L’année économique et financière 2017 vue par EMC

Olivier Rigot, EMC Gestion de Fortune

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L’année 2017 peut être caractérisée comme étant la première année de sortie de la longue période de déflation globale et a été marquée par une reprise économique synchronisée entre les grandes économies mondiales.

Dans nos rapports économiques et financiers de ces dernières années, nous avions abondamment commenté la période de déflation globale dans laquelle nos économies étaient entrées depuis la grande crise de 2008. L’année 2017 peut être caractérisée comme étant la première année de sortie de cette longue période et a été marquée par une reprise économique synchronisée entre les grandes économies mondiales. Les indicateurs avancés que nous suivons attentivement, tels que les indices des intentions des directeurs d’achat des entreprises, mettaient en évidence, dès l’automne 2016, cette tendance que nous avions évoquée dans notre rapport daté du mois de janvier 2017. Tout au long de l’année, cette reprise modérée s’est confirmée globalement.

RETOUR D’UNE VOLATILITÉ BASSE EN 2017

Dans cette situation de tensions apaisées, la volatilité des marchés financiers a été très basse, contrastant avec les années précédentes. Autant l’année 2016 s’était inscrite dans un contexte d’événements politiques, aux résultats inattendus, qui s’étaient succédé à un rythme rapide (le référendum sur le Brexit, l’élection présidentielle américaine et le référendum sur la modernisation des institutions politiques en Italie), autant l’année 2017 a été calme sur ce plan-là.

INVESTISSEURS RASSURÉS SUR LA PÉRENNITÉ DE L’UE

Le risque de voir accéder au plus haut niveau de l’Etat des mouvements populistes, particulièrement en Europe, a été démenti dans les urnes. L’élection de Monsieur Emmanuel Macron en France a réconforté les investisseurs sur la pérennité de l’Union européenne et la reprise de l’euro sur le marché des changes en a été la confirmation. Les banques centrales ont continué globalement de conduire des politiques monétaires expansives destinées à soutenir la reprise économique en cours alors que la Banque centrale américaine, en avance sur le cycle de resserrement monétaire, a poursuivi sa politique de petits pas en matière de hausse des taux d’intérêt.

Les cours des matières premières se sont redressés
durant l’année, emmenés par le cuivre et le pétrole.

Dans ce contexte, les cours des matières premières se sont redressés durant l’année, emmenés par le cuivre et le pétrole. Dans un environnement de faible inflation, les taux d’intérêt sont restés relativement stables sur les grands marchés financiers internationaux et le cours des obligations a faiblement varié durant l’année. Dans ce cadre, les obligations demeurent peu attrayantes pour les investisseurs à la recherche de rendement. Selon les dernières estimations du Fonds Monétaire International, la croissance économique mondiale s’est inscrite en progression de 3,6% l’année passée. Pour cette année, l’institution prévoit une croissance du même ordre. L’année 2017 aura aussi été caractérisée par l’engouement des investisseurs pour les crypto-monnaies qui a donné lieu à des spéculations effrénées sur le Bitcoin, la plus emblématique de toutes ces monnaies virtuelles. On en compte, à ce jour, plus de 1300 et il en naît quasiment une par jour. Nous invitons nos lecteurs à se référer à notre analyse du mois d’août sur le sujet et qui est disponible sur notre site internet: www.emcge.com.

PROGRESSION PAR PALIERS DES MARCHÉS BOURSIERS

Dans ce cadre de moindre perception du risque et de faible volatilité, les marchés boursiers ont progressé par palier au cours de l’année, favorisant les moyennes capitalisations en bourse et surtout les valeurs technologiques. L’indice mondial des actions MSCI World a clôturé l’année en hausse de 20,1% en dollars mais, calculé en francs suisses et en euro, en raison de la faiblesse du dollar US, la performance s’inscrit respectivement à 15% et à 5,4%. Il est important de préciser que l’Amérique du Nord représente désormais près de 65% de la capitalisation boursière mondiale selon l’indice MSCI World. La bourse suisse, mesurée par l’évolution de l’indice SMI, a progressé de 14,1%. Les marchés européens, après avoir démarré l’année en fanfare, ont souffert, au cours du deuxième semestre, de l’appréciation de l’euro contre toutes monnaies, pénalisant en conséquence les secteurs d’exportation. L’indice Euro Stoxx 50 a enregistré une performance de 6,5% alors qu’en francs suisses, la progression a été supérieure grâce à l’appréciation de l’euro et s’est traduite finalement par une avancée de 16,2%.

L’indice S&P 500 a battu records sur records
et a clôturé en hausse de 19,4% en USD,
mais de 14,3%, ramenée en CHF

Parmi les grands marchés, les bourses américaines ont mené la danse: l’indice S&P 500 a battu records sur records et a clôturé en hausse de 19,4 % en USD, mais de 14,3%, ramenée en CHF; l’indice Nasdaq Composite des valeurs technologiques s’est illustré avec une performance de 28,2% en USD et de 22,7% en CHF. L’indice japonais Nikkei a bondi, une fois n’est pas coutume, de 19,1% en JPY et de 18,1% en CHF. Les marchés liés au cycle des matières premières, comme l’Australie, le Canada ou la Russie, ont enregistré des performances étonnamment modestes. Par contre, les marchés émergents, mesurés par l’indice MSCI Emerging Markets, se sont appréciés de 34,4% en USD et de 28,6% en CHF. Ils ont bénéficié du dollar faible, des liquidités abondantes et de la propension des investisseurs à prendre du risque. Après avoir été chahutée en 2016, la bourse chinoise (indice Shanghai Shenzhen CSI 300) s’est distinguée avec une progression de 21,8% en CNY et de 24,3% en CHF. L’indice Hang Seng de Hong Kong a également progressé de 36,0% en HKD et de 29,2% en CHF.

L’OBLIGATAIRE A BÉNÉFICIÉ D’UNE FAIBLE INFLATION

Les marchés obligataires ont évolué latéralement, bénéficiant d’une faible inflation et de l’intervention de la Banque centrale européenne (BCE) dans le cadre de sa politique d’assouplissement quantitatif. En conséquence, il n’est pas rare de trouver sur le marché des obligations souveraines ou des placements monétaires à court terme qui cotent sur la base de rendements négatifs. A titre d’exemple, le rendement sur les obligations à 10 ans de la Confédération suisse a continué d’évoluer tout au long de l’année en territoire légèrement négatif pour clôturer l’année à – 0,2%. On peut se poser la question de savoir si le monde bancaire et financier pourra longtemps s’accommoder de taux d’intérêt négatifs, négation par essence des métiers de l’intermédiation financière.

La communauté financière s’attendait au début de l’année
à une appréciation du dollar. Alors qu’en définitive, c’est l’euro
qui s’est sensiblement apprécié.

Les marchés des devises, reflet des rapports des forces économiques et financières entre les pays, ont à nouveau réservé des surprises. La communauté financière s’attendait au début de l’année à une appréciation du dollar contre la plupart des monnaies alors qu’en définitive, c’est l’euro qui s’est sensiblement apprécié dans un contexte politique apaisé en Europe. Comme nous l’avons évoqué en introduction, les devises des marchés émergents ont enregistré des fluctuations importantes, à l’image de la livre turque, du peso mexicain ou du rand sud-africain. Le franc suisse s’est finalement déprécié de 8,3% contre l’euro alors que le dollar aura baissé de 4,5% contre notre devise. Quant à l’euro, conséquence de la reprise économique et de la confiance retrouvée en Europe, il se sera apprécié de 12,3% contre le dollar.

RÉÉQUILIBRAGE DE L’OFFRE SUR LES COMMODITIES

Les marchés des matières premières et particulièrement ceux liés à l’énergie ont, quant à eux, poursuivi leur progression durant l’année dans un contexte de reprise de la demande mondiale, permettant à l’offre qui avait été surabondante ces dernières années de s’équilibrer. Nous rappellerons la situation de guerre des prix dans le pétrole qui avait prévalu ces dernières années, exacerbée par l’OPEP qui cherchait à maintenir ses parts de marché historiques dans un contexte de montée en puissance du pétrole et gaz de schiste en Amérique du Nord. L’indice composite CRB Commodity Index (libellé en US dollar), représentatif de l’évolution du cours des matières premières, s’est inscrit en hausse de 0,7% sur l’année. Le cours du pétrole brut (crude oil WTI), lui aussi libellé en US dollar, a clôturé à USD 60,4 le baril, en progression de 12,5% sur l’année, après avoir subi une baisse de près de 20% au début de l’été. La demande pour les métaux de base tels que le zinc ou le cuivre a fortement repris, reflet de la croissance économique mondiale. Enfin, le cours de l’or n’a pas joué son rôle de valeur refuge en 2017 dans le contexte apaisé que nous avons évoqué précédemment, mais s’est tout de même apprécié de 13,1% en USD alors qu’en francs suisses, il a progressé de 8,2%. L’argent métal a suivi la même tendance, stagnant autour des 17 dollars l’once, en hausse de 7,4% en USD et de 2,8% en CHF.

 

Ce bilan 2017 est associé aux Perspectives 2018 d’EMC.

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