La Banque du Japon opte pour le décalage face à la Fed et la BCE

AWP

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Mesures d’assouplissement monétaire maintenues. L’inflation se situe dans une fourchette de 0,5% à 1%, et non plus autour de 1%, signale la BoJ de Haruhiko Kuroda.

©Keystone

La Banque du Japon (BoJ) a reconnu vendredi la faiblesse de l’inflation, qui plafonne sous 1% dans l’archipel, cinq ans après le lancement de sa politique monétaire ultra-accommodante qui a jusqu’à présent échoué. Sans surprise, elle a donc reconduit ses mesures d’assouplissement monétaire, détonnant par rapport à la Fed et à la BCE qui normalisent progressivement leurs politiques.

«L’évolution des prix se situe dans une fourchette de 0,5% à 1%», et non plus autour de 1%, souligne la BoJ dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion de deux jours. L’objectif de 2%, qu’elle espérait initialement atteindre aux alentours de 2015, paraît très lointain, a noté un des neuf membres de l’institution qui a jugé nécessaire d’accentuer les efforts.

A l’occasion de cette réunion, la Banque du Japon devait se pencher sur les raisons de cette apathie. Les commentaires du gouverneur Haruhiko Kuroda, qui doit s’exprimer dans l’après-midi à Tokyo, seront donc suivis avec attention. La troisième économie du monde se trouve «en expansion modérée», a réaffirmé la BoJ.

L’économie nippone a montré récemment des signes de progrès, à la faveur de robustes exportations, alignant huit trimestres de croissance d’affilée, série d’une longueur inédite depuis la fin des années 1980. Mais le début d’année s’est révélé moins bon, le Produit intérieur brut (PIB) ayant reculé sur la période de janvier à mars.

Consommation des ménages poussive

La consommation des ménages reste poussive et les entreprises sont réticentes à investir et à augmenter significativement les salaires, hormis dans les secteurs souffrant le plus d’une pénurie de main-d’oeuvre. La banque centrale a maintenu, comme anticipé par les analystes, son massif programme de rachats obligataires, situé autour de quelque 80’000 milliards de yens par an (plus de 685 milliards de francs), en le modulant pour que le taux des obligations d’Etat à 10 ans tourne autour de 0%.

En réalité, le montant est actuellement bien en dessous de ce chiffre, mais la BoJ préfère ne pas enlever cette référence par peur de relancer les spéculations sur un resserrement monétaire. L’institut d’émission a aussi reconduit le taux d’intérêt négatif appliqué à certains dépôts de banques (-0,1%), mesure destinée à inciter les établissements financiers à allouer des prêts aux entreprises et aux consommateurs plutôt que de déposer leurs liquidités dans ses coffres.

Cette décision vient clore une semaine riche en rendez-vous monétaires. La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi l’abandon en fin d’année de ses rachats de dette. La Réserve fédérale américaine est-elle déjà très avancée dans sa normalisation: elle a relevé mercredi ses taux d’intérêt pour la deuxième fois de l’année.

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