesure, entre 0,9 et 1,8 points. A noter également que l'indice romand tombe moins bas et se relève plus rapidement que lors de la crise de 2009.

Les indices industriels du KOF, même s'ils se sont pour la plupart redressés au troisième trimestre, restent pourtant fortement négatifs et certains se sont même à nouveau détériorés récemment. Ce sont les cantons de Neuchâtel et de Vaud qui semblent souffrir le plus, leur indice de la marche des affaires étant parmi les plus bas pour les cantons sous revue. Pour l'indice des entrées de commandes, ce sont les cantons de Neuchâtel et de Genève qui enregistrent les valeurs les plus basses au troisième trimestre, le canton du Valais étant le seul à noter un indice positif. L'indice toujours négatif des entrées de commandes ne laisse guère entrevoir une amélioration nette des activités de production, d'autant plus que certains cantons, en particulier Neuchâtel et Jura, dépendent fortement de la demande étrangère dans les domaines de l'horlogerie et instruments de précisions et des produits de l'industrie MEM (machines, équipements électriques et métaux). Or, selon Swissmem, les commandes venant de l'étranger ont encore reculé de 4,3% au troisième trimestre de 2020, voire de 6,7% pour les commandes domestiques.

Le secteur de la construction pour l'ensemble de la Romandie s'est détérioré au troisième trimestre, avec un recul du chiffre d'affaires de 22,5%, sur une base annuelle. Les entrées de commandes ont diminué de 5,4% et les projets de construction de 14,2%. La faible hausse d'environ 1% des réserves de travail ne sera pas suffisante pour que les activités de construction augmentent dans les mois à venir.

GENèVE

L'indice conjoncturel CREA pour le canton de Genève, après avoir continué à diminuer au quatrième trimestre 2020, se redresse au premier trimestre de 2021 et gagne 2,1 points par rapport au dernier trimestre de 2020. Il reste cependant toujours dans la zone indiquant une contraction des activités économiques, l'écart de production atteignant -0,8% par rapport à l'équilibre, alors qu'au quatrième trimestre cet écart s'élève encore à -2,9%. Si cette tendance se confirme, l'indice se sera redressé plus rapidement que lors de la crise financière de 2009. L'indice genevois se situe au niveau de la valeur suisse, mais il est dépassé par les indices fribourgeois, jurassien et valaisan qui atteignent des valeurs un peu plus élevées.

VAUD

L'indice CREA pour le canton de Vaud est celui qui perd le plus de terrain au quatrième trimestre 2020, tombant nettement sous la valeur suisse. A ce moment-là son écart de production se monte à -4,3%, ce qui est toutefois moins marqué que lors de la crise financière de 2009. Si l'indice vaudois est celui qui diminue le plus au dernier trimestre de 2020, c'est également celui qui remonte le plus la pente au premier trimestre 2021, en gagnant 2,7 points. Cependant, il n'arrive pas à rejoindre les autres cantons qui sont plus proches de l'équilibre au premier trimestre que Vaud. En effet, avec une valeur de 98,4, l'indice vaudois indique un écart de production de -1,6%, ce qui est l'écart négatif le plus élevé (avec celui de Neuchâtel). L'indice vaudois reste également nettement inférieur à la valeur suisse.

FRIBOURG

L'indice CREA pour le canton de Fribourg est entré dans la zone de contraction au premier trimestre 2020 déjà, soit avant les autres cantons. Mais, il a ensuite perdu moins de terrain jusqu'au quatrième trimestre de 2020 que les autres cantons sous revue ici (à l'exception de celui du canton du Valais). C'est également l'indice qui gagne le plus au premier trimestre de 2021, en restant toutefois sous la valeur d'équilibre, son écart de production se montant à -0,5%. L'indice fribourgeois dépasse également la valeur suisse et semble se sortir mieux de la crise actuelle que de celle de 2009.

NEUCHâTEL

L'indice conjoncturel CREA pour le canton de Neuchâtel perd 3,3 points au quatrième trimestre 2020 par rapport au troisième et se retrouve avec un écart de production négatif de 3,2% par rapport à l'équilibre, le plus élevé après celui pour le canton de Vaud. Il reste cependant au niveau de l'indice suisse. Au premier trimestre de 2021 il gagne 1,5 point, ce qui est peu comparé aux autres cantons sous revue et cela le place en dernière position. Il se situe nettement non seulement sous la valeur d'équilibre, avec un écart de production négatif de 1,7%, mais également sous la valeur suisse. Si l'indice est tombé moins bas que lors de la crise financière de 2009, il se peut cependant que le canton prenne plus de temps à se remettre de la crise actuelle, comme ce fut déjà le cas lors de la crise de 2009.

VALAIS

L'indice CREA pour le canton du Valais est celui qui diminue le moins au quatrième trimestre 2020. Venant d'un niveau élevé au deuxième trimestre 2020 (101,5) et restant proche de la valeur d'équilibre au troisième trimestre (99,9), il ne descend que jusqu'à une valeur de 99,0 au quatrième trimestre, soit un écart de production par rapport à l'équilibre de seulement -1%. A l'instar des autres cantons sous revue ici, il se redresse au premier trimestre 2021, mais c'est le seul à repasser dans la zone d'expansion et son écart de production par rapport à l'équilibre redevient positif, avec 0,5%. Il dépasse d'environ 1,5 point à la fois la valeur romande et la valeur suisse. L'histoire semble ainsi se répéter pour l'indice valaisan, car c'était également celui qui a été impacté le moins lors de la crise financière 2009.

JURA

L'indice CREA pour le canton du Jura se stabilise au quatrième trimestre en ne perdant plus que 0,1 point, soit la baisse la moins élevée comparé aux autres cantons. Il se place ainsi en deuxième position après l'indice valaisan. Comme tous les autres cantons romands, il se retrouve dans la zone de contraction et son écart de production se monte à -1,3%. Il dépasse de 1,7 point la valeur suisse. En revanche, il gagne moins de terrain que les autres au premier trimestre 2021, mais, comme il est aussi tombé moins bas que les autres au quatrième trimestre, il reste en deuxième position (après l'indice valaisan) au premier trimestre 2021 et il se rapproche de la valeur d'équilibre, son écart de production se montant à -0,5%.

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