La croissance chinoise progresse au rythme le plus faible en 28 ans

AWP

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La hausse du PIB a été de +6,6% l’année dernière. Cette progression est au-dessus de l’objectif de +6,5% que s’était fixé le gouvernement.

La croissance de la Chine a ralenti tout au long de 2018, pour atteindre son plus faible niveau en 28 ans sur l’ensemble de l’année marquée des efforts de désendettement, des conflits commerciaux et une demande intérieure en baisse.

La hausse du Produit intérieur brut (PIB) a été de +6,6% l’année dernière, a annoncé lundi le Bureau national des Statistiques.

Cette progression est au-dessus de l’objectif de +6,5% que s’était fixé le gouvernement et conforme à la prévision médiane d’analystes interrogés par l’AFP.

Bien que proche de celle de 2016 (+6,7%) et à un niveau que les économies occidentales peuvent envier, elle est aussi la plus faible depuis la très mauvaise année 1990 (+3,9%) à laquelle avaient ensuite succédé des années de croissance à deux chiffres ou quasiment.

Et surtout, la décélération a été continue au fil des trimestres de l’année 2018 --6,8%, 6,7%, 6,5%, 6,4% -- jusqu’à atteindre le rythme le plus lent depuis 2009 marquée par la crise financière internationale.

«L’environnement extérieur est complexe et sévère. L’économie reste soumise à une pression à la baisse», a déclaré le directeur du BNS Ning Jizhe.

Le gouvernement a déjà pris acte de ces pressions et pris des mesures, comme des baisses d’impôts, pour relancer la machine économique. Pour lui, la priorité est à une croissance «stable».

La semaine dernière, le Premier ministre Li Keqiang, a ainsi indiqué que l’économie pouvait certes fluctuer «dans une fourchette raisonnable» mais pas «tomber à pic».

Néanmoins pour les analystes, il est improbable que la Chine se lance dans un grand plan de relance à coups d’investissements massifs comme elle l’a fait pendant la crise financière internationale -- qui a fait grimper en flèche son endettement.

Ses efforts de désendettement l’ont conduit par exemple à restreindre l’accès au crédit, avant de desserrer l’étau dans la deuxième moitié de 2018 pour relancer l’activité.

Stabilisation mi-2019?

Bon nombre d’économistes anticipent néanmoins une poursuite de la décélération, au moins début de 2019.

«Les responsables ont renforcé leur soutien politique en réponse au ralentissement de la dynamique nationale. Mais avec le taux de croissance du crédit au plus bas depuis plus de dix ans, l’économie ne se stabilisera pas avant le milieu de cette année», ont estimé dans une note les analystes de Capital Economics.

«Les principaux moteurs du ralentissement en cours en Chine sont intérieurs. Cela devrait rester le cas à court terme, alors que la confiance des consommateurs s’est affaiblie et que les entreprises ont réduit leurs dépenses en capital».

Les ventes de détail, reflet de la consommation en Chine, ont ralenti l’année dernière, à +9%, contre +10,2% en 2017. les investissements en capital fixe ont crû de 5,9% en glissement annuel contre 7,2% en 2017. La production industrielle a enregistré une croissance «lente mais stable», a souligné le BNS, progressant de 6,2% en 2018. Mais elle a perdu de l’élan les derniers mois de l’année, tombant sous les 6%. En décembre, elle a atteint 5,7%, après 5,4% en novembre.

Demande mondiale affaiblie

Et une composante essentielle de la richesse chinoise, le commerce, pâtit d’une demande extérieure qui faiblit et du conflit sino-américain.

«Les exportations chinoises devraient encore s’affaiblir au cours des prochains trimestres, la demande mondiale continuant de se modérer, même si le risque à la baisse d’une nouvelle escalade de la guerre commerciale a diminué», selon Capital Economics.

Cette guerre a notamment entamé la confiance des marchés, même si elle ne semble avoir pénalisé l’économie chinoise qu’en fin d’année. En décembre, les exportations chinoises, exprimées en dollars, ont reculé de 4,4%.

Certains exportateurs, anticipant l’entrée en vigueur en 2019 de nouvelles hausses de droits de douane aux États-Unis, avaient accéléré leurs expéditions, et le coût des premières surtaxes imposées par Washington a pu être absorbé par la dépréciation du yuan.

Les yeux restent toutefois rivés sur Washington et Pékin qui tentent depuis début décembre de résoudre leurs différends. Le négociateur en chef chinois, le vice-Premier ministre Liu He, doit se rendre à Washington les 30 et 31 janvier, un mois avant l’expiration de l’actuelle trêve décidée par les deux puissances.

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