Evoluant dans le vert en début de séance, les cours du pétrole ont finalement reculé mardi alors que les craintes sur la demande ont supplanté la prime de risque géopolitique.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, a perdu 0,72% à 70,56 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en avril, a reculé de 1,01% à 66,90 dollars.
«Ce revirement est le résultat de l’inquiétude persistante des opérateurs quant à l’impact des droits de douane, en particulier à l’approche du 2 avril», commente auprès de l’AFP Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
«Le sentiment général du marché est celui d’une destruction de la demande en raison de la politique économique de Donald Trump, principalement en ce qui concerne les droits de douane», abonde Robert Yawger, de Mizuho USA.
Le président américain Donald Trump a annoncé début mars la mise en place à compter du 2 avril de ces droits de douane dits «réciproques», qui doivent s’inscrire dans la durée.
Ces droits de douane visent à taxer les produits provenant d’un pays et entrant aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains entrant dans ledit pays.
Si les surtaxes et les sanctions peuvent soutenir les prix du pétrole à court terme, «lorsqu’ils freinent la croissance, ils impactent également la demande de pétrole» et donc les prix, avait déjà expliqué Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management.
Parallèlement, les opérateurs ont suivi de près mardi la conversation téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Les deux dirigeants se sont accordés mardi sur une trêve limitée aux infrastructures énergétiques mais leur conversation téléphonique très attendue s’est conclue sans percée majeure en vue d’un véritable accord de cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine.
Plus tôt dans la journée, les prix du pétrole avaient progressé sous l’effet des frappes militaires israéliennes à Gaza et des tensions en mer Rouge, qui ont fait craindre des perturbations de l’approvisionnement de brut et de nouvelles sanctions américaines contre le pétrole iranien
Israël a promis mardi de poursuivre l’offensive à Gaza jusqu’au retour de tous les otages, après avoir mené dans la nuit les frappes les plus intenses depuis le début de la trêve le 19 janvier. Ces attaques ont fait au moins 330 morts, en majorité des enfants et des femmes, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Le marché craint que le conflit «se propage» dans la région, souligne John Evans, analyste chez PVM Energy, ce qui affecterait l’approvisionnement en or noir.
Les Houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, ont de leur côté revendiqué mardi leur troisième attaque en 48 heures contre des navires de guerre américains, malgré les frappes des Etats-Unis à leur encontre ce week-end.
Donald Trump a déclaré lundi sur sa plateforme Truth Social que l’Iran serait désormais «tenu pour responsable» de «chaque coup de feu» des Houthis «et en subira les conséquences», lesquelles seront «terribles».
Toutefois, «la politique économique (de Donald Trump)», et ses conséquences sur les prix, «dépassent toutes les préoccupations concernant l’offre aujourd’hui», résume M. Yawger.