BCE: Yves Mersch pour limiter la réponse monétaire à la pandémie

AWP

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Le PEPP devra être «temporaire», et transférer ses caractéristiques au QE serait juridiquement «très curieux», estime le membre du directoire.

La Banque centrale européenne devra se limiter à gérer les effets économiques de la pandémie, a déclaré mercredi un membre de son directoire, où un fossé semble se creuser sur l’ampleur de la réponse à apporter au coronavirus.

En lançant en mars dernier un programme d’urgence via des rachats de dette sur le marché pour contrer les effets économiques de la pandémie, la BCE a pu s’affranchir de «contraintes auto-imposées» et valant sur d’autres programmes de rachats plus anciens, «compte tenu de (la) menace exceptionnelle» du moment, explique Yves Mersch, siégeant au directoire, dans une interview avec l’agence Bloomberg.

Ce dispositif désigné par l’acronyme «PEPP» et désormais lourd de 1’350 milliards d’euros devra être «temporaire», aussi transférer ses caractéristiques au programme d’achat d’actifs de la banque lancé en 2015 et qui perdure, le fameux «QE», serait juridiquement «très curieux», déclare-t-il.

Ces propos contrastent avec ceux d’un autre membre de l’organe exécutif de la banque centrale, l’Italien Fabio Panetta, qui estimait mardi que les «risques d’une réaction excessive (en termes de) politique (monétaire) sont beaucoup plus faibles que les risques d’une politique trop lente ou trop timide pour réagir» face aux «pires scénarios» pouvant se matérialiser.

M. Mersch, qui quittera la BCE en décembre, prend de fait ses distances après un article du Financial Times du week-end dernier rapportant que la BCE réfléchit à la manière de transférer les attributs du PEPP aux programmes de rachats de dette lancés depuis 2015.

Au sein du «QE», les rachats de dette publique se font en fonction du poids de chaque pays membre dans le capital de la BCE, pour ne pas donner l’impression de verser dans le financement monétaire d’Etat, interdit par le Traité.

Le PEPP n’a pas à respecter cette contrainte, aidant ainsi à ce que des écarts importants ne se créent pas entre les rendements d’obligations souveraines en zone euro, l’Allemagne servant de référence.

En changeant les règles du jeu de ses rachats d’actifs sur le long terme, la BCE risquerait de se retrouver à nouveau dans la ligne de mire de la Cour constitutionnelle allemande.

Les juges de Karlsruhe avaient menacé au printemps d’empêcher la banque centrale d’Allemagne de participer au QE par la BCE, faute d’une justification suffisante de cette dernière.

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