Les tarifs d’assurance automobile et habitation sont attendus en nette hausse l’an prochain, reflet de l’inflation des coûts de réparation et d’une contribution obligatoire plus importante au régime d’indemnisation des catastrophes naturelles.
Le cabinet Addactis, dont les données ont été publiées mardi, table sur une augmentation moyenne de 6% des primes en assurance automobile à compter du 1er janvier prochain et de l’ordre de 8 à 10% en assurance habitation.
Les chiffres du cabinet spécialisé Facts & Figures, rendus publics la veille, sont dans la même veine: ils font état d’une hausse de 4 à 6% en automobile et de 10 à 12% en multirisques habitation.
«Ce n’est pas pour gagner plus d’argent», tranche d’emblée auprès de l’AFP le directeur général d’Aéma (qui chapeaute entre autres la Macif) Adrien Couret, «c’est pour suivre à grand peine l’augmentation de ce que l’on rembourse» pour les sinistres.
Pièces neuves et d’occasion en automobile, matériaux de construction en habitation, main d’oeuvre pour les deux: les différentes sources de référence font état d’une augmentation générale des coûts cette année.
Et les sinistres climatiques, dont des phénomènes de pluies intenses entraînant des débordements de rivières et des inondations dans le Nord, dans l’Est, en Charente-Maritime ou encore dans les Alpes, se sont multipliés cette année.
Cadeau de Noël
L’augmentation significative des tarifs en assurance habitation l’an prochain n’est pas une surprise: elle est publique depuis le 28 décembre 2023.
Un arrêté paru au Journal officiel expliquait alors que la surprime qui finance le régime des catastrophes naturelles sera augmentée de 12% à 20% pour les assurances habitation.
Cette hausse générale, applicable au 1er janvier 2025, vise à remettre à flot un système structurellement déficitaire et menacé par l’augmentation des maisons fissurées sous l’effet du retrait-gonflement des argiles (RGA).
Demandée par les professionnels et avalisée par les pouvoirs publics, cette hausse «représente une augmentation annuelle moyenne de 17 euros» pour un particulier, calcule la présidente de France assureurs Florence Lustman, jointe par l’AFP.
Cette hausse des tarifs attendue l’an prochain suit une année 2024 d’augmentation déjà significative pour les assurés.
Le comparateur Assurland estime ainsi que l’assurance habitation a déjà augmenté en moyenne de 7,2% cette année, du jamais vu depuis 2010, avec un prix moyen de contrat de 243 euros.
Risque de désertion
Derrière ces moyennes, constatées cette année et estimées pour le prochain, se cachent des disparités parfois importantes entre assureurs et types de contrats.
Certaines compagnies d’assurance pousseront probablement à +15% l’augmentation des tarifs de l’assurance multirisques habitation pour les maisons et pavillons, plus exposés au risque climatique que les appartements, estime le président de Facts & Figures, Cyrille Chartier-Kastler.
Pour autant, «la France n’est pas encore un pays où il y a un refus d’assurance significatif pour des raisons climatiques», souligne Adrien Couret, «mais il ne faut pas se leurrer, ça viendra».
«Il ne faut pas exclure des baisses de couverture et un désengagement plus massif des assureurs dans certaines zones jugées à risque», estime mardi dans une note Aurélien Vernet, directeur d’études chez Xerfi, citant en exemple le risque de submersion pour les communes du bord de mer du littoral normand.
Pour limiter les hausses de tarifs dans le futur, Florence Lustman en avant la prévention.
Hors Adrien Couret, aucun assureur interrogé par l’AFP n’a souhaité s’exprimer sur le sujet. Les compagnies envoient généralement en fin d’année les conditions tarifaires de l’année à venir.