Les marchés mondiaux digèrent lundi la rétrogradation de la note de la dette des États-Unis par l’agence Moody’s, qui met en évidence l’endettement de la première puissance économique mondiale.
Pour la toute première fois, l’agence de notation a retiré vendredi soir à la dette américaine sa note maximale de AAA et l’a abaissée à AA1, avec perspective stable.
«Les marchés ont eu une réaction épidermique, car cette annonce met en exergue un certain nombre de problèmes concernant la trajectoire des déficits américains», explique Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.
Les taux d’intérêt américain à dix ans ont fortement grimpé, atteignant 4,56%, contre 4,48% vendredi en clôture, avant de se stabiliser à 4,50% vers 15H50 GMT. Sur trente ans, ils ont dépassé le seuil symbolique des 5%, évoluant à des plus hauts niveaux depuis 2023.
Après avoir digéré le rapport de Moody’s, ce qui a fait grimper les taux, les investisseurs ont finalement «profité de ces rendements élevés pour revenir sur ces actifs», ce qui a desserré la pression, selon Aurélien Buffault, directeur de gestion obligataire chez Delubac.
«Mais le défi reste entier. Il faudra financer la dette et les baisses d’impôts, alors que les marchés anticipent un ralentissement économique qui réduira les entrées fiscales» et «les droits de douane ne permettront pas de combler», a-t-il ajouté.
Le dollar souffre toujours de ces perspectives. Vers 15H50 GMT, le billet vert reculait de 0,78% par rapport à l’euro, à 1,1251 dollar pour un euro.
Du côté des actions, Wall Street évoluait aussi dans le rouge: le S&P 500 baissait de 0,28%, le Nasdaq de 0,47% et le Dow Jones restait stable (-0,09%).
Moody’s a justifié sa décision par la hausse de l’endettement des États-Unis et de son coût pour le budget fédéral, disant s’attendre au cours de la prochaine décennie à «des déficits encore plus importants».
Ce rapport remet en question «la proposition de loi budgétaire actuellement discutée» au Congrès américain, qui doit concrétiser la prolongation de crédits d’impôt et de nouvelles baisses de taxes, selon Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
Selon une commission indépendante du Congrès américain, ces mesures entraîneraient une hausse de plus de 4800 milliards de dollars du déficit de l’Etat fédéral au cours de la prochaine décennie.
«En bref, Moody’s a ravivé les inquiétudes quant à la discipline budgétaire des États-Unis», résume Fawad Razaqzada, analyste de City Index.
En Europe, les indices ont terminé sans impulsion, dominés, eux aussi, par ces interrogations. Paris est resté immobile (-0,04%), Londres a grappillé 0,17% et Milan a cédé 1,20%. A Zurich, le SMI a gagné 0,18%.
Seul Francfort a surnagé, gagnant 0,70%, après avoir dépassé, avec 23’935,09 points, son précédent record en séance, atteint le 12 mai dernier.
«Les valeurs allemandes profitent de l’optimisme des marchés concernant l’arrivée du nouveau chancelier Friedrich Merz et de ses projets de dépenses budgétaires massives», selon M. Baradez.
Ryanair en hausse
La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a terminé en hausse de 4,77% à 23,48 euros, après avoir annoncé un bénéfice annuel en baisse de 16%, à 1,61 milliard d’euros, pour son exercice décalé achevé fin mars, après avoir dû baisser ses prix pour remplir ses avions.
Novavax s’envole
A Wall Street, le laboratoire Novavax s’envolait (+17,55% à 7,91 dollars vers 16H50 GMT) à la suite de l’autorisation complète par l’Agence américaine du médicament (FDA) d’un vaccin contre le Covid-19.
L’or en hausse
L’or grimpait de 0,99% à 3.235 dollars l’once vers 15H50 GMT, soutenu par les inquiétudes sur la dette américaine et par une demande accrue en Asie, notamment en Chine et en Inde, où les investisseurs cherchent à se prémunir contre les incertitudes.
Côté pétrole, le prix du baril de WTI américain restait stable (-0,06%) à 62,45 dollars et celui du Brent de la mer du Nord reculait de 0,23% à 65,26 dollars.
Le bitcoin cédait 1,52% à 104’335 dollars.