Deliveroo choisit Londres pour son introduction en Bourse

AWP

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Deliveroo dévoile ce choix au lendemain de la publication d’un rapport commandé par le gouvernement plaidant pour un assouplissement des règles boursières de la City afin de répondre à la concurrence européenne après le Brexit.

La plateforme de livraison alimentaire Deliveroo a choisi Londres pour sa très attendue introduction en Bourse, au grand soulagement de la City qui est soumise à une forte concurrence européenne depuis le Brexit.

Deliveroo, connu pour son application permettant de commander des plats auprès de restaurants, ne précise pas jeudi dans son communiqué la date de l’opération.

Mais ce choix, annoncé au lendemain de la publication d’un rapport commandé par le gouvernement plaidant pour un assouplissement des règles boursières de la City, apporte une bouffée d’air frais à la place financière britannique face à des concurrents européens dynamisés par le Brexit.

Londres s’inquiète en effet de plus en plus de l’essor de places comme Amsterdam qui arrive à attirer de jeunes entreprises technologiques.

La ville néerlandaise a même supplanté en janvier pour la première fois Londres dans les échanges d’actions européennes.

Deliveroo explique qu’elle compte opter pour un système à deux types d’actions pour trois ans, afin que la direction conserve la main sur la stratégie tout en cédant une partie du capital.

La société observe que cette mesure est déjà en vigueur aux États-Unis, à Hong Kong et en Europe.

Ce mécanisme n’est pas encore en place à Londres pour les compartiments de marché les plus recherchés mais il s’agit de l’une des principales propositions du rapport de l’ancien commissaire européen aux services financiers Jonathan Hill, sur lequel va se pencher très vite le ministre des Finances Rishi Sunak.

Ce dernier, cité dans le communiqué, a d’ailleurs qualifié l’annonce du jour de «fantastique» et confirme vouloir lancer des «réformes pour encourager encore plus d’entreprises à forte croissance et dynamiques à se coter au Royaume-Uni».

Plusieurs sociétés dont l’activité a grimpé avec la pandémie se sont déjà introduites en Bourse depuis le début de l’année, comme le groupe de vente en ligne de cartes de voeux Moonpig et la célèbre marque de chaussures Dr Martens

Cette décision de Deliveroo de choisir le marché britannique n’est pas totalement une surprise puisque la société a été créée à Londres en 2013 par Will Shu, qui est également directeur général. Il a d’ailleurs été à l’époque le premier livreur dans le quartier de Chelsea, dans l’ouest de Londres.

Épaulée par Amazon

«Choisir Londres souligne l’engagement de Deliveroo à faire du Royaume-Uni sa résidence de long terme», selon le communiqué.

Deliveroo avait annoncé en janvier être désormais valorisé plus de 7 milliards de dollars après une nouvelle levée de fonds.

La société, dont le siège est à Londres, travaille avec 115.000 restaurants dans 800 villes dans le monde et compte sur 12 marchés quelque 100.000 livreurs, reconnaissables aux imposants sacs à dos verts qu’ils portent en sillonnant les rues à vélo.

Elle emploie 2.000 personnes dans le monde et s’est fait connaître en livrant des plats préparés, mais entend désormais se diversifier et livrer des courses alimentaires via des partenariats avec des supermarchés.

Les restrictions mises en place face à la pandémie ont fait grimper la demande pour ses services.

Deliveroo ne donne pas de chiffres précis mais indique que 2020 a été une année de croissance et qu’elle a été rentable pendant plus de six mois.

La société a même aiguisé l’appétit d’Amazon. En août dernier, l’autorité britannique de la concurrence a donné son feu vert à une prise de participation du géant du commerce à hauteur de 16% du capital de Deliveroo.

Sa croissance effrénée depuis des années s’est accompagnée toutefois d’interrogations sur ses pratiques sociales.

La société a souvent été montré du doigt du fait de la précarité des contrats de travail des livreurs, ce qui lui a valu un mouvement de protestation de ses coursiers en France et une condamnation en justice en Espagne.

Au Royaume-Uni, les livreurs attendent la décision de la Cour d’appel de Londres qui doit dire s’ils peuvent bénéficier d’une convention collective afin d’avoir de meilleures conditions de travail.

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