Le groupe V-ZUG, qui emploie plus de 2000 personnes et a enregistré un chiffre d’affaires net de 585,4 millions en 2023, affiche aujourd’hui une valeur boursière d’environ 300 millions de francs. L’action du fabricant d’appareils d’électroménager (réfrigérateur, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, etc.) haut de gamme a reculé d’environ 30% cette année. Pourtant, la marque V-ZUG croît fortement à l’international et légèrement sur le marché suisse, avec une amélioration de la rentabilité à la clef. Le point avec Peter Spirig, le CEO de V-ZUG.
L’action V-Zug avait clôturé à 78 francs lors du premier jour de cotation à la Bourse suite au spin-off effectué en juin 2020. Le cours se situe aujourd’hui en dessous de 50 francs. C’est sans doute trop bas…
Si vous examinez le bilan, la valeur boursière actuelle s’avère sensiblement inférieure aux fonds propres publiés à fin juin 2024, de 474 millions de francs, et des actifs immobilisés (352 millions). Or ceux-ci sont modernisés et permettront au groupe V-ZUG d’augmenter considérablement son efficience et sa productivité ces prochaines années.
Le coeur de la nouvelle production verticale à Zoug, avec le bâtiment «Zephyr Ost», a été achevé au premier trimestre 2024. Avec une simplification à la clef; d’ici 2026, nos différentes lignes de produits pour le soin textile (lave-linge et sèche-linge) seront fabriquées chacune sur une seule platefeforme. C’est déjà le cas avec les fours et les réfrigérateurs.
L’entreprise est dénuée de dettes financières et son programme d’investissements dans la production à Zoug se déroule conformément à ce qui est prévu. Nous récolterons pleinement les fruits de notre transformation stratégique en cours à partir de 2025/26. Il ne reste plus qu’à investir dans notre nouveau bâtiment pour le développement et l’administration, pour un montant d’environ 110 millions de francs au total. Cet investissement sera réalisé entre 2025 et 2027.
En quoi consiste cette transformation plus précisément?
Outre la modernisation de la production à Zoug et à Sulgen (dans le canton de Thurgovie, nouveau site inauguré en 2022), notre transformation comprend le renforcement de la marque V-ZUG, le rajeunissement et l’évolution du portefeuille de produits, la digitalisation (produits, plateformes, processus) et la différenciation qui conduisent à une hausse des ventes sur tous les marchés.
«Si vous examinez le bilan, la valeur boursière actuelle s’avère sensiblement inférieure aux fonds propre».
Pourrez-vous en particulier atteindre une marge d’exploitation (EBIT) d’au moins 10%?
Nous avons communiqué que c’est un objectif réaliste à moyen terme. Une plus grande efficience, des gains de productivité, une discipline en matière de fixation de prix de vente (pricing), une amélioration progressive de la situation des marchés, l’innovation et une qualité supérieure doivent permettre à V-ZUG d’y parvenir. En étant un acteur établi dans le segment haut de gamme, tant en Suisse que sur des marchés choisis à l’international.
V-ZUG réduit la complexité et simplifie ses opérations en étant plus agile, en éliminant les coûts inutiles et en ayant une meilleure exécution, en particulier avec une automation des processus de «back-office», une plus grande efficience de la recherche et développement ainsi qu’une amélioration continue des efforts de marketing et vente.
L’autre objectif – la distribution du bénéfice de l’ordre de 20% à 40% (payout ratio) – sera atteint plus tôt: possiblement déjà pour l’exercice 2024.
N’est-ce pas trop optimiste au vu de la rentabilité et des objectifs en matière de marge d’exploitation de concurrents tels qu’Electrolux notamment?
V-ZUG n’a pas d’autre choix que d’affirmer sa différenciation avec, en filigrane, une proposition de vente unique axées sur la durabilité: qualité, responsabilité environnementale, longévité des produits, design intemporel et service supérieurs à ceux de la concurrence. Les entreprises clairement positionnées réalisent une marge plus élevée.
Qu’en est-il des objectifs de croissance?
Une croissance organique de 2% à 3% par an en moyenne, dont une croissance supérieure à 10% à l’international, sans détérioration majeure de l’économie. Le renforcement de la marque V-ZUG, qui utilise son ADN de base, le «swiss made», et son internationalisation croissante sont deux vecteurs essentiels à cet effet.
Un accent particulier est mis sur l’interaction avec les clients, notamment au travers de l’ouverture de nombreux studios V-ZUG et la refonte de tous les points de contact numériques.
«L’objectif de distribution d’un dividende sera atteint plus tôt: sans doute déjà pour l’exercice 2024».
La situation de la conjoncture le permettra-t-elle?
La situation de la chaîne d’approvisionnement est redevenue normale. En Suisse, le niveau d’activité de rénovation s’améliore, alors que celle de remplacement est stable à un bon niveau et que les nouvelles constructions manquent encore de vitalité.
Par ailleurs, l’internationalisation de la marque V-ZUG, notamment sur des marchés d’Asie-Pacifique comme l’Australie, Singapour ou la Chine, comporte un gros potentiel de croissance. Les chiffres atteints au premier semestre le démontrent.
Comment croître sur le marché Suisse qui représente un peu plus de 80% de vos ventes?
En renforçant la marque V-ZUG, nos relations avec des partenaires clés ainsi que notre réseau de services et la proximité avec les clients finaux. Par ailleurs, nous promouvons une gamme de produits plus simples et complémentaires mais tout aussi robustes, qui peut nous permettre de convaincre des caisses de pension, des gérants de fonds immobiliers et des entrepreneurs généraux à choisir V-ZUG plutôt qu’une marque concurrente.
Nous accordons une grande importante à la qualité du service. Nous voulons affirmer notre réputation d’excellence, en étant les plus rapides, avec un délai de moins de 3 jours et en ayant un taux de réussite de 90% lors de la première visite d’un technicien. Un défi réside cependant dans le manque de personnel.
SibirGroup, notre filiale qui a une organisation unique de service de réparation toutes marques sur l’ensemble du territoire suisse, complète notre organisaton de service V-ZUG.
Prévoyez-vous encore de nouvelles implantations?
Nous examinons une pénétration des marchés d’Amérique du Nord et des Emirats arabes avec notre propre marque. Nous avons d’ailleurs continué à renforcer notre présence en 2024 sur les marchés à l’international, notamment à Berlin, Hambourg, Milan et Sydney au moyen de notre propre organisation de vente et de service.
Nous poursuivons pas à pas notre internationalisation en nous concentrant sur des régions métropolitaines riches. La marque V-ZUG a enregistré une croissance de 18,5% des ventes et une hausse de 20% des ventes plus carnet de de commandes au 1er semestre. Cette dynamique se poursuit.
Une normalisation des investissements (capex) aura-t-elle lieu dès 2028?
Ils se situeront en dessous des amortissements, c’est-à-dire 30 à 35 millions de francs par an. Nos capacités actuelles de production nous permettront de croître sans investissements additionnels.
Quel est le degré de production en Suisse pour le groupe?
80% de nos appareils sont fabriqués en Suisse, à Zoug et à Sulgen. Les tables de cuisson et les hottes d’aspiration proviennent respectivement du Tyrol du Nord en Autriche et du Nord de l’Italie.
Pouvez-vous encore augmenter les prix de vente dans un marché très concurrentiel?
Notre stratégie en matière de pricing est encore perfectible. En faisant preuve de discipline avant d’accorder trop rapidement un rabais, par exemple. Et tout en analysant soigneusement l’élasticité prix ou la sensibilité de la demande à la variation du prix, pour nos différentes gammes de produits.