France: la croissance passe le cap symbolique des 2%

AWP

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Dans une première estimation publiée fin janvier, l’Insee avait estimé à 1,9% le rythme de croissance enregistré en 2017. L’organisme public a revu ce chiffre à la hausse, à 2%.

Une première depuis six ans: la croissance a atteint l’an dernier le cap symbolique des 2% en France, à la faveur d’une accélération de l’investissement, de bon augure alors que la consommation montre des signes d’essoufflement.

Dans une première estimation publiée fin janvier, l’Insee avait estimé à 1,9% le rythme de croissance enregistré par l’économie tricolore en 2017. Mais mercredi, l’organisme public a revu ce chiffre à la hausse, à 2% tout rond.

En cause: un premier trimestre plus dynamique que prévu, avec 0,7% de croissance au lieu des 0,6% jusque-là annoncés – la hausse du PIB ayant par ailleurs été conforme aux attentes sur le reste de 2018, et notamment sur le dernier trimestre (+0,6%).

«L’économie française a connu l’année dernière une dynamique très positive», résume Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture chez Xerfi. «Sur le plan du symbole, le fait d’avoir franchi la barre des 2% de croissance est important», ajoute-t-il.

La France, de fait, n’avait pas connu une telle progression depuis le rebond d’après-crise, en 2011 (+2,1%). «Par rapport à 2016 (+1,1%, ndlr), on a pratiquement multiplié par deux le rythme de croissance», insiste M. Mirlicourtois.

Une bonne nouvelle pour le gouvernement, même si la France reste à la traîne de la zone euro, qui a connu en 2017 une croissance de 2,5%, du jamais vu depuis dix ans, selon l’Office européen de statistiques Eurostat.

Dans sa dernière loi de finances, l’exécutif avait parié sur une croissance de 1,7%. Mais le ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait laissé entendre début janvier que le résultat pourrait être supérieur aux attentes et «approcher les 2%».

forte demande

Selon l’Insee, ce chiffre a finalement été atteint à la faveur d’une accélération de l’investissement, qui a connu l’an dernier une dynamique record, tant du côté des entreprises (+4,4% après +3,4% en 2016) que des ménages (+5,4% après +2,4%).

La demande intérieure finale a elle aussi soutenu l’activité, avec une contribution de 1,9 point à la croissance annuelle, soit un niveau comparable à celui de 2016, les variations de stocks ayant pour leur part soutenu le PIB à hauteur de 0,4 point.

Dans ce contexte, la production a nettement accéléré (+2,4% après +0,9%), notamment dans l’industrie manufacturière (+2% après +0,8%) et le secteur agricole (+2,4% après -5,6%), confronté en 2016 à des conditions climatiques défavorables.

Cette dynamique a permis une bonne tenue des exportations, en hausse de 3,3%. Le solde commercial français a pour sa part continué de peser sur l’activité, mais moins qu’en 2016 (-0,3 point de PIB contre 0,8 point).

«nuage à l’horizon»

«L’environnement international est porteur. Cela a permis à l’économie française de retrouver des couleurs dans pratiquement tous les secteurs», souligne Philippe Waechter, économiste chez Natixis AM.

Cette dynamique est par ailleurs de bon augure pour l’année 2018, qui devrait bénéficier de l’élan de 2017. Selon l’Insee, l’»acquis de croissance» - c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l’activité stagnait d’ici à la fin de l’année - est d’ores et déjà de 0,9%.

De quoi compenser un éventuel contrecoup au niveau de la consommation, qui montre quelques signes d’essoufflement. En janvier, les dépenses en biens des ménages français se sont ainsi repliées de 1,9%, après avoir déjà reculé de 1,2% en décembre.

Et cette tendance négative pourrait se poursuivre: la confiance des ménages, calculée sur la base de soldes d’opinion, s’est ainsi nettement dégradée en février, en raison d’un regain de pessimisme sur le niveau de vie futur en France, selon l’Insee.

«Actuellement, c’est le principal nuage à l’horizon», observe M. Waechter. «Le moral des ménages a connu un pic au moment de l’élection d’Emmanuel Macron, mais depuis c’est retombé. C’est une source d’interrogation».

Un avis partagé par M. Mirlicourtois, qui invite à la «prudence» sur 2018. «Un retournement de tendance semble exclu. Mais au vu des dernières enquêtes de conjoncture, il est probable que la croissance plafonne cette année».

Selon l’OCDE, la croissance devrait atteindre cette année 1,8% en France. D’après le FMI, elle devrait s’élever à 1,9%. L’Insee, qui prévoit une hausse du PIB de 0,5% puis 0,4% au premier puis deuxième trimestre, publiera le 20 mars sa prévision annuelle.