La Poste suspend ses transports de fonds depuis Daillens

AWP

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Les conséquences des attaques de fourgons motivent cette décision qui risque de perturber momentanément l’approvisionnement des postomats en Suisse romande. 

La Poste suspend ses transferts de fonds depuis Daillens (VD). L’assureur ne garantit plus la couverture des convois après l’attaque début décembre d’un fourgon. L’approvisionnement des postomats en Suisse romande risque d’être momentanément perturbé.

Le 2 décembre, des malfaiteurs ont agressé brutalement un transporteur de fonds de SecurePost, filiale de La Poste. Cette attaque n’était pas la première. Pour La Poste, les conditions de sécurité ne sont ainsi plus assurées en Suisse romande, indique-t-elle lundi dans un communiqué.

Suite à la suspension de la couverture d’assurance, La Poste n’est plus en mesure d’assurer les transports de fonds et d’objets de valeur au départ et à destination de Daillens, un des sites de distribution d’argent pour la Suisse romande. Elle utilise désormais d’autres canaux pour répondre aux besoins de la population et des entreprises.

Perturbations pas exclues

«La Poste met tout en oeuvre pour contribuer à l’approvisionnement de fonds», a précisé Laurent Savary, porte-parole de La Poste pour la Suisse romande, au micro de la RTS. Mais l’allongement de certains trajets pour le transfert pourra entraîner des perturbations.

«On ne peut pas exclure que certains postomats par exemple aient un défaut de liquidités pendant un certain temps», a-t-il ajouté. Mais il rappelle qu’il y a de nombreux points d’accès différents pour se fournir en cash, comme des agences partenaires ou des offices de poste.

Après le braquage, La Poste a également pris des mesures. Par exemple, les véhicules de transport sont dotés de systèmes qui maculent d’encre les billets de banque en cas d’attaque. D’autres mesures restent confidentielles, afin de ne pas faciliter la tâche des malfaiteurs et pour protéger le personnel.

La Poste attend de tous les acteurs concernés qu’ils prennent leurs responsabilités. La sécurité et le maintien de l’ordre ne font pas partie des missions de La Poste, a rappelé en substance M. Savary. Cette tâche revient aux autorités qui doivent prendre des mesures pour garantir le transport d’argent liquide en Suisse romande, région nettement plus touchée qu’outre-Sarine.

Protéger les personnes

Selon Luc Sergy, directeur de l’Association des entreprises suisses de services de sécurité (AESS), La Poste n’est pas plus touchée par les attaques de fourgon que les autres entreprises. Pour lui, il importe surtout de garantir la sécurité des personnes, à savoir les convoyeurs, les policiers et les citoyens.

Trois mesures permettraient selon lui de rendre la Suisse moins attractive pour le banditisme. Le transfert de fonds devrait se faire dans des véhicules hautement blindés (20 tonnes), il devrait y avoir un dispositif de destruction de l’argent transporté et il faudrait définir un montant maximum.

Dérogation la nuit

Pour Luc Sergy, outre ces conditions posées, le secteur devrait obtenir une dérogation pour circuler la nuit entre 22h00 et 5h00. Actuellement, seules certaines branches, comme le transport de denrées périssables, ont le droit de circuler la nuit, car les camions de plus de 3,5 tonnes sont en principe interdits dans cette tranche horaire.

Pour le transfert d’argent liquide, cela ne représenterait que huit à dix véhicules au plan national alors qu’il y a déjà 1000 poids lourds sur les routes la nuit, explique M. Sergy. Si cette dérogation n’est pas accordée, le secteur préférerait une interdiction pure et simple du convoyage de fonds la nuit.

Mais dans ce cas, il faudrait compter avec des difficultés pour répondre aux besoins en argent liquide du marché. L’AESS a contacté l’Office fédéral des routes (OFROU) et envoyé une lettre à la cheffe du Département fédéral des transports Simonetta Sommaruga pour les sensibiliser au problème.

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